Thales embarque pour 11 ans avec IndiGo sur plus de 1 200 avions.
C’est un contrat qui ne fait pas de bruit en vol, mais qui pèse très lourd dans le cockpit. L’équipementier français Thales vient de signer non pas un, mais deux accords stratégiques avec IndiGo, la première compagnie aérienne indienne et de toute l’Asie du Sud. L’un porte sur la maintenance avionique de plus de 1 200 avions pour une durée de 11 ans, l’autre sur le déploiement d’un outil numérique embarqué pour optimiser les vols.
Une opération triplement gagnante : pour les passagers, pour les pilotes… et pour le groupe français.
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Thales chargé de la maintenance de la plus grande flotte d’Asie du Sud pour un contrat qui approcherait les 700 millions d’euros sur 11 ans
Chez IndiGo, chaque jour compte : plus de 2 000 vols sont opérés quotidiennement. Plus de 430 Airbus A320 composent déjà sa flotte, à laquelle s’ajouteront environ 800 nouveaux appareils dans les années à venir. Thales aura la responsabilité directe de l’avionique embarquée sur l’ensemble de ces avions, via deux services intégrés : “Avionics-By-The-Hour” et “Repair-By-The-Hour” (désolé pour les anglicismes mais ils s’appellent comme ça).
Ce système, déjà utilisé par plusieurs compagnies à travers le monde, fonctionne comme une assurance technique au vol. Chaque heure passée en l’air génère un budget de maintenance. Cela permet de prévoir les réparations, de minimiser les immobilisations, et surtout d’assurer une disponibilité maximale des appareils. Un impératif dans une région où la croissance du trafic aérien dépasse les 10 % par an.
Un centre de réparation dernier cri, juste à côté du tarmac
Pour assurer ce niveau de réactivité, Thales a ouvert une nouvelle base MRO (Maintenance, Repair and Overhaul ou « Maintenance, réparation et révision » en français) à Gurugram, à deux pas de l’aéroport de New Delhi. Ce site high-tech, opérationnel dès 2025, rassemble ingénieurs avionique, bancs de test automatisés, et modules de rechange prêts à être embarqués.
L’objectif : traiter localement les réparations les plus complexes, dans des délais ultra-courts, sans passer par l’Europe ou Singapour. Pour les compagnies, cela signifie moins d’avions cloués au sol. Pour Thales, c’est aussi un ancrage industriel stratégique en Inde, dans un secteur très réglementé.
Chaque pièce réparée est certifiée selon les normes internationales (FAA, EASA, DGCA), avec un taux de retour à l’état de vol parmi les meilleurs du marché. Et surtout : la transparence des cycles de maintenance permet à la compagnie d’anticiper ses immobilisations bien à l’avance.
Un iPad dans le cockpit ? Mieux : un AvioBook
Le deuxième volet du partenariat porte sur l’Electronic Flight Bag (EFB), un outil qui a remplacé depuis plusieurs années les classeurs papier dans les cockpits modernes. IndiGo renouvelle sa confiance à AvioBook Flight, développé par une filiale de Thales, pour une durée supplémentaire de 5 ans.
Ce système embarqué permet aux pilotes d’accéder en temps réel à leurs plans de vol, cartes de navigation, conditions météo, procédures au sol, tout cela sans impression papier. Il est déjà utilisé sur plus de 650 000 vols par an, avec des retours très positifs côté compagnies comme côté pilotes.
C’est le seul EFB actuellement certifié par la DGCA indienne, ce qui donne à Thales un avantage net sur le marché local. Son impact va bien au-delà du cockpit : réduction des charges de carburant, gain de temps lors des phases de préparation, et contribution directe à l’empreinte carbone de la compagnie.
Un marché indien à la vitesse supersonique
IndiGo transporte chaque année près de 100 millions de passagers, et prévoit de doubler sa flotte d’ici la fin de la décennie. Elle est aujourd’hui la cinquième compagnie aérienne mondiale en nombre d’avions en service, devant Lufthansa ou Emirates.
En s’associant à elle, Thales ne signe pas seulement un contrat. Il se positionne pour les vingt prochaines années comme un partenaire clef de l’aviation civile indienne, dans un contexte de croissance et de renouvellement sans précédent.
« Ce partenariat stratégique avec IndiGo souligne une fois de plus notre volonté de fournir aux compagnies aériennes un support et des services de classe mondiale. Nos nouvelles installations MRO en Inde renforcent nos capacités en termes de rapidité et de fiabilité des services. Adossé à la puissance de notre implantation, ce centre nous permettra de répondre aux exigences évolutives du transport aérien indien ».
résume Thomas Got, vice-président des services aviation de Thales.
Un contrat discret, mais potentiellement colossal
Aucun montant officiel n’a été communiqué, ni par Thales, ni par IndiGo mais en croisant les données disponibles, on peut tenter une estimation. Le programme “Avionics-By-The-Hour” facturé à l’usage s’approche généralement de 100 à 150 euros par heure de vol et par avion, selon le niveau de couverture. Avec une flotte de 1 230 avions concernés à terme, et une moyenne de 8 à 10 heures de vol par jour, cela représente près de 500 à 650 millions d’euros sur 11 ans, rien que pour la maintenance avionique. À cela s’ajoute le contrat AvioBook sur 5 ans, estimé entre 20 et 40 millions d’euros, en incluant la licence logicielle, le support technique et les évolutions réglementaires. Au total, l’enveloppe globale de ce partenariat pourrait approcher, voire dépasser les 700 millions d’euros, en incluant les infrastructures et les services associés.
Source : Communiqué de presse de Thales