870 kilomètres de voies ferrées électrifiées, et un fleuron français au cœur du chantier
VINCI, par l’intermédiaire de sa filiale Cobra IS, entre dans la danse du chantier du siècle en Europe de l’Est : Le projet de voie ferrée dans les pays baltes appelé “Rail Baltica”. Le groupe aura en charge toute l’électrification du corridor balte, de Tallinn à la frontière polonaise.
870 kilomètres, 1,77 milliard d’euros et une vision partagée par toute l’Union européenne : connecter l’Est au reste du continent sans brûler une goutte de diesel.
Derrière les câbles et les pylônes, un projet bien plus ambitieux : rapprocher les peuples, rendre l’Europe plus verte, plus rapide, plus résiliente.
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Rail Baltica :Trois pays, un seul fil conducteur
L’Estonie, la Lettonie, la Lituanie. Trois nations qui, pendant longtemps, roulaient sur des rails soviétiques. Trois pays désormais lancés à pleine vitesse vers l’Ouest, grâce à Rail Baltica, un projet ferroviaire d’une ampleur rarement vue sur le continent.
L’idée ? Créer une ligne à grande vitesse, entièrement neuve, à écartement européen (1 435 mm), permettant aux trains de passagers de filer à 249 km/h, et au fret de circuler à 120 km/h. De Tallinn à Varsovie, en passant par Riga, Kaunas et Białystok, ce tracé deviendra la nouvelle colonne vertébrale logistique du nord-est de l’Europe.
Et comme toujours, derrière un grand projet d’infrastructure, il y a… de l’électricité.
Le contrat géant décroché par Cobra IS
C’est le plus grand chantier d’électrification ferroviaire jamais lancé en Europe.
Le groupement Cobra IS / Elecnor a été choisi pour fournir et installer tout le système électrique du réseau, des sous-stations aux caténaires. Le contrat s’élève à 1,77 milliard d’euros, dont 885 millions d’euros pour la filiale de VINCI.
Le travail se fera en deux grandes étapes :
- Une première phase de 950 millions d’euros, qui démarrera le 1er octobre 2025 et s’achèvera en 2030
- Une seconde, encore à planifier, qui finalisera l’ensemble du tracé
Objectif : livrer une infrastructure prête à accueillir des trains rapides, fiables, silencieux, et surtout, alimentés par une électricité plus propre.
Une première mondiale : dix convertisseurs statiques de fréquence
Pour Rail Baltica, les ingénieurs vont utiliser une technologie jamais déployée à une telle échelle : le Static Frequency Converter (SFC ou Convertisseur statique de fréquence dans la langue de Victor Hugo).
Ces convertisseurs statiques permettent de transformer la fréquence du courant électrique (50 Hz) en une fréquence compatible avec le fonctionnement optimal du matériel roulant. C’est un ajustement de haute précision, presque chirurgical, qui assure une alimentation stable, efficace, et compatible avec les sources renouvelables.
Dix sous-stations SFC seront réparties sur les 870 km du tracé. Ce sera une première mondiale à cette échelle.
L’Europe n’a plus de marge d’erreur
Derrière les discours techniques se cache un enjeu politique brûlant. Depuis la guerre en Ukraine, les pays baltes cherchent à s’arracher définitivement à l’héritage russe, y compris dans les infrastructures. Le projet Rail Baltica, cofinancé à 85 % par l’Union européenne, devient une démonstration de souveraineté autant qu’une nécessité logistique.
C’est aussi un choix environnemental fort. En électrifiant tout le corridor, on évite le diesel, on ouvre la voie au fret vert, et on relie enfin les zones rurales aux centres économiques. Le train reprend ici son rôle d’épine dorsale territoriale, avec, pour la première fois, des trains européens qui iront de Berlin à Tallinn sans changer de rail ni de tension.
D’autres Français embarqués dans l’aventure
VINCI n’est pas seul dans ce voyage. D’autres entreprises tricolores ont embarqué :
- SYSTRA, filiale ingénierie SNCF–RATP, pilote la conception de nombreuses gares et ouvrages d’art
- Egis, autre nom français de référence, s’occupe de la coordination technique et environnementale du chantier
- Colas Rail, du groupe Bouygues, fournit des équipements pour la voie et la signalisation
Un savoir-faire français qui s’exporte ici avec efficacité, discrétion et régularité. Une présence stratégique qui renforce le poids industriel de la France en Europe, sur un créneau où la demande explose.
Le projet Rail Baltica en chiffres :
Élément | Donnée |
---|---|
Longueur électrifiée | 870 kilomètres |
Montant du contrat | 1,77 milliard d’euros |
Part Cobra IS (VINCI) | 885 millions d’euros |
Début des travaux | 1er octobre 2025 |
Fin phase 1 prévue | 2030 |
Sous-stations SFC | 10 |
Vitesse voyageurs | 249 km/h |
Vitesse fret | 120 km/h |
Écartement des rails | 1 435 mm (standard UE) |
Financement UE | Jusqu’à 85 % (CEF) |

Sources : Vinci et Rail Baltica