Airbus fait de la place pour son A320/321neo.
Face au succès de ses derniers modèles, le géant Airbus a reçu l’autorisation exceptionnelle d’agrandir son site de production de Toulouse de 18 hectares. Une extension qui s’inscrit dans un contexte réglementaire de sobriété foncière, mais qui illustre parfaitement ce que pourrait être la réconciliation entre industrie et climat.
Loin du béton pour le béton, c’est ici l’aéronautique bas-carbone qui pousse les murs.
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Airbus étend ses ailes à Toulouse : 18 hectares pour construire les avions de demain
Depuis la loi Climat et Résilience de 2021, la France vise un objectif ambitieux : zéro artificialisation nette des sols d’ici 2050. L’idée : préserver les terres naturelles, agricoles et forestières, et repenser le développement urbain.
Mais cette même loi prévoit aussi une enveloppe d’hectares dédiés à des projets d’intérêt national majeur. C’est dans ce cadre qu’Airbus a obtenu le feu vert de l’État, avec l’appui actif du député Jean-François Portarrieu, pour mener à bien le plus grand agrandissement de ses sites toulousains depuis vingt ans.
Un pari assumé, car produire des avions plus propres demande aussi plus d’espace.
Des infrastructures tournées vers la transition
Sur les sites de Colomiers, Cornebarrieu et Lagardère, les pelleteuses s’activent déjà. L’agrandissement vise notamment à construire :
- Un second centre de livraison
- Un nouveau hall de peinture optimisé
- Des hangars logistiques plus performants
- Des zones avions supplémentaires
L’objectif affiché est clair : monter à 75 A320/A321neo par mois d’ici 2027. Ces appareils, plus légers, plus sobres, et compatibles avec les carburants durables, incarnent la nouvelle génération de l’aérien.
Ces espaces permettront aussi d’augmenter la cadence de production des A330 et A350, tout en préparant l’intégration de technologies bas-carbone comme les piles à combustible, l’hydrogène ou la propulsion hybride.
Une dynamique industrielle aux retombées locales
Derrière ce chantier, c’est toute la région toulousaine qui respire. Airbus, c’est plus de 28 000 emplois directs en Occitanie, et des milliers d’emplois indirects dans l’écosystème de sous-traitants.
Selon les estimations, cette expansion pourrait générer plusieurs centaines de postes supplémentaires, sans compter les retombées pour les PME locales du bâtiment, de la logistique ou de l’ingénierie.
Le message est clair : la transition écologique peut être un levier d’emplois, pas une restriction. Encore faut-il créer les conditions pour que l’innovation industrielle ait les moyens de ses ambitions.
L’Electra en ligne de mire
Parmi les projets en gestation figure notamment l’Electra, un démonstrateur à propulsion hybride-électrique développé par Airbus pour explorer la mobilité aérienne décarbonée.
Un petit bijou technologique destiné à ouvrir la voie aux avions régionaux zéro émission, capables de réduire jusqu’à 90 % les émissions de CO₂ sur certaines lignes.
Et pour développer ces programmes d’avenir, il faut de l’espace.
Une gestion du sol sous surveillance
L’agrandissement d’Airbus est encadré par des engagements compensatoires précis, avec notamment :
- des mesures de reboisement compensatoire
- la préservation de corridors écologiques
- une réflexion sur les aménagements paysagers vertueux
Autrement dit : l’artificialisation n’est pas ignorée, elle est accompagnée. Et contrairement aux clichés, il ne s’agit pas de sacrifier la nature sur l’autel de l’industrie, mais de faire cohabiter les deux.
Une vitrine pour la France industrielle
L’agrandissement d’Airbus est plus qu’un chantier. C’est un signal. Il montre qu’en France, il est encore possible de construire, d’innover, d’investir, tout en respectant un cap environnemental exigeant.
Plutôt que de voir dans cette dérogation une entorse, voyons-y un exemple d’arbitrage réussi. Là où l’État, l’industrie et les territoires se parlent, se confrontent, mais finissent par faire équipe.
Airbus étend ses ailes. Et avec lui, un espoir discret mais tenace : celui d’une industrie européenne qui ne renonce ni à ses racines, ni à sa transformation.

Commandes et livraisons d’avions d’Airbus en 2024
Famille d’avions | Livraisons | Commandes nettes |
---|---|---|
A220 | 75 | 142 |
Famille A320 | 602 | 1 835 |
A330 | 32 | 84 |
A350 | 57 | 300 |
Total | 766 | 2 361 |
Source : Communiqué de presse d’Airbus