Un accord a été signé hier entre Airbus (AIR), Leonardo (LDO) et Thales (HO) pour donner naissance à une entreprise commune spécialisée dans les systèmes spatiaux. Cette nouvelle entité européenne, attendue pour 2027 sous réserve des autorisations réglementaires, ambitionne de regrouper et valoriser les activités industrielles et de services spatiaux des trois groupes.
Un objectif affirmé : autonomie stratégique européenne
Le regroupement ne se limite pas à une logique industrielle ou économique. Il s’inscrit dans une dynamique géopolitique plus large : renforcer l’autonomie stratégique de l’Europe dans le spatial, secteur aujourd’hui central pour les télécommunications, la navigation mondiale, l’observation de la Terre, les missions scientifiques et la sécurité nationale.
Quels apports concrets des trois industriels ?
L’entreprise future reposera sur une combinaison d’actifs technologiques et industriels complémentaires :
- Airbus apportera ses divisions Space Systems et Space Digital, issues d’Airbus Defence and Space.
- Leonardo intégrera sa division spatiale ainsi que ses parts dans Telespazio et Thales Alenia Space.
- Thales contribuera par ses participations dans Thales Alenia Space, Telespazio et Thales SESO.
L’ensemble devrait représenter environ 25 000 salariés répartis sur le territoire européen.
Un portefeuille complet, de l’infrastructure aux services
La nouvelle entité opérera sur toute la chaîne de valeur spatiale, à l’exception des lanceurs. Son offre couvrira :
- La conception et la fabrication de systèmes satellitaires
- Les services spatiaux liés à l’observation, la communication et la navigation
- Les solutions intégrées pour les programmes souverains nationaux et européens
Des ambitions industrielles et commerciales à l’échelle mondiale
Cette entreprise ambitionne de conquérir de nouveaux marchés à l’export grâce à un portefeuille élargi et à une meilleure compétitivité prix. À terme, elle espère générer des revenus supplémentaires significatifs, en bénéficiant de synergies techniques et commerciales dans les domaines suivants :
- Ingénierie conjointe
- R&D mutualisée
- Rationalisation des capacités de production
- Gestion de projets à l’échelle transnationale
Les estimations internes prévoient des synergies de plusieurs centaines de millions d’euros par an sur le résultat opérationnel, cinq ans après la finalisation du rapprochement. Les coûts nécessaires pour les atteindre resteraient dans les standards du secteur.
Un pilotage tripartite sous contrôle équilibré
L’actionnariat du futur groupe sera réparti de manière suivante :
- Airbus : 35 %
- Leonardo : 32,5 %
- Thales : 32,5 %
La gouvernance sera partagée de façon équitable, garantissant à chaque acteur un pouvoir de décision aligné avec sa participation.
Une assise financière robuste dès la naissance
Le chiffre d’affaires pro-forma de l’année 2024 s’élèverait à environ 6,5 milliards d’euros, avec un carnet de commandes couvrant plus de trois années d’activité. De quoi assurer une visibilité de long terme et consolider la présence européenne face aux géants internationaux du secteur.
Un levier d’innovation par la R&D mutualisée
Au-delà des effets d’échelle, le projet vise une accélération de l’innovation, en mettant en commun les capacités de recherche-développement des trois groupes. Objectifs déclarés :
- Maintenir une position à l’avant-garde des missions spatiales
- Faire émerger de nouveaux programmes répondant aux besoins souverains
- Créer des solutions intégrées infrastructure + services sur mesure
Un ancrage fort dans le tissu industriel européen
Ce rapprochement vise aussi à offrir plus de stabilité aux sous-traitants et PME européennes du spatial. En formant une structure intégrée et durable, les trois industriels entendent améliorer la prévisibilité des flux industriels, tout en élargissant les débouchés technologiques pour l’écosystème spatial européen dans son ensemble.
Une dynamique sociale et humaine assumée
Les partenaires ont clairement intégré la dimension humaine du projet. Les représentants du personnel seront informés et consultés selon les législations et conventions collectives en vigueur dans chaque pays.
Les 25 000 collaborateurs de la future entité bénéficieront d’un cadre élargi pour l’évolution de leurs carrières, dans un environnement résolument tourné vers la pluridisciplinarité et l’international.
Une déclaration commune qui acte un tournant
“Ce projet constitue une étape déterminante pour l’industrie spatiale européenne. En unissant nos talents, nos ressources et nos expertises, nous visons une croissance durable, une innovation accrue et une création de valeur partagée. Cette initiative s’inscrit dans la volonté des gouvernements européens de renforcer leur souveraineté industrielle et technologique dans l’espace, tout en offrant de nouvelles perspectives à nos collaborateurs.”
Déclaration conjointe de Guillaume Faury (Airbus), Roberto Cingolani (Leonardo) et Patrice Caine (Thales)