Le ciel ne suffit plus. Pour répondre à l’explosion du trafic aérien mondial, Airbus déploie une stratégie d’expansion de ses services qui ne se contente plus de construire des avions. Elle consiste désormais à les accompagner pendant tout leur cycle de vie, avec des perspectives économiques qui donnent le vertige : 311 milliards de dollars en 2044, contre 141 milliards en 2025.
Un marché qui double, un potentiel démultiplié
La flotte commerciale mondiale de plus de 100 sièges devrait presque doubler pour atteindre 49 000 avions d’ici 2044. Et ce n’est pas une simple inflation de machines : Airbus anticipe également le doublement du trafic passager, qui passera de 5 à 10 milliards de passagers par an.
Avec un avion sur deux dans le ciel mondial portant les couleurs d’Airbus, le constructeur se positionne en acteur central de la chaîne de services aéronautiques : disponibilité, connectivité, entretien, recyclage.
Cinq segments clés dans le domaine des services :
Off-wing maintenance : L’enjeu de la longévité
2025 : 107 milliards USD | 2044 : 218 milliards USD
Ce segment concentre la plus forte valeur, car il repose sur un phénomène mécanique : le vieillissement de la flotte. Plus les avions volent, plus ils doivent visiter les ateliers.
- 85 % de cette activité repose sur l’approvisionnement en pièces détachées et la capacité de réparation.
- L’enjeu est de minimiser les temps d’arrêt, tout en maîtrisant les coûts de matériaux et de main-d’œuvre.
- Cela suppose une logistique mondiale fluide, synchronisée avec les plannings des opérateurs.
On-wing maintenance : Garder les avions en ligne
2025 : 21 milliards USD | 2044 : 34 milliards USD
Ce segment comprend les interventions directement sur l’avion : inspections, maintenances légères, contrôles fréquents.
Il suit l’augmentation mécanique de la flotte et impose une capacité à intervenir :
- Sur tous les fuseaux horaires
- Dans des délais très courts
- Avec des équipes formées et outillées
Le défi est ici opérationnel : ne pas retarder un vol, tout en assurant la conformité réglementaire.
Modifications & upgrades : Prolonger la vie utile
2025 : 12 milliards USD | 2044 : 17 milliards USD
Un avion ne reste pas statique. Il évolue avec les normes, les attentes passagers et les objectifs économiques des compagnies.
- Reconfigurations cabine
- Mises à jour des systèmes embarqués
- Adaptations pour prolonger la durée de vie
Il s’agit d’injecter de la valeur dans les cellules existantes, avec une ingénierie précise, planifiée en fonction des arrêts techniques.
Digital & connectivity : L’effet de levier algorithmique
2025 : 9 milliards USD | 2044 : 26 milliards USD
Ce segment connaît la croissance la plus rapide. Il transforme l’avion en objet connecté, apte à remonter des données en temps réel et à optimiser chaque paramètre de vol.
- Économies de carburant via des trajectoires optimisées
- Maintenance prédictive en amont des défaillances
- Expérience passager fluide et continue
Selon Airbus, le passage de 11 000 avions connectés aujourd’hui à 40 000 en 2044 pourrait générer 83 milliards USD d’économies opérationnelles annuelles.
Training : Former les humains derrière la machine
2025 : 10 milliards USD | 2044 : 17 milliards USD
Pas d’aviation sans compétences. Airbus prévoit la formation de :
- 633 000 nouveaux pilotes
- 705 000 nouveaux techniciens
- 1 010 000 nouveaux membres d’équipage cabine
Soit plus de 2,35 millions de professionnels à former d’ici 2044.
Il s’agit non seulement de remplacer les départs, mais aussi de maîtriser des systèmes toujours plus complexes et intégrés.
Vers de nouveaux territoires de services
Airbus intègre deux segments complémentaires en phase d’industrialisation :
Maintenance operations support
Des services transverses pour fluidifier la gestion MRO :
- Ingénierie centralisée
- Gestion des stocks
- Planification multi-flotte
Ground operations
Ici, tout se joue entre l’atterrissage et le redécollage. Ce segment cible :
- Les gains de temps au sol
- L’optimisation des équipements d’escale
- Les nouvelles interfaces technologiques entre avion et aéroport
Les régions qui tireront la croissance
Trois zones domineront en valeur absolue :
- Chine
- Europe et CEI
- Amérique du Nord
Mais les plus fortes croissances annuelles moyennes (CAGR) seront observées en :
- Asie du Sud
- Chine
- Asie-Pacifique
Ces dynamiques s’expliquent à la fois par la croissance démographique, l’émergence d’une classe moyenne aérienne, et le rattrapage en infrastructures de services.