Le champion français du rail promet d’augmenter de 2000% le rendement des rames du “vieillissant” réseau américain du New-Jersey

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Alstom décroche un milliard d’euros pour remettre NJ TRANSIT sur les rails du XXIe siècle.

Dans l’État du New Jersey, au nord-est des États-Unis, l’un des opérateurs ferroviaires les plus sollicités du pays vient de confirmer une méga commande passée au constructeur français Alstom : 200 voitures à deux niveaux et 12 locomotives bimodes, pour 1 milliard d’euros.

Une livraison massive destinée à moderniser une flotte épuisée, qui fait parfois figure de relique d’un “autre temps”.

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Pour comprendre ce que cette commande représente, il faut d’abord se rendre un lundi matin sur les quais de Newark Penn Station. Des trains bondés, des sièges élimés, une clim qui tousse, et ce parfum très reconnaissable d’huile chaude et de métal fatigué. Certaines voitures ont plus de 40 ans de service (elles ont connu le président Reagan !). Il suffit d’un signal d’alarme coincé ou d’un câble usé pour retarder des milliers de trajets en quelques minutes.

NJ TRANSIT a décidé d’en finir avec les rustines en se tournant vers une autre génération de matériel, pensée non pas pour durer 5 ou 10 ans, mais pour tenir trois décennies sans broncher, avec plus de fiabilité, plus de confort, et surtout plus de capacité.

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Deux étages, plus de sièges, et zéro locomotive ?

Les nouvelles voitures signées Alstom, appelées Multilevel III, n’ont plus grand-chose à voir avec leurs ancêtres. Elles sont plus légères, plus silencieuses, plus connectées aussi. On y trouve des ports USB, des écrans numériques, des annonces audio automatiques, et une accessibilité retravaillée. Le plancher bas est abandonné, mais la montée à bord est pensée pour les PMR avec des plateformes spécifiques.

Surtout, ces rames sont partiellement autopropulsées. Un train complet peut embarquer 4 voitures motrices sur 12, capables de se passer de locomotive si besoin. En cas de panne, le train continue son trajet. Pas d’évacuation, pas de chaos sur les rails. Juste une solution élégante à un vieux problème.

La capacité sera augmentée de 12 % à taille égale. Ce qui, dans les faits, veut dire des milliers de places en plus chaque jour, sur les lignes les plus saturées.

Des locomotives bimodes, comme un couteau suisse ferroviaire

Les 12 nouvelles locomotives ALP 45 commandées avec cette flotte ont un petit air de compromis bien négocié. Quand elles roulent sur une portion électrifiée, elles passent en mode électrique, silencieuses, propres, sans particules.
Dès qu’elles atteignent une zone non électrifiée, elles basculent automatiquement en mode diesel, avec un moteur de nouvelle génération, conforme aux normes Tier IV américaines, parmi les plus exigeantes du monde.

Alstom en a déjà livré 60 à NJ TRANSIT. Celles-ci viennent renforcer la flotte pour éliminer progressivement les vieilles locomotives diesel encore en service sur certaines lignes secondaires.

Ce choix technologique, c’est un aveu : le réseau n’est pas encore prêt pour le tout-électrique, et il ne le sera pas demain. Alors autant avoir une machine capable de tout faire.

Fiabilité et régularité, enfin

L’une des grandes faiblesses du réseau actuel, c’est la fréquence des pannes lourdes. Certaines voitures réclament une révision tous les 50 000 kilomètres, d’autres doivent être arrêtées en plein service pour des problèmes mineurs qui deviennent majeurs une fois couplés à d’autres dysfonctionnements.

Avec cette génération Multilevel III, Alstom promet 10 à 20 fois plus de kilomètres entre deux réparations critiques (soit un rendement de 1000 à 2000% supérieur). Un gain invisible pour le passager, certes, mais fondamental pour l’opérateur, qui peut enfin tabler sur une flotte capable de tenir ses promesses, même en hiver, même sous tension.

Les premières voitures arriveront dans les mois à venir. Et peu à peu, c’est toute la routine ferroviaire du New Jersey qui va changer de visage.

L’Amérique made in France (ou presque)

Si cette commande fait autant parler, c’est aussi parce qu’elle vient d’un constructeur étranger. Français, même (on connait l’amour que nos voisin outre-Atlantique nous porte). Mais les voitures seront bien assemblées sur le sol américain, conformément aux règles strictes du programme Buy America. Les chaînes de production d’Alstom aux États-Unis tournent à plein régime, avec plus de 12 000 véhicules livrés ou rénovés ces 20 dernières années pour les métropoles de New York, Chicago, San Francisco ou Washington.

La gamme Adessia (à laquelle appartient ce modèle Multilevel) équipe déjà plus de 60 réseaux périurbains dans 15 pays. Quant aux locomotives ALP 45, elles sortent du portefeuille Traxx Passenger, une gamme pensée pour les trajets mixtes, transfrontaliers ou non électrifiés.

Une modernisation très attendue par les usagers… et surveillée de près

Dans les cafés autour de Newark, on entend les usagers dire “Enfin”. Enfin un train qui ne tombera pas en panne dès qu’il pleut. Enfin des wagons où l’on peut s’asseoir sans chercher un coussin oublié. Enfin du Wi-Fi qui capte plus vite que la 4G de son téléphone.

Pour NJ TRANSIT, c’est une question de crédibilité. Pour Alstom, un pari stratégique sur l’Amérique du Nord. Et pour les passagers, un simple soulagement.

Alstom, discret géant du ferroviaire américain

Depuis cinq ans, Alstom s’impose comme un acteur incontournable du rail aux États-Unis. Peu visible dans le débat public, son empreinte industrielle est pourtant bien réelle : rénovation de métro, trains de banlieue, véhicules pour tramways, ou encore rames à grande vitesse. Le groupe français a multiplié les contrats, souvent en tandem avec des agences publiques exigeantes, sur des projets très concrets. Le tout, assemblé sur place, conformément aux règles du programme fédéral “Buy America”. Une stratégie qui porte ses fruits : New York, Chicago, Boston, San Francisco, Washington ou encore Atlanta font désormais appel à lui pour moderniser des flottes souvent vieillissantes.

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Principaux contrats récents d’Alstom aux États-Unis

Projet Client / Ville Année Montant estimé Détails
Multilevel III NJ TRANSIT New Jersey 2023–2025 1,8 milliard d’euros (2 tranches) 374 voitures à deux niveaux + 72 locomotives ALP 45 bimodes
Métro de Chicago (CTA) Chicago, Illinois 2020 1,6 milliard d’euros 490 voitures de métro de nouvelle génération (série 7000), partiellement en co-production
Amtrak Avelia Liberty (Acela II) Nord-Est USA (Boston–Washington) 2016–2023 1,8 milliard d’euros 28 rames à grande vitesse construites à Hornell, NY
MBTA Orange & Red Line Boston, Massachusetts 2014–2024 960 millions d’euros Plus de 400 voitures de métro livrées pour remplacer les anciennes flottes
Streetcar Atlanta Atlanta, Géorgie 2021 75 millions d’euros Tramways modernes pour centre-ville, cofinancés localement
BART Next Generation San Francisco Bay Area 2014–2022 2,3 milliards d’euros 775 voitures pour le réseau BART, fabrication à Hornell et Plattsburgh
WMATA 8000 Series Washington D.C. 2021–2023 880 millions d’euros Contrat en cours pour 256 voitures destinées à remplacer les anciennes séries 2000/3000

 

Source : Alstom

Image : MultiLevel III for NJ.

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Guillaume AIGRON
Guillaume AIGRON
Très curieux et tourné vers l'économie, la science et les nouvelles technologies, (particulièrement ce qui touche à l'énergie et les entreprises françaises) je vous propose de de découvrir les dernières actualités autour de cette passion

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