La Terre a l’air d’un aimant sur un frigo en comparaison de ce nouveau record mondial chinois qui aura des répercussions sur la fusion nucléaire

Date:

Partager:

La Chine établit un nouveau record pour une nouvelle catégorie d’aimants.

Dans un laboratoire chinois, une équipe de chercheurs vient de marquer l’Histoire avec un nouveau un champ magnétique 700 000 fois plus intense que celui de notre planète. En générant 351 000 gauss à l’aide d’un aimant supraconducteur révolutionnaire, la Chine vient ainsi d’établir un nouveau record mondial en la matière.

Une prouesse technique à couper le souffle, aux conséquences directes pour la fusion nucléaire, la propulsion spatiale ou encore la lévitation magnétique.

Lire aussi :

Un champ magnétique 700 000 fois plus fort que celui de la Terre

Pour les plus néophytes, quelques notions de grandeur à retenir. Il faut savoir que la Terre agit elle-même comme un aimant géant… mais de faible intensité. Son champ magnétique, pourtant capable de dévier les particules solaires, ne dépasse pas 0,5 gauss à la surface. Les IRM hospitaliers, eux, tournent autour de 1,5 à 3 teslas (soit 15 000 à 30 000 gauss). Et là, les chercheurs de l’Institut de physique des plasmas de Hefei (ASIPP) ont tenu 35,1 teslas sans incident, pendant 30 minutes.

À ce niveau-là, on ne parle pas d’un coup d’éclat. On parle d’un saut technologique !

Le plus petit réacteur nucléaire commercial du monde tient dans un camion et peut alimenter une ville française comme Lourdes en électricité

Pas un record “absolu” mais pour une nouvelle catégorie d’aimants

Ce n’est pas la première fois que la Chine fait parler d’elle dans le domaine des champs extrêmes. En décembre 2024, des chercheurs du CHMFL (High Magnetic Field Laboratory) à Hefei avaient déjà créé la sensation en générant un champ de 42,02 teslas à l’aide d’un aimant résistif. Ce type d’aimant, qui fonctionne grâce à des bobines métalliques traversées par un courant, est extrêmement gourmand en énergie : l’expérience avait nécessité 32,3 mégawatts, soit deux fois plus que la plus puissante éolienne offshore au monde.

Ce record venait supplanter les 41,4 teslas atteints en 2017 par le National High Magnetic Field Laboratory aux États-Unis, situé à Tallahassee (Floride). Bien que l’écart semble mince, un seul tesla supplémentaire peut changer radicalement la précision des instruments scientifiques, notamment en matière de spectroscopie, d’analyse quantique ou d’états exotiques de la matière.

En 2022, le CHMFL avait déjà mis au point l’aimant hybride le plus puissant au monde, atteignant 45,22 teslas en combinant un noyau résistif et une structure supraconductrice.

Ce nouveau record de 351 000 gauss (ou 35,1 teslas) obtenu en septembre 2025 par l’ASIPP, n’est donc un nouveau record “absolu” du plus puissant aimant du monde mais pour une nouvelle catégorie d’aimants.

Une nouvelle ère technologique pour les aimants

La technologie employée pour laquelle ce record vient d’être battu est celle d’une nouvelle catégorie d’aimants supraconducteurs hybrides, où une bobine haute température est emboîtée dans un système basse température. Deux circuits imbriqués, deux technologies qui coopèrent à des températures cryogéniques, le tout conçu pour encaisser des forces mécaniques colossales, éviter les perturbations électriques et rester parfaitement aligné sur plusieurs dizaines de minutes.

Cette horlogerie électromagnétique a été développée avec l’aide de l’université Tsinghua et du Centre international de supraconductivité appliquée de Hefei.

On passe ainsi d’aimants ultra-puissants très énergivores à des systèmes supraconducteurs plus stables, plus efficaces, et adaptés à des usages industriels de longue durée.

Pourquoi aller aussi loin ?

Ce type de champ est indispensable à certaines technologies qui restent aujourd’hui à l’état de prototype. Chaque progrès vers un champ magnétique plus stable, plus intense, plus durable, c’est un pas de plus vers des applications concrètes.

Voici quelques exemples très directs :

  • Fusion nucléaire : pour confiner un plasma à 150 millions de degrés, on doit créer une “cage” magnétique parfaite. Ce type d’aimant en est le squelette.
  • Propulsion spatiale : pour envoyer une sonde sans carburant à haute vitesse, il faut utiliser des champs électromagnétiques extrêmes.
  • Trains à sustentation : la lévitation magnétique repose sur des champs puissants et constants.
  • Stockage d’énergie ou lignes à haute tension : les supraconducteurs permettent de transporter de l’électricité sans aucune perte, à condition d’avoir un contrôle magnétique absolu.

Chaque application a besoin d’un cœur magnétique stable, puissant, compact. Ce que les chercheurs viennent de démontrer, c’est qu’on sait maintenant le fabriquer.

Des obstacles techniques surmontés un par un

À ces niveaux de champ, les matériaux se tordent, les courants parasites se glissent dans la moindre imperfection, les systèmes de refroidissement doivent être parfaits à -269 °C.

L’équipe a dû résoudre des problèmes de :

  • Concentration de contraintes mécaniques
  • Courants de blindage
  • Effets de couplage multi-champs (mécanique, thermique, magnétique)

En bref, ils ont dû renforcer la colonne vertébrale de l’aimant, isoler tous les circuits indésirables et stabiliser l’ensemble comme un funambule sur un fil de soie.

Mieux vaut tard que jamais ! Une expérience vieille de 88 ans dans la fusion nucléaire enfin validée par la science

100% made in China

Un détail et pas des moindres : tout, du câble supraconducteur au circuit de refroidissement, est désormais fabriqué en Chine. Plus besoin d’importer des composants critiques. Le pays maîtrise toute la chaîne, de la conception à l’essai final.

C’est particulièrement important pour le projet ITER, le plus grand réacteur de fusion nucléaire au monde, en construction à Cadarache (France). La Chine y participe activement, notamment en livrant des bobines magnétiques, des lignes cryogéniques et des dispositifs d’alimentation. Ce nouveau record renforce considérablement son rôle dans l’avancée du projet.

Sources :

  • ASIPP – Chinese Academy of Sciences
  • X/People’s Daily, 29 septembre 2025
  • Tsinghua University, département de physique appliquée
  • Rapport technique sur la supraconductivité – Hefei 2025
  • Dossier ITER – contributions chinoises officielles

Image : Cette photo prise le 28 septembre 2025 montre l’aimant supraconducteur développé par l’Institut de physique des plasmas (ASIPP) de l’Académie chinoise des sciences, à Hefei, dans la province de l’Anhui, à l’est de la Chine. (Xinhua/Wu Huijun).

Notre site est un média approuvé par Google Actualité.

Ajoutez Media24.fr dans votre liste de favoris pour ne manquer aucune news !

Nous rejoindre en un clic
Suivre-Media24.fr

Guillaume AIGRON
Guillaume AIGRON
Très curieux et tourné vers l'économie, la science et les nouvelles technologies, (particulièrement ce qui touche à l'énergie et les entreprises françaises) je vous propose de de découvrir les dernières actualités autour de cette passion

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Articles connexes

TotalEnergies continue son inexorables montée en puissance aux Etats-Unis dans le gaz naturel liquéfié (GNL)

Une prise de participation qui muscle la chaîne du gaz liquéfié du gant français TotalEnergies. Ce 29 septembre 2025,...

Une “leçon” donnée à la France ! Ce pays d’à peine 2 millions d’habitants va battre un record français avec la nouvelle plus grande...

La Slovénie s’apprête à accueillir la plus grande centrale solaire flottante d’Europe. Le lac Družmirje, au nord de la...

Ce catalyseur “du pauvre” permettra bientôt de stocker l’hydrogène dans nos voitures grâces à un composé à base de rouille verte

Un catalyseur bon marché pour voitures et navires zéro émission. Du fer, un peu de cuivre, de l’eau, et...