Quatre grues Liebherr au front sur le Sognefjord.
Sur les rives battues par les vents du Sognefjord, dans l’ouest de la Norvège, se dresse un des chantiers les plus spectaculaires d’Europe : le pont Ytre Steinsund, un ouvrage stratégique destiné à améliorer l’accès à la région de Hardbakke d’ici fin 2026.
Pour dompter ce relief ciselé par les fjords et les éléments, les équipes ont mobilisé quatre grues à tour high-top Liebherr conçues pour affronter des conditions extrêmes : rafales imprévisibles, mer agitée et délai serré. Retour sur ce chantier de l’extrême à 2h de vol de Paris !
Lire aussi :
- Ce pays construit 29 km d’autoroute par jour et ce pont colossal est un symbole de sa nouvelle puissance acquise dans la construction
- Personne ne verra jamais ce chantier colossal dans la 3e plus grosse agglomération du Canada qui pourrait pourtant sauver 2,5 millions de personnes en cas de séisme
Le pont Ytre Steinsund et ses 4 grues Liebherr à l’assaut des éléments
Un pont de bout du monde, taillé pour résister contre vents et marées
Le futur pont Ytre Steinsund s’élèvera dans l’un des décors les plus sauvages d’Europe : la côte ouest de la Norvège, au niveau du détroit de Steinsund, dans la municipalité de Solund. L’objectif est de relier l’île de Ytre Sula au continent sans avoir recours aux ferrys, en enjambant une portion agitée du Sognefjord, le plus long fjord d’Europe. L’ouvrage mesurera plus de 600 mètres de long, avec plusieurs piles ancrées directement dans le lit marin. Il sera conçu pour résister à des vents dépassant fréquemment les 100 km/h, des vagues de tempête et des températures négatives prolongées, caractéristiques de cette région isolée.
La configuration choisie est un pont haubané mixte acier-béton, capable de supporter aussi bien des véhicules légers que des convois de fret, avec des zones de passage pour piétons et cyclistes, intégrées dans une logique de développement rural durable. Au-delà de la prouesse technique, ce pont représente un lien vital pour les habitants de Hardbakke et des îles environnantes : il réduira considérablement les temps de trajet, améliorera l’accès aux soins, à l’éducation et à la logistique, et désenclavera une zone jusqu’ici dépendante de la météo maritime.
Des colosses pour épauler un chantier titanesque
Trois grues 280 EC-H 12 Litronic, avec une hauteur sous crochet de 60,3 mètres et une portée jusqu’à 60 mètres, travaillent main dans la main avec une 132 EC-H plus compacte (27,5 mètres sous crochet). Leur mission : hisser sans faille des éléments en béton et acier livrés par bateau, puis les déposer au centimètre près sur les piles du pont. Même lorsque la mer fait danser les barges, le système de commande Litronic assure des mouvements fluides et précis.
Dans une zone où le vent peut changer de direction en quelques secondes, la réactivité du pilotage automatique est bien plus qu’un luxe. C’est une question de sécurité et d’efficacité.
Un puzzle d’acier ancré dans la roche… ou dans l’eau
Chaque grue repose sur une fondation adaptée à sa position. Trois d’entre elles utilisent des châssis en croix et des socles massifs en béton ancrés au sol. La quatrième, en revanche, est un cas d’école : elle est installée directement dans le fjord, sur un cadre en acier sur mesure ancré au fond marin, dont une partie dépasse en porte-à-faux au-dessus de l’eau.
Ce montage permet à la grue de couvrir une zone autrement inaccessible depuis la terre ferme.
Des grues au service d’un ballet logistique millimétré
Sur ce chantier, les grues ne se contentent pas de soulever. Elles coordonnent un ballet logistique où chaque élément du pont est livré par voie maritime, puis transféré en vol direct sur son emplacement final.
Ce projet démontre la fiabilité des grues Liebherr dans les conditions parmi les plus exigeantes d’Europe. Grâce à leur technologie embarquée, leur conception modulaire, et une capacité de levage optimisée pour les grands éléments structurels, elles assurent une cadence soutenue malgré les caprices du climat norvégien.

Une Europe vit une période intense de renforcement de ses infrastructures
Le chantier du pont Ytre Steinsund n’est pas un cas isolé. L’Europe vit actuellement une période intense de renforcement de ses infrastructures, avec une série de projets autoroutiers, ferroviaires et portuaires ambitieux, souvent dans des environnements aussi complexes que celui du Sognefjord. En Allemagne, le doublement du tunnel du Fehmarnbelt entre l’île de Fehmarn et le Danemark promet de relier le continent à la Scandinavie via une voie immergée longue de 18 kilomètres. En France, le Grand Paris Express avance à vive allure avec ses tunneliers géants et ses stations futuristes réparties sur plus de 200 kilomètres de lignes nouvelles. En Espagne, le projet du corridor méditerranéen transforme la façade est du pays en axe logistique structurant pour l’Europe du Sud.
Enfin, impossible de ne pas parler du projet ligne grande vitesse de plus de 700 km en Europe de l’Est Rail Baltica (pour lequel Cobra IS, filiale du Français VINCI est notamment impliqué) qui projette de relier tous les pays baltes au reste de l’Europe
Principaux projets d’infrastructure en Europe en 2025 (en cours ou programmés)
Projet | Pays | Type | Budget estimé | Date d’achèvement |
---|---|---|---|---|
Pont Ytre Steinsund | Norvège | Pont côtier | Confidentiel | 2026 |
Tunnel du Fehmarnbelt | Allemagne / Danemark | Tunnel immergé | 7,1 milliards d’euros | 2029 |
Grand Paris Express | France | Métro automatique | 35 milliards d’euros | 2030 |
Corridor méditerranéen | Espagne | Ligne ferroviaire / fret | 20 milliards d’euros | 2033 |
Modernisation ligne Rail Baltica | Pays baltes / Pologne | Ligne TGV / fret | 6 milliards d’euros | 2030 |
Source : Liebherr