Slime marin sur les coques des navires : 80 % de consommation de carburant en plus

Date:

Le transport maritime, essentiel au commerce mondial, est confronté à un problème coûteux et souvent négligé : l’accumulation de biofilm, ou “slime marin”, sur les coques des navires. Cette couche visqueuse entraîne une augmentation de la consommation de carburant, des émissions de CO2 plus élevées et, par conséquent, des coûts accrus pour les opérateurs et les consommateurs. Une étude récente menée par l’Institut royal de technologie KTH apporte un éclairage innovant sur ce phénomène et propose des solutions prometteuses.

Comprendre le phénomène du biofilm : un frein invisible mais significatif

Le processus de formation du biofilm débute par l’attachement de micro-colonies de bactéries sur la surface de la coque du navire. Ces bactéries créent des structures de base qui servent de point d’ancrage pour des formations filamenteuses, appelées “streamers”. Ensemble, ces structures et streamers engendrent des irrégularités à la surface de la coque, augmentant la friction avec l’eau.

Cornelius Wittig, doctorant en mécanique des fluides à KTH, explique que cette friction accrue peut avoir des conséquences importantes. Une coque couverte d’un mince biofilm peut nécessiter une augmentation de la puissance de l’arbre de transmission d’un navire de 18 %, ce qui peut se traduire par une hausse de 80 % de la consommation de carburant.

Une modélisation pour mieux anticiper

Les chercheurs de KTH ont développé un modèle capable d’estimer la vitesse et l’ampleur de la croissance du biofilm sur les coques de navires. L’objectif est de permettre aux exploitants maritimes de planifier le nettoyage de leurs coques à des intervalles optimaux, évitant ainsi des pertes inutiles de carburant.

Actuellement, de nombreux navires ne sont nettoyés qu’après une hausse notable de la consommation de carburant. Wittig souligne que cette approche réactive est peu efficace : “À ce stade, il est souvent trop tard et une grande quantité de carburant a déjà été gaspillée.”

Le modèle développé par l’équipe de KTH repose sur l’analyse de la contrainte de cisaillement exercée par les flux d’eau sur la coque. Ces contraintes influencent directement la vitesse de croissance des streamers et, par conséquent, l’intensité du fouling. La recherche montre que ces contraintes peuvent être estimées à partir de la vitesse du navire, fournissant ainsi des prédictions approximatives mais exploitables pour planifier les nettoyages.

La Chine va changer le secteur du transport maritime à tout jamais grâce à ce navire de 1450 tonnes à hydrogène destiné aux conteneurs

Un équilibre entre coûts et bénéfices

L’un des enjeux majeurs est de déterminer à quel moment le nettoyage devient économiquement avantageux. “Les économies potentielles réalisées grâce au nettoyage doivent être suffisantes pour compenser les coûts liés à l’entrée en cale sèche et aux procédures de nettoyage”, explique Wittig. Avec des prédictions fiables, les opérateurs pourraient ajuster leurs calendriers de maintenance pour maximiser les économies et minimiser l’impact environnemental.

Des applications au-delà du transport maritime

Les implications de cette recherche vont bien au-delà des coques de navires. Le biofilm pose également des problèmes dans des domaines tels que la médecine et la dentisterie, où des formations similaires peuvent obstruer des dispositifs médicaux tels que les stents ou les cathéters.

Wittig note également que les streamers, en oscillant dans les flux de liquide, peuvent intensifier les frictions non seulement dans l’eau, mais aussi dans les canalisations ou autres environnements confinés. Ces effets ouvrent la voie à des recherches supplémentaires dans des conditions plus complexes et réalistes.

Une avancée prometteuse pour un secteur en quête d’efficacité

Cette étude, publiée dans la revue NPJ Biofilms and Microbiomes, offre une nouvelle perspective sur la gestion des biofilms dans le transport maritime. Bien qu’il reste nécessaire de valider ces modèles dans des conditions opérationnelles, les premiers résultats montrent un potentiel important pour réduire les coûts et les émissions.

Pour les opérateurs maritimes, anticiper le nettoyage des coques en fonction de données scientifiques pourrait transformer leur approche, permettant des gains substantiels en carburant et une contribution significative à la réduction des émissions de CO2.

Source de l’article : http://dx.doi.org/10.1038/s41522-024-00633-2

Notre site est un média approuvé par Google Actualité.

Ajoutez Media24.fr dans votre liste de favoris pour ne manquer aucune news !

Nous rejoindre en un clic
Suivre-Media24.fr

Eric GARLETTI
Eric GARLETTIhttps://www.eric-garletti.fr/
Je suis curieux, défenseur de l'environnement et assez geek au quotidien. De formation scientifique, j'ai complété ma formation par un master en marketing digital qui me permet d'aborder de très nombreux sujets.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Articles connexes

Airbus Skynet 6A : Le stellite Britannique trois fois plus puissant que ses prédécesseurs

Le satellite Skynet 6A est un engin de télécommunication développé pour répondre aux besoins des forces armées britanniques....

Ce géant français de l’énergie joue une partie d’échecs en Europe de l’Est en vendant 50% d’un spécialiste polonais du biogaz

La grande manœuvre autour du biogaz de TotalEnergies en Europe de l'Est ressemble à une partie de jeu...

Les “Mines de la Moria” existent ! Elles se situent au Japon où cette construction titanesque tient le record du plus grand réservoir d’eau...

Le Japon cache sous terre un temple anti-inondations capable de contenir 268 piscines olympiques. À première vue, on dirait...

La France a une solution pour transformer les 250 000 tonnes de déchets nucléaires en une manne économique et écologique

Cette start-up franco-néerlandaise veut transformer nos déchets nucléaires en électricité. Transformer nos 250 000 tonnes de déchets nucléaire en...