Les microplastiques, ces particules inférieures à 5 mm, se retrouvent aujourd’hui dans toutes les strates de notre environnement, y compris dans l’eau potable. L’étude publiée récemment dans PLOS Water met en lumière leur prévalence alarmante et leurs implications potentielles pour la santé humaine.
Une présence massive dans l’eau embouteillée et du robinet
Les chercheurs ont examiné dix marques d’eau embouteillée et un échantillon d’eau du robinet collecté dans la métropole de Toulouse. Les résultats révèlent des concentrations comprises entre 19 et 1 154 particules par litre dans les eaux embouteillées, et jusqu’à 413 particules par litre dans l’eau du robinet. Plus inquiétant encore, 98 % de ces particules mesurent moins de 20 microns, une taille suffisante pour pénétrer les tissus humains et s’accumuler dans les organes.
Des lacunes dans les normes européennes
L’Union européenne a récemment introduit une méthodologie pour mesurer les microplastiques dans l’eau potable, fixant un seuil de détection à 20 microns. Cependant, cette étude démontre que la majorité des particules détectées se situent en dessous de cette limite. Ignorer cette fraction pourrait gravement sous-estimer l’exposition réelle des consommateurs.
Des sources multiples, mais le plastique en bouteille en question
Malgré leur stockage dans des bouteilles en polyéthylène téréphtalate (PET), les eaux analysées montrent une contribution marginale de ce matériau aux microplastiques détectés. Cela suggère que les sources principales de contamination sont externes, incluant les processus industriels et les interactions avec l’air ambiant.
Les implications pour la santé humaine
Les microplastiques, notamment ceux inférieurs à 10 microns, présentent un risque accru pour la santé. Ils peuvent traverser la barrière intestinale, circuler dans le sang et potentiellement atteindre des organes vitaux. De plus, certaines de ces particules sont des vecteurs pour des polluants organiques persistants ou des additifs chimiques aux effets endocriniens.
Des études toxicologiques préliminaires montrent des impacts sur le foie, le système reproducteur et même une association possible avec des maladies cardiovasculaires. Bien que des recherches à long terme soient nécessaires, ces résultats appellent à une vigilance accrue.
Progrès méthodologiques pour des analyses fiables
L’équipe de recherche a élaboré un protocole innovant, combinant la microscopie Raman et un post-traitement automatisé des données, permettant de détecter des particules aussi petites qu’un micron. Cette avancée est essentielle pour combler les lacunes des approches actuelles, souvent limitées par des seuils de détection élevés.
Infusions contaminées : des milliards de particules de microplastiques dans votre thé quotidien
Bientôt une réglementation renforcée ?
Les résultats de cette étude plaident pour une révision des normes européennes afin d’inclure les particules de 1 à 20 microns. Une telle démarche alignerait la réglementation avec les preuves scientifiques actuelles et renforcerait la protection des consommateurs.
Agir avant qu’il ne soit trop tard
L’omniprésence des microplastiques dans l’eau potable est un rappel poignant de l’impact de nos activités sur la planète. Il est impératif que les gouvernements, les scientifiques et les industriels travaillent ensemble pour améliorer les techniques de détection, réduire les sources de pollution et informer le public des risques. Seule une réponse collective et proactive permettra de limiter cette menace insidieuse.
Source de l’article : https://doi.org/10.1371/journal.pwat.0000250