La Norvège fait une annonce fracassante et revient au premier plan énergétique mondiale avec ce projet de centrale nucléaire flottante

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La Norvège mise sur des réacteurs nucléaires flottants pour verdir son industrie

Deux acteurs norvégiens, Norsk Kjernekraft (développeur de projets nucléaires à Bergen) et Ocean-Power AS (spécialiste de l’électricité offshore basé à Ronglan), viennent de signer un protocole d’accord pour concevoir ces centrales nucléaires flottantes, alimentées par des réacteurs modulaires de 200 à 250 MW.

Lire aussi :

La Norvège rêve d’une centrale nucléaire flottante pour “verdir” son économie

La Norvège affiche aujourd’hui l’un des mix énergétiques les plus décarbonés au monde. En 2024, plus de 91 % de l’électricité produite provenait de l’hydroélectricité, grâce à un vaste réseau de barrages répartis sur le territoire. À cela s’ajoutaient environ 7 % d’éolien, principalement terrestre, et moins de 1 % provenant du gaz naturel ou de centrales thermiques de secours. Le nucléaire, quant à lui, est encore totalement absent du paysage énergétique norvégien.

Ce modèle a longtemps été suffisant pour couvrir la demande nationale. Toutefois, face à la croissance des besoins industriels, à l’électrification des transports et à la décarbonation de la mer du Nord, la Norvège doit désormais renforcer ses capacités de production stable et pilotable. C’est dans ce contexte que l’option nucléaire, longtemps écartée, revient dans le débat public et industriel.

La Russie reprend le flambeau d’un projet énergétique que la France avait abandonné en 1997 et sur lequel elle était en avance sur le reste du monde

Des SMR flottants pour soutenir la croissance norvégienne

Le cœur du concept repose sur les Small Modular Reactors (SMR), ces réacteurs de nouvelle génération, compacts, préfabriqués et plus sûrs que les centrales traditionnelles. Montés sur des barges, ils peuvent être déployés là où la demande est forte : à proximité de zones industrielles isolées, de plateformes offshore ou de ports énergivores.

La barge agit comme une centrale mobile. Une fois installée, elle est connectée au réseau ou directement aux infrastructures industrielles voisines. Cette flexibilité est précieuse dans un pays aux longues côtes et aux installations dispersées.

Jonny Hesthammer, PDG de Norsk Kjernekraft, résume l’enjeu : « C’est une étape importante dans la bonne direction pour garantir un engagement à long terme envers l’énergie nucléaire en Norvège, impliquant le meilleur de l’industrie norvégienne. »

Zéro carbone, terrain préservé, énergie continue

Chaque unité fournirait 200 à 250 MW d’électricité, soit de quoi alimenter environ 200 000 foyers norvégiens. Ces centrales flottantes visent à remplacer des générateurs à gaz ou à fioul, notamment sur les plateformes pétrolières de la mer du Nord.

Ocean-Power prévoiten outre  d’utiliser une technologie à cycle combiné (turbines à gaz + turbines à vapeur) avec captage de CO₂. Les gaz émis seraient piégés puis stockés, injectés dans des formations géologiques, ou liquéfiés pour un transport sécurisé.

Le choix du nucléaire reste cependant central pour éliminer les émissions dès la source, sans dépendre de combustibles fossiles.

Détail du projet :

Caractéristique Valeur / Détail
Puissance par unité 200–250 MW
Type de réacteur SMR (réacteur modulaire de petite taille)
Support Barge sans propulsion
Public visé Plateformes offshore, industrie côtière
Emplacement Mer du Nord, fjords, zones industrielles
Captage de CO₂ (version gaz) Oui, stockage ou transport possible
Partenaires Norsk Kjernekraft + Ocean-Power AS

Une expertise norvégienne bien placée

La Norvège possède une industrie maritime très avancée, habituée aux conditions rudes de l’Atlantique nord. Ce savoir-faire est un atout clé pour concevoir des structures résilientes, faciles à maintenir et sûres, même en mer agitée.

« Nous voulons mobiliser l’industrie nordique des fournisseurs afin de construire des solutions qui pourront devenir des références mondiales », a déclaré Erling Ronglan, PDG d’Ocean-Power. « L’énergie nucléaire sur barges ouvre des possibilités entièrement nouvelles pour un approvisionnement énergétique sûr, stable et respectueux du climat au service de l’industrie, de la société et des activités maritimes. »

Les deux entreprises comptent s’appuyer sur les réseaux d’ingénierie et de fournisseurs nordiques, avec pour ambition à terme d’exporter ces plateformes partout dans le monde.

Une alternative à la hauteur des objectifs climatiques

Le projet s’inscrit dans une dynamique plus large : la diversification énergétique de la Norvège, alors que l’activité pétrolière ralentit. L’objectif est clair : assurer une production électrique constante, faible en carbone, et adaptée à un tissu industriel dispersé.

La première étape consiste à évaluer les concepts, les technologies et les modèles économiques compatibles avec la réglementation norvégienne. Si les tests sont concluants, ces centrales flottantes pourraient rapidement devenir un pilier énergétique pour la Norvège et ses voisins scandinaves.

Ce n’est pas le seul projet en cours pour la Norvège puisque Ocean-Power collabore déjà avec Copenhagen Atomics, société danoise spécialisée dans les réacteurs à sels fondus au thorium, pour explorer une autre voie nucléaire propre et innovante.

Le 4e plus grand aéroport du monde vient d’avoir une idée qui aurait été qualifiée de « démente » il y a quelques années : s’alimenter avec une centrale nucléaire interne

Centrales nucléaires flottantes en projet ou déjà déployées dans le monde

Nom du projet Pays Statut Puissance Réacteur(s) Utilisation prévue
Akademik Lomonosov Russie En service (depuis 2019) 70 MW électriques 2 x KLT-40S (35 MW chacun) Fourniture d’électricité et de chaleur à Pevek, ville arctique isolée
NuScale SMR on barge États-Unis Concept en développement 77 MW (modulaire) SMR NuScale (modulaire) Alimentation de bases militaires, infrastructures côtières ou projets industriels
Seaborg CUBE Danemark / Corée Prototype en 2026 100 MW électriques Réacteur à sels fondus (MSR) Déploiement sur barge pour pays trop petits pour une centrale terrestre classique
ThorCon Indonésie Prévu après 2030 500 MW électriques MSR (Thorium envisagé) Production d’électricité pour l’archipel indonésien via barges ancrées aux côtes
China National Nuclear Chine Étude préliminaire 100–200 MW (selon design) ACP100 (SMR) Approvisionnement de zones côtières ou îles stratégiques
Samsung Heavy / Seaborg Corée / Danemark Accord signé (2023) Jusqu’à 800 MW par unité MSR + modules hybrides Construction en série de barges nucléaires pour clients industriels ou gouvernementaux

 

Source : https://www.norskkjernekraft.com/norsk-kjernekraft-og-ocean-power-inngar-samarbeidsavtale-om-flytende-kjernekraftlosninger

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Guillaume AIGRON
Guillaume AIGRON
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