STARLUX Airlines, compagnie taïwanaise relativement jeune, vient de confirmer l’acquisition de dix nouveaux Airbus A350-1000. Cette annonce, faite au salon du Bourget, porte à 40 le nombre d’appareils A350 commandés par la compagnie, dont plusieurs versions cargo (A350F) et long-courrier.
Derrière cet achat, ce n’est pas seulement un mouvement commercial : c’est un indicateur d’évolution technique, énergétique et opérationnelle dans le domaine de l’aviation long-courrier.
Un aéronef optimisé pour le rendement énergétique
L’Airbus A350-1000 n’est pas qu’un prolongement de la famille A350. Il incarne une série d’optimisations :
- Une capacité d’emport accrue (jusqu’à 410 passagers en configuration typique),
- Une distance franchissable de 9 700 milles nautiques, soit environ 18 000 kilomètres,
- Un fuselage allongé pour répondre aux besoins des compagnies sur les axes intercontinentaux.
Mais le cœur technologique réside surtout dans la propulsion. Le moteur Rolls-Royce Trent XWB-97, spécialement développé pour cette version, permet de réduire la consommation de carburant de 25 % par rapport à la génération précédente. Ce chiffre ne vient pas d’une extrapolation : il provient de mesures directes sur la base de l’indice de consommation spécifique corrigée (TSFC).
Ce gain énergétique se traduit également par une réduction proportionnelle des émissions de CO₂, ce qui, dans un contexte de pressions réglementaires croissantes, représente un levier stratégique pour les compagnies.
Un appareil conçu pour l’aviation de demain
Chaque exemplaire de l’A350 est déjà certifié pour voler avec jusqu’à 50 % de carburant d’aviation durable (SAF). Il s’agit principalement de biocarburants de seconde génération (HEFA-SPK ou FT-SPK) produits à partir de résidus, donc sans impact sur les surfaces agricoles vivrières.
Airbus s’est engagé à rendre toute sa flotte compatible à 100 % SAF d’ici 2030, ce qui implique une adaptation fine des systèmes d’injection, des tolérances thermiques des chambres de combustion, mais aussi des chaînes logistiques.
Cela signifie que ces appareils sont conçus non seulement pour voler longtemps, mais aussi pour rester en ligne avec les trajectoires de décarbonation de l’aviation, notamment celles fixées par l’IATA (–50 % d’émissions nettes en 2050 par rapport à 2005).
Une structure composite pensée pour la performance
La cellule de l’A350 repose sur une architecture hybride en composites carbone, aluminium-lithium et titane. L’usage intensif du plastique renforcé de fibres de carbone (CFRP) concerne notamment 53 % de la cellule. Ce matériau présente plusieurs avantages pour un usage aéronautique :
- Un meilleur rapport résistance/masse qu’un alliage métallique classique,
- Une résistance à la corrosion, qui diminue les besoins de maintenance,
- Une souplesse de conception permettant d’optimiser les courbures aérodynamiques (en particulier sur les ailes à envergure variable).
Ce choix de matériaux a un impact mesurable sur la traînée induite, et donc sur le bilan carburant sur les longues distances.
Un cockpit pensé pour la rationalisation des opérations
L’A350 est également un exemple de modernisation du poste de pilotage. Il embarque un système de vision tête haute (HUD) en double, des écrans LCD multiparamétriques reconfigurables, ainsi qu’un système de surveillance de trajectoire en temps réel.
Le logiciel embarqué, dérivé du système Airbus FMS2, permet une gestion optimisée des profils de descente, un contournement actif des zones météorologiques hostiles, et une intégration continue des données ATM (air traffic management) en temps réel.
En vol, ces fonctionnalités permettent de gagner de l’ordre de 1 à 2 % sur la consommation totale, ce qui est significatif à l’échelle de plusieurs milliers d’heures annuelles.
Une modularité adaptée aux stratégies intercontinentales
Pour une compagnie comme STARLUX, positionnée sur des axes long-courriers premium (notamment vers les États-Unis), le choix du A350-1000 ne relève pas uniquement d’une performance technique.
L’appareil est configurable en plusieurs classes, avec un rapport volume/capacité favorable à l’installation de suites ou de business beds. L’écartement du fuselage autorise des aménagements intérieurs haut de gamme, sans compromis sur le rendement par mètre carré.
Cela permet de maximiser le revenu par siège sur des trajets où la classe affaires constitue le levier de rentabilité.
Une adoption mondiale révélatrice
Avec plus de 1 390 commandes fermes et 650 appareils déjà livrés, la famille A350 s’impose comme la référence actuelle du segment long-courrier. Le fait que 38 compagnies l’utilisent déjà, souvent en remplacement de modèles quadriréacteurs plus anciens (Boeing 747, A340), illustre une transition sectorielle vers des avions bi-réacteurs à très long rayon d’action.
C’est aussi la confirmation que la combinaison :
poids optimisé + motorisation efficiente + aérodynamique active + cockpit intégré + compatibilité SAF constitue aujourd’hui l’aboutissement des efforts conjoints en R&D chez les grands avionneurs.
Cette commande de STARLUX en est un exemple concret, chiffré, opérationnel.