Uranus a une nouvelle petite sœur… et personne ne l’avait remarquée.
Il aura fallu pointer l’un des instruments les plus puissants de l’histoire de l’astronomie vers l’une des planètes les plus oubliées du système solaire pour qu’elle daigne nous révéler un secret de plus. Le 2 février 2025, le télescope spatial James Webb a levé le voile sur une toute petite lune qui tournait discrètement autour d’Uranus, perdue dans les reflets de ses anneaux glacés.
S/2025 U 1, c’est son nom provisoire. Pas très poétique pour l’instant, on vous l’accorde. Pourtant, derrière cette désignation technique se cache la 29e lune de la planète, la plus petite jamais observée autour de l’astre bleu pâle. Et elle pourrait bien n’être que la première d’une série.
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S/2025 U 1, difficile à repérer, comme une mouche dans un phare
Showalter dit que repérer une lune aussi petite et aussi faible en luminosité a été une tâche difficile.
« C’est un minuscule objet juste à côté d’un objet extrêmement brillant. C’est comme fixer un phare de voiture en essayant d’apercevoir une mouche », explique-t-il.
« Le télescope James Webb est un instrument extraordinaire, infiniment plus sensible que n’importe quel autre télescope qui ait jamais existé, franchement. »
Autant dire que sans l’œil infrarouge ultra-sensible du JWST, ce caillou de 10 kilomètres de large serait encore en train de jouer à cache-cache. Imaginez : la lune est nichée au bord des anneaux internes d’Uranus, à environ 56 250 kilomètres du centre de la planète, coincée entre deux lunes déjà connues, Ophelia et Bianca.
Une découverte pas prévue au programme
À l’origine, il ne s’agissait pas de chercher une nouvelle lune. La chercheuse Maryame El Moutamid, du Southwest Research Institute au Colorado, avait simplement demandé du temps d’observation pour étudier les anneaux d’Uranus avec l’instrument NIRCam du télescope. Elle a reçu 10 images en infrarouge, très longues poses… et au beau milieu, une tâche suspecte.
Pas une poussière sur l’objectif, non. Une lune. Une vraie. Invisible jusqu’ici, y compris pour la sonde Voyager 2, qui était pourtant passée à 81 500 kilomètres de la planète en 1986.
Une tradition poétique (et britannique)
Comme 27 des 28 autres lunes d’Uranus, cette nouvelle venue portera un nom inspiré de Shakespeare. Depuis Titania et Oberon, découvertes en 1787, la règle est devenue une tradition. Des noms de personnages, donc, probablement issus du Songe d’une nuit d’été, de La Tempête, ou d’une autre pièce que Mark Showalter, grand fan de théâtre, doit déjà avoir en tête.
Il faudra attendre que l’Union Astronomique Internationale tranche. En attendant, les paris sont ouverts. Miranda ? Cressida ? Perdita ?
En raison des différences spectaculaires de niveaux de luminosité, l’image est une composition issue de trois traitements différents des données, permettant au spectateur de voir les détails de l’atmosphère planétaire, des anneaux environnants et des lunes en orbite. Les données ont été obtenues avec le filtre large bande F150W2 de la NIRCam, qui transmet des longueurs d’onde infrarouges d’environ 1,0 à 2,4 microns.
NASA, ESA, CSA, STScI, M. El Moutamid (SwRI), M. Hedman (University of Idaho)
Des anneaux trop nets pour être seuls
Cette découverte est loin de clore le dossier Uranus. Bien au contraire. Les scientifiques le disent : quelque chose sculpte les anneaux de cette planète. Quelque chose de petit, rapide et invisible. Des “lunes bergères”, comme on les appelle. De minuscules satellites qui gravitent à l’intérieur ou juste à côté des anneaux et qui agissent comme des balais gravitationnels, maintenant les bordures nettes et ordonnées.
On ne les a pas encore trouvées, mais tous les indices pointent dans leur direction. Le télescope Webb pourrait en repérer d’autres. Et dans les années à venir, une mission bien plus ambitieuse : Uranus Orbiter and Probe, prévue pour 2044, pourrait enfin explorer ce monde de plus près.
Une planète encore pleine de surprises
Il faut bien le dire : Uranus n’a jamais été la star du système solaire. Trop lointaine, trop froide, trop bleue. Et pourtant… c’est probablement l’un des mondes les plus sous-estimés. Sa température, ses saisons délirantes, ses lunes aux noms de poètes… et aujourd’hui, cette toute nouvelle venue, à peine plus grosse qu’un village français, qui trace sa route au bord des anneaux, invisible depuis la Terre.
Source : https://science.nasa.gov/blogs/webb/2025/08/19/new-moon-discovered-orbiting-uranus-using-nasas-webb-telescope