La rage reste une zoonose à déclaration obligatoire dans de nombreux pays. Si la France est déclarée indemne depuis 2001, cette situation reste fragile. La source principale d’introduction sur le territoire est liée à des animaux de compagnie, souvent des chiens, importés illégalement ou introduits sans respecter les protocoles sanitaires.
Le virus rabique est un lyssavirus à tropisme neurotrope. Une fois les premiers signes neurologiques apparus, l’issue est invariablement létale. Aucun traitement curatif n’existe. L’urgence réside dans la prévention, et le ministère en charge de l’agriculture renouvelle chaque année sa campagne estivale de sensibilisation.
Un virus discret, mais implacable dès qu’il s’installe
Le virus progresse silencieusement depuis le site d’inoculation vers le système nerveux central, via les nerfs périphériques. Cette période d’incubation, très variable (de quelques semaines à plusieurs mois), complique le diagnostic différentiel.
La rage se manifeste ensuite sous deux formes cliniques chez les mammifères :
- Une forme dite furieuse, marquée par une agitation extrême, une hypersensibilité et des troubles de la déglutition.
- Une forme dite paralytique, insidieuse, avec paralysie progressive jusqu’à la mort.
La confirmation virologique post-mortem repose sur l’analyse du cerveau, selon les techniques directes (immunofluorescence) et indirectes (isolement viral, PCR).

Des recommandations préventives strictes mais souvent méconnues
Pour prévenir l’introduction du virus, le ministère rappelle des règles élémentaires, encore trop souvent ignorées, y compris par des professionnels en contact avec les voyageurs :
- L’identification électronique de l’animal est obligatoire. Le transpondeur doit précéder toute vaccination.
- Le vaccin antirabique est exigé, notamment pour toute sortie de territoire.
- Certains pays imposent un titrage sérique, prouvant l’efficacité de la vaccination avant d’autoriser le retour de l’animal.
- Les délais d’anticipation peuvent aller jusqu’à 4 mois. Cela inclut la primo-vaccination, le titrage, et les périodes d’attente règlementaires.
Tout manquement expose à des poursuites, voire à une euthanasie administrative de l’animal à l’entrée sur le territoire.
L’adoption d’un animal à l’étranger : une décision sous haute surveillance
Les cas les plus préoccupants sont souvent liés à une adoption impulsive d’un chiot à l’étranger. Le circuit émotionnel l’emporte sur la logique sanitaire.
Or, tout animal provenant d’un pays non indemne est soumis à des conditions d’importation très strictes. Un certificat sanitaire valide, une identification antérieure à la vaccination, et un titrage d’anticorps sont requis. En l’absence de ces pièces, l’animal est refoulé ou euthanasié.
Il est donc impératif de consulter les services vétérinaires compétents (DDPP) ou les ambassades françaises avant toute démarche.
Pourquoi même sans animal, le risque vous concerne
La campagne 2025 élargit sa cible : même un voyageur sans animal de compagnie peut contribuer, involontairement, à une chaîne de transmission.
Un simple contact avec un animal errant – chien, chat, singe – dans une zone endémique peut suffire. Une morsure, une griffure, voire un léchage de plaie suffit à transmettre le virus.
En cas de contact suspect, il faut immédiatement laver la plaie à l’eau et au savon pendant 15 minutes, puis consulter une autorité sanitaire locale. Le schéma de prophylaxie post-exposition sera décidé en fonction du risque.
Une réalité épidémiologique mondiale toujours active
Selon l’OMS, une personne meurt de la rage toutes les dix minutes. La majorité des cas sont recensés en Asie et en Afrique, avec une prédominance des transmissions via des chiens errants.
La rage reste l’un des exemples les plus frappants de maladie évitable par la vaccination, mais encore meurtrière faute de mesures prophylactiques adéquates.
Les messages portés par la campagne française s’inscrivent donc dans une dynamique de santé publique globale, en cohérence avec l’approche One Health : relier santé animale, santé humaine et environnement.
Pour en savoir plus : https://agriculture.gouv.fr/gare-la-rage-le-ministere-de-lagriculture-et-de-la-souverainete-alimentaire-renouvelle-sa-campagne