Un éclair long comme un vol Paris–Venise : le ciel bat un record mondial d’électricité.
Le 22 octobre 2017, un orage a donné naissance à un éclair qui a littéralement zébré le ciel des États-Unis sur 828 kilomètres (peu moins qu’un trajet Lille/Marseille)… en une fraction de seconde. Il aura fallu plusieurs années et les yeux attentifs des satellites pour repérer ce colosse électrique “record” et pourtant invisible à l’œil nu !
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Un éclair géant pourtant passé inaperçu établit un nouveau record
Ce n’est qu’en 2025 que les chercheurs, en replongeant dans les données satellites du satellite américain GOES-16, ont découvert cette méga-foudre. Ce genre d’éclair, aussi impressionnant qu’éphémère, ne se laisse pas capturer facilement. Le phénomène avait échappé à l’analyse initiale. Il a fallu les progrès récents en traitement d’images et en cartographie atmosphérique pour le faire émerger des données.
L’éclair a démarré au Texas et s’est terminé près de Kansas City. Une distance qu’un avion de ligne mettrait plus de 90 minutes à parcourir. Lui l’a fait en moins d’une seconde.
Une performance météo à couper le souffle
Le record précédent, établi en 2020, était déjà impressionnant : 768 kilomètres de long pour un éclair. Cette nouvelle performance le dépasse de 60 kilomètres !
Ces méga-foudres se produisent dans un contexte bien particulier : les systèmes convectifs de mésoéchelle (en anglais Mesoscale Convective System ou MCS). Ces structures orageuses complexes, souvent visibles dans les grandes plaines nord-américaines, sont de véritables laboratoires naturels de phénomènes extrêmes. C’est là que les éclairs peuvent s’étirer à l’horizontale pendant plusieurs centaines de kilomètres, portés par les couches d’air instables.
Une menace silencieuse pour l’aviation et les forêts
Ce genre d’éclair ne fait pas que battre des records. Il pose aussi de sérieuses questions de sécurité. Car un éclair de cette ampleur peut affecter des avions en vol bien au-delà de la zone orageuse classique. Il peut aussi allumer un feu de forêt à des dizaines de kilomètres de son point d’origine. On comprend alors pourquoi la surveillance des éclairs depuis l’espace est devenue une priorité mondiale, notamment dans le cadre de l’initiative “Early Warnings for All”.
Le secrétaire général de l’OMM, Celeste Saulo, l’a rappelé : “Les éclairs sont fascinants, mais ils tuent. Et leur comportement devient de plus en plus imprévisible.” Le message est clair : il ne suffit pas de regarder le ciel au-dessus de sa tête pour être à l’abri.
Comment mesure-t-on un éclair aussi long ?
On pourrait penser qu’un éclair est un simple zigzag entre un nuage et le sol. En réalité, l’OMM mesure ce genre de flash en utilisant la plus longue distance entre deux points atteints par la décharge, selon ce qu’on appelle la “distance du grand cercle”. C’est cette méthode rigoureuse qui a permis d’officialiser le record.
L’équipe internationale qui a validé le phénomène inclut le professeur Randall Cerveny, spécialiste des extrêmes climatiques, et Michael Peterson, chercheur au Severe Storms Research Center en Géorgie. Leur mission : faire le tri entre les petits éclairs classiques et les colosses de l’atmosphère, ces rares monstres électriques qui redéfinissent nos connaissances météo.
Des satellites pour cartographier l’invisible
Avant, les éclairs étaient mesurés avec des capteurs au sol, souvent limités par la géographie. Aujourd’hui, les satellites en orbite géostationnaire offrent une vue continue de l’activité orageuse sur des continents entiers. Grâce à eux, on peut repérer la durée et l’étendue exacte des décharges électriques, même dans des régions isolées ou sans couverture radar.
C’est ainsi que le satellite GOES-16 a pu détecter le fameux éclair de 2017. Non seulement sa longueur, mais aussi sa durée exceptionnelle et sa trajectoire sinueuse à travers plusieurs États américains.
Et ce n’est que le début. D’après les chercheurs, il est probable que des éclairs encore plus longs existent, cachés quelque part dans les téraoctets de données satellitaires. La technologie ne fait, au final, que rattraper la nature.
Où se mettre à l’abri quand le ciel devient fou ?
Petit rappel utile pour finir. Selon Walt Lyons, spécialiste des orages : “Les seuls endroits sûrs face à la foudre sont les bâtiments massifs avec électricité et plomberie, ou les véhicules fermés à toit métallique.”
Voilà donc un record à la fois spectaculaire et inquiétant. Un éclair de 828 kilomètres, c’est impressionnant sur le papier mais c’est surtout un rappel que la météo n’a pas fini de nous surprendre, et que la foudre, elle, n’a pas de frontières
Source : https://wmo.int/news/media-centre/wmo-certifies-megaflash-lightning-record-usa