Un laser de poche français pour percer les secrets de Mars.
Développé en France, MicroLIBS est un instrument scientifique miniaturisé qui pourrait bien devenir un pilier des prochaines explorations de Mars et de la Lune. À peine plus gros qu’une boîte à chaussures, il embarque pourtant assez de technologie pour faire parler les roches de l’espace. Laser, spectromètre, caméra, télescope… tout y est, concentré dans 1,5 kg de pure technologie !
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MicroLIBS : un laser français qui fait parler les cailloux sur Mars
Le principe de base s’appelle LIBS, pour Laser Induced Breakdown Spectroscopy (en français : Spectroscopie d’émission par plasma induit par laser). Il s’agit d’envoyer une impulsion laser sur une roche, ce qui crée un micro-plasma. Ensuite, on analyse la lumière émise pour connaître sa composition chimique élémentaire.
Silicium, fer, magnésium, calcium… rien n’échappe à l’analyse. Même les éléments volatils comme l’hydrogène, le lithium ou le carbone, souvent très difficiles à détecter à distance, sont pris en compte. Ce sont ces analyses qui permettent de comprendre si une roche est d’origine volcanique, sédimentaire… ou peut-être, dans un futur proche, biologique.
Une loupe géologique de très haute précision
MicroLIBS ne se contente pas de pointer et tirer. Il scanne jusqu’à 1 000 points sur 1 cm², avec une précision de l’ordre de 100 microns (la taille d’un cheveu). Cela revient à cartographier la roche à l’échelle de ses cristaux, grains, concrétions et micro-fractures. En croisant texture et composition, on peut reconstituer l’histoire de la formation de la roche, comme une scène de crime géologique.
C’est cette approche ultra-détaillée qui passionne les planétologues. Car sur Mars, comme sur Terre, ce sont souvent les petits détails qui révèlent les grandes histoires. Une minuscule inclusion minérale peut trahir la présence ancienne d’eau. Un grain de phosphate peut suggérer un environnement favorable à la vie.
Un mini-instrument pour maxi-missions
Le grand atout de MicroLIBS, c’est sa taille réduite et son poids plume. Moins de 1,5 kg, avec tous ses composants : laser, spectromètres, caméra et optique. Le tout est prévu pour tenir sur un drone martien à six hélices (un hexacoptère), bien plus mobile qu’un rover à roues.
Imaginez la scène : un petit drone, léger, agile, qui survole des falaises ou des cratères inaccessibles, se pose, tire quelques lasers, analyse les données, et repart. C’est une géologie de précision, rapide et dans des zones jusqu’ici hors d’atteinte.
Le défi technique est corsé. MicroLIBS devra être autonome dans son ciblage, sans mât de visée comme sur les rovers. Et son laser impulsionnel doit être à la fois puissant, stable, et ne pas dépasser… 150 grammes.
Un projet franco-américain, made in Toulouse et Los Alamos
Le développement de MicroLIBS a commencé en 2022. Il est porté par le CNES, l’IRAP (Institut de recherche en astrophysique et planétologie) et l’Observatoire Midi-Pyrénées, en partenariat avec les Américains du Los Alamos National Laboratory (la même équipe qui a fait naître ChemCam et SuperCam pour les plus avertis).
La phase de design a duré deux ans. L’instrument est actuellement en intégration au CNES, à Toulouse. Le premier tir laser a eu lieu fin septembre 2025 en salle blanche. Si tout va bien, la version finale sera prête avant la fin de l’année.
Et la suite ? Préparer son embarquement sur une mission lunaire ou martienne. Car MicroLIBS est taillé pour les missions de demain : compactes, agiles, réactives. Fini les tonnes de charge utile. Place à l’instrumentation de poche qui voit large !
Mars : des argiles, du carbone… et des indices troublants
Pendant ce temps, sur Mars, Perseverance continue son exploration du cratère Jezero. Il y a découvert des roches sédimentaires enrichies en carbone organique, soufre, phosphore et fer oxydé. Un cocktail chimique potentiellement compatible avec un ancien métabolisme microbien.
Mais attention : ces éléments peuvent aussi être produits sans intervention biologique. La géochimie martienne est maligne, et aime brouiller les pistes. Pour lever le doute, les échantillons sont conservés pour un retour sur Terre, où des laboratoires ultra-sensibles pourront trancher.
C’est là que MicroLIBS pourrait devenir un atout majeur. En fournissant sur place une cartographie fine de la chimie, il aidera à sélectionner les échantillons les plus prometteurs. Ceux qui feront le voyage retour pour peut-être, révéler un jour que les terriens jamais été seuls dans ce système solaire !

Source : CNES