La Chine ajoute un bijou high-tech à son “armada des abysses” destinée à une nouvelle conquête : le fond des océans

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Haiqin, le robot chinois qui s’invite à 6 000 mètres sous l’océan.

Alors que beaucoup ont le nez tourné vers la Lune ou Mars, d’autres préfèrent descendre, très loin, vers ce que l’on appelle encore parfois “l’ultime frontière terrestre”.
Le 23 août 2025, la Chine a testé avec succès Haiqin, un robot sous-marin télécommandé capable de plonger jusqu’à 6 000 mètres de profondeur. À cette profondeur, la pression est 600 fois celle que vous ressentez en surface, la lumière a disparu depuis des kilomètres…

Bienvenue dans le monde du silence absolu, qui à en croire les scientifiques nous est moins connu que la surface de la Lune !

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Pendant cette première mission en mer de Chine méridionale, Haiqin a atteint les 4 140 mètres de profondeur. Ce n’est pas encore le maximum, certes, mais c’est suffisant pour certifier l’engin en conditions réelles.

Le robot est bourré de technologies : caméras haute définition, bras robotiques, sonars multibandes, capteurs de température, de pression, d’oxygène dissous… Il peut se stabiliser à l’arrêt, pivoter comme un drone aérien, et garder le cap même dans les courants. Son cerveau est sur le bateau, un navire-laboratoire appelé Zhong Shan Da Xue Ji Di, qui coordonne chaque mouvement du robot dans le noir complet.

Des scientifiques chinois découvrent d’étranges formes de vie à 9 450 mètres de profondeur

Boues noires, bestioles invisibles et gènes inconnus

Haiqin n’est pas descendu juste pour faire trempette. Pendant sa mission, il a prélevé des sédiments abyssaux et capturé des organismes vivants avec une précision chirurgicale. Tout est ensuite remonté à bord pour analyse. Car sous 4 000 mètres d’eau, la vie existe, oui, mais dans des conditions à faire fuir les bactéries les plus téméraires. On y trouve des enzymes ultrarésistantes, des cellules qui fonctionnent au ralenti, et peut-être même des molécules inédites à usage médical.

Ce travail s’inscrit dans une mission scientifique de 25 jours, coordonnée par l’Université Sun Yat-sen, au départ du port de Zhuhai. Et c’est bien plus qu’une simple sortie en mer : c’est une plongée dans un monde dont 99 % reste encore inexploré.

Deux robots, un objectif : explorer plus, plus vite

Petite révolution à bord : Haiqin n’était pas seul. Pour la première fois, la Chine a déployé deux robots sous-marins en tandem. Son acolyte s’appelle Haidou-1, un vétéran des profondeurs capable de descendre jusqu’à… 10 900 mètres ! Contrairement à Haiqin, qui est téléopéré, Haidou peut aussi fonctionner en mode autonome, ce qui ouvre la voie à une exploration simultanée sur plusieurs fronts.

Haiqin s’occupe des prélèvements fins et de la biologie, Haidou-1 cartographie les reliefs, fore les sédiments jusqu’à 30 mètres de profondeur, et surveille l’océan via un drone aquatique. Un vrai travail d’équipe sous-marin ! Ce duo robotique permet de couvrir plus de terrain, de multiplier les échantillons et de gagner un temps précieux sur des missions longues.

Au-delà de l’exploit technique, une quête stratégique

Pourquoi investir autant dans les abysses ? Parce que ces zones sont au cœur des équilibres océaniques. Les données récoltées permettent de mieux comprendre la circulation des nutriments, le rôle des failles tectoniques, l’histoire climatique de notre planète. On peut même affiner les modèles de formation de tsunamis, un enjeu majeur pour les pays riverains du Pacifique.

Et puis, disons-le franchement : il y a aussi des ressources minières là-dessous. Les nodules polymétalliques, riches en nickel, cobalt ou terres rares, pourraient devenir le pétrole du XXIe siècle. La Chine le sait. Elle veut être prête. Et avec Haiqin, elle montre qu’elle peut aller chercher des données scientifiques dans les abysses… en toute autonomie.

Une montée en puissance scientifique… à pic

En moins de vingt ans, la Chine est passée du statut de spectateur à celui d’acteur majeur de l’exploration abyssale. Aujourd’hui, le pays aligne plus d’une dizaine de robots sous-marins, du drone léger au monstre des grandes profondeurs.

D’après le rapport de la session du 14ᵉ Congrès national populaire (NPC), pour l’année 2024, le poste budgétaire de la catégorie « ressources naturelles, océanographie et météorologie » s’élève à 28,2 milliards de yuans soit environ 3,76 milliards d’euros et plusieurs universités chinoises se sont spécialisées dans ce domaine.

Haiqin n’est qu’un pion parmi d’autres sur un échiquier en trois dimensions : la Chine travaille déjà sur des plateformes pour zones anoxiques, des robots pour sources hydrothermales, et des sondes pour explorer les bactéries extrêmes.

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Flottes nationales dédiées à l’exploration des grandes profondeurs

Pays Nombre estimé de navires dédiés Types de véhicules sous-marins Profondeur maximale atteinte Spécificités
Chine ~64 navires de recherche océanique ROV, AUV, ARV, bathyscaphes Jusqu’à 10 907 m (Haidou-1) Flotte civile la plus vaste au monde, forte expansion post-2010
États-Unis 15 navires NOAA + navires universitaires HROV, ROV, AUV Jusqu’à 10 902 m (Nereus, perdu en 2014) Flotte scientifique structurée, moins étendue que celle de la Chine
Russie ~50 plateformes (incluant navires & submersibles militaires) Bathyscaphes, submersibles habités, robots spécialisés ~6 000 m (Victor, Losharik, etc.) Flotte à usage militaire/renseignement via GUGI
Japon 10 à 15 unités (JAMSTEC) ROV, AUV, sous-marins habités 11 000 m (Kaiko, désactivé) Historique de pionnier, mais flotte plus restreinte
France Quelques unités (Ifremer) ROV (Victor 6000), Nautile (habité) 6 000 m Flotte très spécialisée, reconnue pour la qualité des engins

 

Sources :

  • https://features.csis.org/hiddenreach/china-indian-ocean-research-vessels/
  • https://www.wsj.com/world/asia/china-is-mapping-the-seabed-to-unlock-a-new-edge-in-warfare-c8ac5180
  • https://www.workboat.com/future-of-the-noaa-fleet-highlighted-at-international-workboat-show
  • https://en.wikipedia.org/wiki/Main_Directorate_of_Deep-Sea_Research
  • https://www.iiss.org/online-analysis/online-analysis/2025/03/uncharted-territory-deep-sea-mining-and-the-underwater-domain
  • https://news.cgtn.com/news/2025-08-25/China-s-new-6-000-meter-deep-sea-explorer-Haiqin-completes-sea-trial-1G7sTeVh3xK/p.html

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Guillaume AIGRON
Guillaume AIGRON
Très curieux et tourné vers l'économie, la science et les nouvelles technologies, (particulièrement ce qui touche à l'énergie et les entreprises françaises) je vous propose de de découvrir les dernières actualités autour de cette passion

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