Encore un petit exploit de la Chine dans le domaine de l’énergie qui va faire parler.
Des chercheurs chinois viennent de battre un record mondial de conversion solaire-hydrogène, avec une technologie si élégante qu’on a presque envie de dire merci au soleil. Ce n’est pas “ENCORE” un gros dispositif complexe en platine ou en terres rares. Non, cette fois c’est une fine couche de cuivre, de zinc, d’étain et de soufre, posée comme un vernis, et qui transforme la lumière… en carburant.
Lire aussi :
- L’Allemagne n’a pas de pétrole mais elle a des idées avec cette première mondiale : une usine flottante capable de produire de l’hydrogène à partir la mer et du vent
- Un rapport oublié refait surface après 20 ans et pourrait bien propulser le Mexique au premier rang des producteurs mondiaux d’hydrogène
Un record mondial en toute simplicité pour l’Empire du Milieu
Le matériau s’appelle CZTS. C’est moins poétique qu’« orchidée » ou « luciole », mais dans le domaine de l’énergie solaire, c’est un nom qu’on retiendra. Parce que ce petit assemblage de métaux simples, cuivre, zinc, étain, soufre, coûte trois fois rien et n’a besoin d’aucun ingrédient rare.
Jusqu’ici, le CZTS n’avait jamais dépassé les 8 % de rendement. Il faisait ce qu’il pouvait, freiné par des défauts microscopiques, des grains mal ordonnés, des pertes d’électrons. Et puis là, une idée simple et fine a tout changé : préparer le matériau avec une méthode baptisée Precursor Seed Layer Engineering. On améliore la couche de départ, on fait pousser les cristaux dans le bon sens, et soudain… le rendement grimpe à 9,91 %. C’est un record mondial pour cette technologie et qui devrait en appeler de nombreux autres.
Du courant, de l’hydrogène… et de l’eau salée
Le plus beau ? L’équipe a réussi à faire tourner une cellule tandem CZTS–BiVO₄ sans aucune tension électrique. Juste avec de la lumière solaire et de l’eau de mer non traitée. Pas besoin d’un laboratoire aseptisé, ni d’un bain d’acide purifié. Un simple bac d’eau salée et un bout de ciel bleu suffisent.
Le carburant de demain pourrait venir… d’un film solaire
Ce film mince (à peine quelques microns d’épaisseur) pourrait bientôt se poser sur des parois de réservoir, des bouées en mer, des modules flottants. On immerge, on éclaire, et on récolte l’hydrogène. Pas de pompe, pas de compresseur, pas de ligne haute tension. Juste du soleil, de l’eau, et un matériau bien rangé.
C’est une piste pour les petits villages côtiers, les ports, les îles, les zones reculées. Une source d’énergie propre, silencieuse, continue, qui ne dépend pas du pétrole ni du gaz naturel et qui ne rejette rien d’autre que de l’oxygène.
Un pont entre le laboratoire et le rivage
Les chercheurs insistent : le procédé est compatible avec des lignes de production industrielles. Il n’utilise que des matériaux abondants, peut être appliqué par dépôt simple, et ne demande aucun catalyseur précieux.
Leur cellule atteint une densité de courant de 29,44 mA/cm², à un cheveu du maximum théorique et surtout, elle reste stable. Pas de chute brutale au bout de quelques heures. Pas de dégradation visible.
L’hydrogène, futur pilier industriel malgré son prix exorbitant ?
En France, le signal est déjà lancé. L’État prévoit 6,5 GW d’électrolyseurs à l’horizon 2030, avec des investissements de plusieurs milliards d’euros. L’enjeu est double : décarboner les secteurs difficiles (acier, ciment, transport lourd) et créer un tissu industriel nouveau. Les projections parlent de plus de 100 000 emplois. C’est un pari sur le long terme, mais avec des retombées possibles à tous les étages.
Pour que cette transition prenne, il ne suffit pas d’avoir des électrolyseurs. Il faut aussi des réseaux de transport, des capacités de stockage, des ports adaptés, des standards techniques partagés. En clair, tout un écosystème à construire.
Le prix de l’hydrogène vert reste encore élevé aujourd’hui, généralement situé entre 4 et 10 euros par kilogramme, selon les régions et les technologies. Malgré une légère baisse prévue, les experts de BloombergNEF anticipent que son coût ne chutera significativement qu’à l’horizon 2050 pour un prix estimé entre 1,5 et 5 euros, ce qui reste au-dessus du prix de l’hydrogène gris issu du gaz naturel. Toutefois, certains marchés comme la Chine et l’Inde pourraient atteindre la parité dès 2040, grâce à leurs investissements massifs dans les renouvelables.
Source :
Abbas, M., Chen, S., Li, Z. et al. Highest Solar-to-Hydrogen Conversion Efficiency in Cu2ZnSnS4 Photocathodes and Its Directly Unbiased Solar Seawater Splitting. Nano-Micro Lett. 17, 257 (2025). https://doi.org/10.1007/s40820-025-01755-8