C’est une scène digne d’un film de science-fiction. Au large de la côte du Labrador, dans les eaux glacées du nord-est du Canada, un pêcheur a immortalisé une apparition rare : un iceberg noir, d’une forme parfaitement sculptée, à l’apparence presque irréelle. La structure massive, aux reflets sombres et inquiétants, semblait surgir d’un autre monde.
Hallur Antoniussen, un pêcheur originaire des îles Féroé, a fait cette étrange rencontre en naviguant à bord de son bateau, le Saputi, non loin du canal Hopedale, près de Carbonear. L’iceberg, haut comme un immeuble, était immobile, contrastant violemment avec les eaux qui l’entouraient. Sa couleur noire, inhabituelle pour une masse de glace, a immédiatement attiré l’attention du marin chevronné.
“Je n’avais jamais vu ça en 50 ans de mer”
Antoniussen, qui passe la majorité de son année à pêcher dans l’Atlantique Nord, n’est pas du genre à s’émouvoir facilement. Pourtant, ce jour-là, l’émotion est palpable dans ses propos. Il décrit la scène avec une précision saisissante : l’iceberg semblait poli, presque taillé à la main, et sa taille imposante équivalait à « trois fois un bungalow ». Une forme géométrique inédite, noire comme l’obsidienne, qui contrastait avec l’idée habituelle qu’on se fait des icebergs blancs et bleutés.
Il n’a pas hésité à capturer des images du phénomène, rapidement partagées sur les réseaux sociaux. Ces clichés ont aussitôt déclenché un tourbillon de réactions, de l’admiration à l’incrédulité. Certains internautes évoquent un “iceberg en diamant noir”, d’autres y voient une anomalie visuelle presque surnaturelle.
Un iceberg noir mystérieux au large du Labrador : volcan, météorites ou vestige millénaire ?
Origine possible du matériau sombre
Plusieurs théories visent à expliquer cette coloration atypique :
- Débris glaciaires : selon le glaciologue Lev Tarasov, l’iceberg pourrait contenir des sédiments sombres — de la roche et de la poussière — intégrés au fil des siècles par l’avancée et le broyage du glacier au contact du socle rocheux. Ce mélange parfaitement homogène suggère une glace âgée de 1 000 à 100 000 ans.
- Cendre volcanique ou suie : certains spécialistes envisagent que l’iceberg renferme des dépôts liés à d’anciennes éruptions volcaniques ou à des incendies de grande ampleur.
- Impact extraterrestre : une hypothèse plus spéculative évoque la possibilité de poussières issues d’un impact météoritique, comme celui du cratère Hiawatha, sous la glace du Groenland.
Une glace chargée d’histoire
Ce type d’iceberg n’est pas seulement une curiosité visuelle. Il est un témoignage glaciaire enfoui dans le temps, une capsule venue d’un passé où les conditions climatiques étaient radicalement différentes. La glace ultra-compacte, sans bulles d’air visibles, typique des strates profondes, absorbe davantage la lumière, d’où sa teinte sombre.
La pression continue du poids des couches supérieures, pendant des milliers d’années, chasse l’air et rend la glace plus pure. Si des particules sombres sont intégrées au fil du temps, le résultat donne un “dirty berg”, rarement aussi uniforme.
Une traçabilité difficile
Repérer l’origine précise d’un tel iceberg reste complexe sans échantillon. Il pourrait venir du Groenland, de l’Arctique canadien ou de l’Islande. La région du Labrador est traversée par l’Iceberg Alley, corridor connu pour ses nombreux fragments de glace dérivant vers le sud.
Mais un iceberg noir à facettes régulières, de cette taille et avec aussi peu de signes d’érosion, n’avait jamais été documenté.
Un signal climatique ?
Au-delà de la fascination, cette apparition soulève des interrogations. La libération de blocs anciens, enfouis dans les profondeurs glaciaires, pourrait signaler une modification de la dynamique des calottes. Les scientifiques restent prudents, mais certains voient là une conséquence discrète du réchauffement en cours.
Cet iceberg noir agit ainsi comme une métaphore saisissante : celle d’un passé gelé qui refait surface dans un monde en mutation rapide.
Résumé en 5 points
- Un pêcheur découvre un iceberg noir et facetté au large du Labrador, une première reconnue.
- La glace pourrait provenir de milliers d’années d’enfouissement, mêlant sédiments, suie ou cendres.
- L’hypothèse d’un impact météoritique, bien qu’évoquée, reste non confirmée.
- Le phénomène attire une attention virale, mêlant contemplations poétiques et spéculations scientifiques.
- Pour en savoir plus, il faudra localiser un autre iceberg semblable et l’étudier sur place.
Sources de l’article :
https://www.cbc.ca/news/canada/newfoundland-labrador/black-iceberg-labrador-coast-1.7551078
https://www.theweathernetwork.com/en/news/nature/outdoors/rare-black-iceberg-spotted-off-labrador-coast-has-social-media-buzzing