Le cœur caché de la Terre bat sous nos pieds… et il est en train de déchirer l’Afrique !
Imaginez un stéthoscope géant planté au cœur de l’Afrique. Vous écoutez… et là, surprise : boum… boum… boum… La Terre a un pouls. Ce n’est pas une métaphore poétique, c’est le constat très sérieux d’une équipe de géologues britanniques.
Sous la région de l’Afar, en Éthiopie, les entrailles de notre planète pulsent comme un cœur vivant, lentement mais sûrement. Ce mouvement, imperceptible à l’échelle humaine, est en train de fendre un continent tout entier.
Tout commence à des centaines de kilomètres sous nos pieds, dans le manteau terrestre, là où la roche devient pâteuse comme du chewing-gum malaxé…
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Cette région d’Ethiopie remplie de volcans pulse comme un cœur vivant
Pour percer ce mystère, les chercheurs de l’université de Southampton sont allés gratter le sol là où il fume encore : autour des volcans de la vallée du Rift. L’Afar, c’est un endroit unique sur Terre : trois plaques tectoniques s’y écartent doucement, un peu comme les pans d’un pantalon trop étroit. Et au milieu, le magma monte.
Mais voilà, ce magma ne remonte pas de façon continue, comme de l’eau qui bout. Il remonte par pulsations. Comme un battement cardiaque géologique.
Pour en avoir le cœur net (sans mauvais jeu de mots), l’équipe a collecté plus de 130 roches volcaniques tout autour de la région. Une sorte d’électrocardiogramme de la croûte terrestre. Les roches portent la trace de stries chimiques régulières, comme si quelqu’un en profondeur envoyait des vagues de matière en cadence.
Un panache qui signe sa présence à coups de code-barres
Ces fameuses stries, ce ne sont pas des rayures dues au hasard. Ce sont des bandes chimiques distinctes, qui montrent que le manteau sous l’Afrique envoie des bouffées de magma à intervalles réguliers. Ce phénomène est appelé “panache mantellique”. Un peu comme un geyser de chaleur souterraine, mais beaucoup plus lent et profond.
Là où ça devient vraiment passionnant, c’est que ce panache ne se contente pas de monter. Il s’adapte. Si la croûte est fine, il remonte plus vite. Si elle est épaisse, il ralentit. On a presque envie de dire qu’il sait ce qu’il fait.
Selon les chercheurs, dans des zones comme le rift de la mer Rouge où les plaques s’éloignent plus rapidement, le flux de magma est plus régulier, comme un cœur en bonne santé. Dans les zones où ça stagne un peu, les pulsations sont moins franches, comme une artère bouchée.
Et dans tout ça, un futur océan qui se prépare
Alors oui, c’est spectaculaire d’imaginer la Terre qui bat comme un cœur. Mais ça a aussi des conséquences très concrètes. Car ce que ces battements provoquent, c’est la séparation progressive de l’Afrique en deux morceaux.
Ce phénomène s’appelle le rift est-africain. Il court sur des milliers de kilomètres, et à terme, il finira par ouvrir un nouvel océan. Ce ne sera pas pour la semaine prochaine puisqu’on parle d’un calendrier à l’échelle des millions d’années.
Un volcanisme sous haute influence
Autre retombée de cette découverte : les volcans de la région ne sont pas uniquement déclenchés par la croûte qui se fissure. Ils seraient guidés par les pulsations profondes.
D’après les chercheurs, ces vagues de magma peuvent cibler les endroits où la croûte est la plus fine, et donc plus facile à percer. C’est comme si le manteau savait où frapper pour faire jaillir une éruption.
Et ça change beaucoup de choses pour les sismologues et les volcanologues. Car comprendre le timing et la trajectoire de ces pulsations, c’est peut-être le début d’un meilleur système de prédiction des éruptions dans ces régions sensibles.
Un puzzle scientifique à assembler à plusieurs
Cette étude résulte d’un travail collectif entre dix institutions internationales, qui ont mêlé géochimie, géophysique, statistiques et modélisation 3D.
Car pour voir ce qui se passe sous la croûte terrestre, pas de microscope. Il faut ruser. On lit les roches comme des archives, on capte les ondes sismiques comme des échos de grotte, et on modélise le tout sur ordinateur pour reconstruire la respiration du manteau.
Et quand tout s’assemble, ça donne ce genre de découverte vertigineuse : la Terre respire, elle bat, elle change de forme, et l’Afrique est son prochain chef-d’œuvre géologique.
Un continent en train de se briser. Un cœur qui bat à l’intérieur de la planète. Et une équipe de scientifiques qui perce peu à peu les secrets d’un processus vieux de milliards d’années.
La prochaine fois que vous regarderez une carte du monde, dites-vous bien qu’elle est temporaire. La planète n’a pas encore fini de se métamorphoser et une de ces plus grande mutations se produira ici, dans les profondeurs brûlantes de l’Afar, où le sol pulse doucement… comme un cœur.
Source :
Watts, E.J., Rees, R., Jonathan, P. et al. Mantle upwelling at Afar triple junction shaped by overriding plate dynamics. Nat. Geosci. (2025). https://doi.org/10.1038/s41561-025-01717-0
Image : L’Erta Ale est un volcan bouclier actif situé dans le désert de Danakil, dans la dépression de l’Afar. C’est le volcan le pus actif d’Ethiopie.