Un projet ambitieux piloté par l’université de Surrey, nommé SignGPT, vise à révolutionner la communication entre les personnes sourdes et entendantes. Doté d’un financement de 10 millions d’euros accordé par le UK Engineering & Physical Sciences Research Council, ce projet se concentre sur le développement d’un modèle d’intelligence artificielle capable de traduire entre langues signées et langues parlées.
Une technologie au service de l’accessibilité
SignGPT a pour objectif de permettre la traduction automatique de langues parlées en langue des signes sous forme d’animations photo-réalistes, mais aussi l’interprétation de vidéos en langue des signes vers du texte ou de la parole. Ce défi, d’une grande complexité, n’a jamais été entièrement résolu jusqu’à présent.
Selon le professeur Richard Bowden, chercheur principal de l’université de Surrey, ce projet représente une avancée majeure pour l’inclusivité :
« Ce n’est pas une question de remplacer les humains, mais de garantir que la communauté sourde ne soit pas mise à l’écart dans cette ère de transformation rapide. SignGPT permettra un accès équitable à l’information et une communication fluide entre les mondes sourds et entendants. »
Un partenariat interdisciplinaire et inclusif
Le projet repose sur une collaboration entre des institutions prestigieuses comme l’université d’Oxford, le Deafness Cognition and Language Research Centre (DCAL) de l’University College London (UCL), ainsi que des organisations dirigées par des personnes sourdes, telles que le Royal Association for Deaf People (RAD). Cette synergie réunit des experts en vision par ordinateur, des linguistes spécialisés en langue des signes et des membres de la communauté sourde.
La professeure Bencie Woll, co-chercheuse au DCAL et pionnière dans l’étude des langues des signes, souligne l’importance de cette approche collaborative :
« Ce projet unique rassemble des scientifiques, des linguistes et des chercheurs sourds et entendants pour atteindre un objectif commun. »
Comprendre les défis des langues des signes
Contrairement à une idée reçue, il n’existe pas de langue des signes universelle. Les langues des signes sont des systèmes linguistiques naturels, développés au fil des siècles par les communautés sourdes. Elles possèdent une grammaire et un lexique propres, utilisant des gestes manuels, des expressions non-manuelles (visage, posture) et des éléments spatiaux pour véhiculer des significations complexes.
De nombreuses personnes sourdes considèrent la langue des signes comme leur langue principale, tandis que les langues écrites ou parlées peuvent représenter une seconde, voire une troisième langue. Cela rend les outils de traduction encore plus essentiels pour combler ces écarts linguistiques.
Produire le plus grand jeu de données en langue des signes
Un des volets les plus innovants du projet SignGPT est la création de la plus grande base de données au monde dédiée à la langue des signes. Ces données alimenteront le développement d’un modèle d’apprentissage profond qui pourra, à terme, répondre aux besoins variés de la communauté sourde, tout comme les modèles linguistiques actuels le font pour les langues écrites ou parlées.
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Une approche éthique et centrée sur les personnes sourdes
Le projet intègre activement des membres de la communauté sourde dans le processus de recherche et de développement. Mark Wheatley, directeur général de RAD, met en avant cette démarche :
« Nous veillerons à ce que l’approche reste centrée sur les personnes, en garantissant l’éthique et la précision des traductions pour un usage quotidien. »
Par ailleurs, des outils d’annotation de données et des démonstrations accessibles seront développés en open source pour favoriser un échange de connaissances au sein de la communauté scientifique et linguistique.
Former une nouvelle génération de chercheurs sourds
Un des objectifs clés de SignGPT est de bâtir des compétences au sein de la communauté sourde afin qu’elle puisse, à l’avenir, jouer un rôle de premier plan dans le domaine des technologies liées à la langue des signes.
La professeure Kearsy Cormier, co-chercheuse à l’UCL, insiste sur l’importance de cette vision à long terme :
« Ce projet est une opportunité d’apprentissage mutuel entre chercheurs sourds et entendants, tout en développant la capacité des chercheurs sourds à devenir leaders dans ce domaine. »
Des applications concrètes pour une société inclusive
En plus des traductions, SignGPT vise à développer des outils concrets comme des démonstrations web, des programmes de sensibilisation et des ateliers collaboratifs. Ces initiatives permettront de rapprocher les mondes sourds et entendants, tout en offrant à la communauté sourde des solutions adaptées à ses besoins quotidiens.
SignGPT n’est pas seulement un projet technologique ; il est une réponse directe aux besoins de millions de personnes sourdes ou malentendantes à travers le monde. En combinant innovation technologique, inclusion et collaboration, il ouvre la voie à une communication plus fluide et équitable, contribuant à renforcer l’accès à l’information pour tous.
Source de l’article : https://www.surrey.ac.uk/news/signgpt-project-awarded-ps845m-build-sign-language-ai-model-deaf-community