Le 9 juillet 2025 n’a pas compté pas 86 400 secondes comme un jour ordinaire. Mercredi, notre planète a vécu l’un des jours les plus courts jamais enregistrés depuis l’avènement des horloges atomiques. Selon plusieurs sources scientifiques, dont le Laboratoire national de physique du Royaume-Uni et les spécialistes de l’IERS (International Earth Rotation and Reference Systems Service), la rotation de la Terre s’est terminée avec près de 0,3 milliseconde d’avance.
Ce phénomène n’est pas nouveau. La Terre ne tourne pas toujours à une vitesse constante. En réalité, les scientifiques suivent depuis plusieurs décennies les variations infimes mais mesurables de sa rotation. Si la majorité des fluctuations restent imperceptibles au quotidien, elles deviennent significatives lorsqu’elles s’accumulent. En 2020 et 2021, plusieurs jours ont déjà été plus courts que la moyenne, amorçant une tendance qui semble se confirmer.
Ces mesures sont rendues possibles grâce aux horloges atomiques ultra-précises, capables de détecter des écarts de l’ordre de la microseconde. Quand un jour solaire moyen devient plus court ou plus long que 86 400 secondes, les experts doivent ajuster le Temps universel coordonné (UTC), utilisé mondialement comme référence horaire.
Pourquoi la Terre tourne-t-elle plus vite ?
Mais pourquoi la Terre se met-elle à tourner plus vite ? La réponse n’est pas simple, et elle divise même la communauté scientifique. Plusieurs facteurs sont étudiés pour expliquer cette accélération inédite.
Parmi les principales hypothèses, on retrouve les mouvements du noyau terrestre, une zone encore largement mystérieuse. Certains chercheurs pensent que des changements dans la circulation du noyau externe en fusion pourraient modifier le moment d’inertie de la planète, un peu comme un patineur qui accélère en rapprochant ses bras du corps.
Autre suspect : la fonte accélérée des glaciers polaires, qui redistribue les masses d’eau vers l’équateur, modifiant légèrement l’équilibre de rotation de la planète. À cela s’ajoutent les séismes, l’érosion, les variations de pression atmosphérique et les marées océaniques, qui influencent aussi, à plus petite échelle, la dynamique terrestre.
Un élément essentiel est que cette accélération ne suit pas une courbe linéaire. Il ne s’agit pas d’une dérive progressive et continue, mais d’une oscillation, avec des pointes et des ralentissements parfois imprévisibles. Ce caractère irrégulier rend les prédictions encore plus délicates.
Conséquences pour nos systèmes technologiques et nos vies quotidiennes
Une Terre qui tourne plus vite n’est pas qu’une curiosité scientifique. Ce phénomène pourrait avoir des répercussions concrètes sur des millions de systèmes technologiques interconnectés. GPS, réseaux électriques, plateformes de communication, satellites… Tous reposent sur une synchronisation millimétrée du temps.
Ces systèmes s’appuient sur le Temps universel coordonné (UTC), calibré en fonction de la rotation terrestre. Lorsque cette dernière varie, des ajustements deviennent nécessaires. Habituellement, on ajoute une “seconde intercalaire” (leap second) pour compenser le ralentissement de la Terre. Mais avec la possibilité d’un jour plus court que 86 400 secondes, les experts envisagent désormais un scénario inédit : soustraire une seconde, ce qu’on appelle un “negative leap second”.
Un tel ajustement n’a jamais été mis en œuvre. Et il inquiète. Car de nombreux systèmes informatiques ne sont pas conçus pour gérer la suppression d’une seconde. Contrairement à une seconde ajoutée déjà problématique, une seconde retirée pourrait provoquer des erreurs de synchronisation, des interruptions de services, voire des crashs de serveurs. En 2012, l’ajout d’une seconde avait déjà perturbé des plateformes comme Reddit, Mozilla ou Linux. Cette fois, le défi s’annonce encore plus délicat.
En réponse, certains acteurs comme Meta ont récemment plaidé pour l’abandon pur et simple de la seconde intercalaire. Mais cela pose un autre problème : s’éloigner petit à petit du rythme naturel du Soleil, avec des décalages croissants à long terme. Une rupture entre le temps des machines et celui des humains ?
Une anomalie passagère ou un tournant durable ?
Les chercheurs tentent de déterminer si cette accélération est un pic isolé ou le début d’une tendance plus profonde. Jusqu’à présent, la rotation de la Terre avait tendance à ralentir, notamment en raison de l’effet de marée provoqué par la Lune, qui éloigne cette dernière de notre planète d’environ 3,8 centimètres par an.
Cependant, les données des dernières années contredisent ce schéma traditionnel. La décennie 2020 a vu plusieurs records de jours courts battus, en particulier en 2020, où 28 jours ont été plus rapides que la moyenne. Le 19 juillet 2020, la Terre avait déjà tourné en 1,47 milliseconde de moins qu’un jour standard.
Ce phénomène, encore mal compris, soulève une série de questions sans réponse claire. Va-t-on vers une alternance durable de jours courts et longs ? Y a-t-il un dérèglement plus large lié au climat, à la structure interne de la Terre, ou à des influences encore non identifiées ?
Certains scientifiques estiment que ces variations sont normales à l’échelle des millénaires, et qu’elles s’équilibrent sur le long terme. D’autres y voient un signal faible mais tangible que la dynamique de notre planète change plus rapidement qu’on ne le pensait. Une chose est certaine : le temps, que l’on croyait parfaitement maîtrisé, échappe encore à nos prévisions les plus avancées.
En résumé :
- Le 9 juillet 2025 pourrait être l’un des jours les plus courts jamais enregistrés, avec une durée inférieure à 86 400 secondes.
- La vitesse de rotation de la Terre varie, notamment en raison de facteurs internes comme le noyau terrestre et externes comme la fonte des glaciers.
- Les systèmes technologiques mondiaux dépendent de la stabilité de cette rotation, et un ajustement négatif du temps pourrait avoir des effets imprévus.
- Un “negative leap second” n’a encore jamais été appliqué, et sa mise en œuvre pose de réels risques informatiques.
- Les scientifiques ne savent pas encore si cette tendance est passagère ou marque un changement durable dans la dynamique de la Terre.