Ce réacteur expérimental sud-coréen rapproche l’humanité de son fantasme absolu en matière d’énergie avec une découverte sur le plasma

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Quand un minuscule chaos met en mouvement tout l’univers d’un réacteur à fusion.

Imaginez une mer calme. À sa surface, rien ne bouge et pourtant, tout au fond, un minuscule tourbillon se forme. Quelques secondes plus tard, c’est toute la baie qui se met à clapoter. Voilà, à peu près, ce que des physiciens sud-coréens viennent d’observer… mais avec du plasma.

Ils ont prouvé que de petites turbulences, à l’échelle des particules, peuvent remodeler l’ensemble d’un plasma. Autrement dit, qu’un grain de chaos microscopique suffit à changer l’état global d’un milieu chauffé à plusieurs millions de degrés.

Pour qui rêve de fusion nucléaire, c’est une nouvelle à savourer !

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L’expérience a eu lieu dans un engin qui ressemble à un mini-tokamak : le Versatile Experiment Spherical Torus (VEST), installé à l’Université nationale de Séoul. Ce n’est pas un réacteur destiné à la production, mais un terrain de jeu scientifique pour tester de nouvelles idées.

Les chercheurs y ont injecté deux faisceaux d’électrons, guidés par un champ magnétique en forme de spirale. Ces faisceaux ont créé deux « cordes de flux » distinctes, un peu comme deux lianes d’énergie suspendues dans l’air. Sauf qu’ici, elles sont plongées dans un plasma, et que leur vitesse dépasse celle des ondes magnétiques locales, ce qui déclenche… de la turbulence.

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Quand les cordes s’emmêlent

Le film, s’il fallait le résumer, se déroule en quatre actes.
D’abord, la turbulence apparaît autour de chaque corde de flux, nourrie par l’énergie des faisceaux. Ensuite, ces remous microscopiques déclenchent un phénomène connu mais redouté : la reconnexion magnétique. Les lignes de champ se brisent et se reconnectent autrement, libérant un paquet d’énergie.

Les deux cordes se rapprochent de cette manière et finissent par fusionner en une seule structure. À ce moment-là, on observe une hausse de température des ions, l’apparition de particules très énergétiques et une reconfiguration complète du plasma. Tout cela, parti d’une agitation minuscule.

Une clé pour dompter la fusion

Dans un réacteur à fusion, maintenir le plasma calme et stable est un défi quotidien. Chaque perturbation peut écourter le temps de confinement et réduire la production d’énergie. Comprendre qu’une turbulence locale peut mettre en branle tout le système, c’est gagner un levier de contrôle.

Cela ouvre la voie à de nouvelles stratégies : détecter ces micro-instabilités plus tôt, ou au contraire les provoquer volontairement pour évacuer de l’énergie de façon contrôlée.

Des échos jusqu’au Soleil

Cette découverte ne parle pas qu’aux ingénieurs de la fusion. Les astrophysiciens aussi y trouvent leur compte. Les signaux énergétiques mesurés dans le VEST ressemblent à ceux observés lors d’éruptions solaires ou d’autres événements cosmiques.

En clair, un petit dispositif expérimental sur Terre permet de rejouer en miniature des scènes qui se produisent à des millions de kilomètres, au cœur d’astres ou dans les vents stellaires.

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La preuve par l’expérience

Jusqu’ici, on soupçonnait ce « couplage multi-échelle », mais il restait une hypothèse. Là, la démonstration est concrète : on part d’un minuscule remous, et on termine avec un réarrangement complet du système magnétique. De l’échelle submillimétrique à l’échelle de l’appareil entier.

C’est un peu comme appuyer sur un bouton dans un cockpit et voir tout l’avion changer de trajectoire. Sauf qu’ici, l’avion, c’est un plasma chauffé à plusieurs millions de degrés… et que ce genre de comportement, maîtrisé, pourrait bien rapprocher la fusion nucléaire de la réalité.

Source :

Park, J.Y., Yoon, Y.D. & Hwang, YS. Kinetic turbulence drives MHD equilibrium change via 3D reconnection. Nature 644, 59–63 (2025).

https://doi.org/10.1038/s41586-025-09345-9

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Guillaume AIGRON
Guillaume AIGRON
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