Cet “effet papillon” du plasma démontré par une équipe coréenne aura de grandes répercussions sur la fusion nucléaire : l’interaction multiscalaire

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Quand une micro-vague dans le plasma chamboule l’univers tout entier.

Une ondulation invisible, minuscule, à l’échelle du millième de millimètre. Pourtant, cette perturbation microscopique déclenche une réaction en chaîne dans le plasma, capable de tout réorganiser à grande échelle. Ce que les théoriciens soupçonnaient depuis des décennies vient d’être confirmé pour la première fois en laboratoire, et c’est une petite révolution à la frontière entre la physique de la fusion nucléaire et l’astrophysique.

Les chercheurs coréens viennent d’ouvrir une nouvelle fenêtre sur le comportement du plasma, ce quatrième état de la matière qui constitue 99 % de l’univers observable et peut-être l’avenir de notre énergie sur Terre !

Lire aussi :

L’interaction multiscalaire, un mystère vieux de 40 ans sur le plasma enfin confirmé

Ce phénomène s’appelle l’interaction multiscalaire, ou multiscale coupling pour les plus anglophones. L’idée paraît simple : une perturbation locale, une petite turbulence magnétique dans le plasma, peut déclencher un basculement de tout le système. Un peu comme un battement d’aile de papillon déclenchant une tempête, sauf que là, c’est dans un nuage d’ions à plusieurs millions de degrés.

Jusqu’ici, tout cela restait théorique. Trop petit pour être observé. Trop rapide. Trop instable.

Pourtant, l’équipe du Pr Hwang Yong-Seok à l’Université nationale de Séoul a réussi à le provoquer, à le filmer, et à le simuler. Une triple validation expérimentale, numérique et théorique, comme on en voit rarement dans le domaine.

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Une expérience de laboratoire au goût de big bang

Le principe est simple en apparence : on injecte un faisceau d’électrons à haute énergie dans un plasma confiné dans un tokamak expérimental. Ce faisceau crée une zone de turbulence locale, qui augmente la résistivité du plasma. Et là, tout s’emballe.

Une reconnexion magnétique s’enclenche, un phénomène connu pour convertir l’énergie magnétique en chaleur et en mouvement, exactement ce qui se passe lors des éruptions solaires ou des orages magnétiques qui frappent la Terre.

La même physique s’applique ici… comme dans l’atmosphère du Soleil, ou dans les nébuleuses de l’espace profond mais à échelle réduite.

Une cascade d’effets validée par supercalculateur

Pour confirmer leurs observations, les chercheurs ont fait tourner le supercalculateur KAIROS du Korea Institute of Fusion Energy. À l’aide de simulations numériques à très haute résolution, ils ont reproduit chaque étape de la réaction en chaîne, du micro-événement jusqu’au bouleversement global du plasma.

Là encore, les données expérimentales et les modèles numériques se superposent presque parfaitement. C’est la preuve que cette fameuse interaction multiscalaire n’est plus une abstraction, mais une réalité physique observable et maîtrisable.

Une avancée qui pourrait changer les règles du jeu dans les futurs réacteurs de fusion, où le comportement du plasma reste le plus gros défi technique.

Fusion, cosmos, Soleil : même combat

Ce phénomène de reconnexion magnétique n’est pas une curiosité de laboratoire. C’est le mécanisme clé des plus grandes explosions d’énergie de l’univers :

  • Les éruptions solaires, qui peuvent griller des satellites entiers,
  • Les sursauts gamma,
  • Ou encore es jets de plasma issus des trous noirs.

Comprendre comment une petite perturbation peut amorcer un événement énergétique majeur, c’est essentiel pour sécuriser nos réacteurs, mais aussi pour prévoir les tempêtes solaires ou comprendre l’origine des flux énergétiques dans les galaxies.

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Une révolution pour les futures centrales à fusion

Ce travail ouvre aussi la voie à une meilleure maîtrise des instabilités dans les réacteurs à fusion, ces machines qui cherchent à reproduire l’énergie des étoiles sur Terre.

Dans les tokamaks comme ITER ou KSTAR, ces micro-instabilités peuvent faire échouer un cycle entier de fusion. Les comprendre, c’est pouvoir les prévenir, les contrôler, voire les exploiter.

Si demain, on peut piloter le plasma comme on pilote un laser, alors la fusion nucléaire ne sera plus un rêve, mais une source propre, inépuisable et stable d’énergie.

Source :

Kinetic turbulence drives MHD equilibrium change via 3D reconnection (en français : “La turbulence cinétique provoque une modification de l’équilibre MHD par reconnexion tridimensionnelle”)

Park, J.Y., Yoon, Y.D. & Hwang, YS.

Nature 644, 59–63 (2025). https://doi.org/10.1038/s41586-025-09345-9

Image : Représentation d’artiste d’un “effet papillon du plasma” (crédit : Aurore Bernier).

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Guillaume AIGRON
Guillaume AIGRON
Très curieux et tourné vers l'économie, la science et les nouvelles technologies, (particulièrement ce qui touche à l'énergie et les entreprises françaises) je vous propose de de découvrir les dernières actualités autour de cette passion

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