La France subit son bilan le plus désastreux pour un deuxième trimestre depuis 2016, surpassant largement les taux de défaillance d’avant la crise.
Les défaillances ont grimpé de 35% par rapport au deuxième trimestre de 2022. Les défaillances des PME et des ETI atteignent un sommet inégalé depuis plus d’une décennie. Avec 55 700 emplois en péril, nous n’avons pas vu un tel niveau depuis 2014.
Les secteurs de la restauration, du petit commerce et du transport routier sont les plus vulnérables, tandis que le secteur de la construction montre encore une certaine résistance.
L’Ile-de-France, la Nouvelle Aquitaine et l’Occitanie enregistrent des niveaux de défaillance comparables à ceux du deuxième trimestre 2016.”
Analyse des défaillances d’entreprises
Le deuxième trimestre 2023 a vu une augmentation alarmante de 35% du nombre de défaillances d’entreprises, atteignant son niveau le plus élevé depuis 2016. Entre le 1er avril et le 30 juin 2023, 13 266 entreprises ont fait faillite, ce qui représente une hausse de 35% par rapport à la même période en 2022.
Ce chiffre dépasse maintenant celui du printemps 2017 (13 000), mais reste inférieur à celui de 2016 (14 000). Sur une période de 12 mois, le nombre d’entreprises défaillantes a franchi la barre des 50 000, un niveau comparable à celui de février 2020, juste avant la crise du Covid. Un autre indicateur du durcissement du deuxième trimestre est le nombre de procédures de sauvegarde (431), qui est presque à son plus haut niveau historique. Les liquidations judiciaires (LJ) ont également connu une forte hausse, avec près de 9400 liquidations prononcées, un chiffre proche de celui du deuxième trimestre 2016 (9700).
En revanche, les procédures de redressement judiciaire (RJ) n’ont pas encore retrouvé les niveaux de 2019, avec moins de 3500 redressements ouverts contre plus de 3700 au deuxième trimestre 2019. « Le nombre moins élevé de redressements judiciaires par rapport à l’époque pré-Covid, mais un nombre plus élevé de liquidations judiciaires, met en évidence la détresse financière profonde des entreprises actuellement en défaut », souligne Thierry Millon.
Régions les plus touchées
En termes de régions, l’Ile-de-France est la plus touchée, avec une augmentation de 8,5% des défaillances d’entreprises. Elle est suivie de près par la région Auvergne-Rhône-Alpes, qui a connu une augmentation de 8,3%.
Impact des défaillances d’entreprises sur l’emploi
La forte augmentation des défaillances de PME et ETI a eu des conséquences dramatiques sur l’emploi, avec plus de 55 000 emplois menacés, un niveau inédit depuis 2014. Historiquement, les TPE sont les plus touchées par les défaillances : au deuxième trimestre, 12 130 entreprises défaillantes comptaient moins de 10 salariés, soit 91% du total des procédures. Cependant, l’augmentation est bien plus prononcée chez les PME et ETI.
Les PME et ETI particulièrement touchées
Alors que les défaillances de TPE ont augmenté de 33% par rapport au deuxième trimestre 2022 (9095), les PME et ETI ont enregistré une hausse de 55% du nombre de procédures. 1 136 PME et ETI ont fait défaut au cours du deuxième trimestre, contre 731 un an plus tôt. Le nombre de défaillances d’entreprises de plus de 10 salariés est au plus haut depuis plus de dix ans. Au printemps 2013, on comptait 1289 défaillances.
Les emplois menacés atteignent un niveau record
Dans ce contexte, le nombre d’emplois menacés a dépassé pour la première fois la barre des 55 000, un seuil qui n’avait pas été atteint depuis le deuxième trimestre 2014.
Résilience des jeunes entreprises
Les très jeunes entreprises de moins de 3 ans, créées à la sortie de la crise sanitaire dans un contexte de reprise économique, ont fait preuve de plus de résilience. Le nombre de défaillances dans cette catégorie a diminué de plus de 5%.
À noter que les défaillances dans cette même catégorie avaient augmenté de plus de 130% l’année précédente. Il s’agissait alors d’entreprises créées en pleine crise et de confinements répétés.
Par comparaison, les chiffres du deuxième trimestre 2023 étaient donc attendus moins sévères. 1657 entreprises de moins de trois ans ont fait défaut, un chiffre bien inférieur aux 2000 procédures ouvertes au cours du deuxième trimestre 2019. Comme le précise Thierry Millon, “Les entreprises créées à la fin de la crise ont émergé dans l’adversité, avec des projets très préparés, solidement financés, et une appréhension de la crise passée.
La restauration : un secteur fortement touché
Au cours du deuxième trimestre, 1477 établissements de restauration ont fait faillite, soit une augmentation de 53%. Ce chiffre marque un retour à la sinistralité observée au printemps 2016. La restauration rapide est particulièrement touchée avec 646 défaillances, soit une hausse de 64%, un record historique. La restauration assise n’est pas en reste avec 767 défaillances, soit une augmentation de 43%, le nombre le plus élevé depuis le deuxième trimestre 2018. Les débits de boisson, avec 264 défaillances, soit une hausse de 50%, retrouvent le niveau de 2019.
Hébergement : une situation encore en dessous du niveau pré-Covid
Le secteur de l’hébergement, avec 78 défaillances, soit une augmentation de 32%, reste bien en dessous de son niveau d’avant la crise du Covid.
Comment rendre son site et son entreprise visible sur Google ?
Commerce : une dégradation nette de la situation
La situation dans les activités de détail s’est nettement dégradée avec 1805 défaillances, soit une hausse de 35%, un niveau jamais atteint depuis le deuxième trimestre 2016. Le commerce et la réparation de véhicules, avec 546 défaillances, soit une hausse de 33%, n’ont pas connu de deuxième trimestre plus sinistré sur la décennie.
Services aux particuliers : une sinistralité en hausse
Le secteur des services aux particuliers est porté par les activités de coiffure et les instituts de beauté qui connaissent une sinistralité au plus haut sur dix ans avec 459 défaillances, soit une hausse de 35%. Dans les autres activités, la santé humaine et l’action sociale accusent une augmentation record avec 240 défaillances, soit une hausse de 90%. Les défaillances atteignent des seuils jamais observés sur dix ans dans l’aide à domicile, les crèches et les cabinets dentaires.
Les mesures de sauvegarde
Face à cette situation, de nombreuses entreprises ont mis en place des mesures de sauvegarde pour tenter de surmonter leurs difficultés. Le nombre de procédures de sauvegarde a augmenté de 2,1% par rapport à la même période en 2022.
Les secteurs les plus proactifs
Les secteurs qui ont le plus recours à ces mesures sont l’industrie manufacturière et le commerce, qui représentent respectivement 22,1% et 21,2% des procédures de sauvegarde.
Les régions les plus proactives
En termes de régions, l’Ile-de-France est la plus proactive, avec 28,5% des procédures de sauvegarde. Elle est suivie de près par la région Auvergne-Rhône-Alpes, qui représente 23,3% des procédures.
Conclusion
Le deuxième trimestre de 2023 a été marqué par une augmentation des défaillances d’entreprises en France. Cependant, de nombreuses entreprises ont mis en place des mesures de sauvegarde pour tenter de surmonter leurs difficultés. Il est essentiel pour les entreprises de continuer à surveiller de près leur situation financière et de prendre les mesures nécessaires pour assurer leur survie.