Imaginez une nuit, comme les autres. Vous avez huit ans. Et dans votre sommeil, vous débarquez sur une île où l’on vous attend pour fêter votre anniversaire. Vous ne connaissez personne, et pourtant, vous vous sentez à votre place. Le lendemain matin, rien n’a changé. La vraie vie vous rattrape, un peu grise, un peu fade. Mais ce rêve-là, il reste. Et vous faites tout pour y retourner.
C’est ainsi que débute L’Île des Rêves, une comédie musicale magique où l’imaginaire prend les commandes, avec une précision de métronome et une générosité sans fard.
Une mise en scène pensée comme un langage
Le spectacle repose sur une mécanique scénique rigoureusement calibrée. Tout est orchestré pour maintenir une continuité narrative même dans le chaos apparent de la fantaisie.
Sur scène, six artistes multifacettes. Chacun est à la fois comédien, danseur, chanteur, parfois même illusionniste. Rien n’est accessoire : la magie ne vient pas décorer l’histoire, elle la propulse. Elle agit comme une ponctuation dans le récit, rythmant les transitions, soulignant les tensions, révélant les émotions.
À l’image des grandes productions anglo-saxonnes, les chansons sont originales, les chorégraphies millimétrées et le travail sonore intégralement pensé pour être intégré au jeu. La MAO (musique assistée par ordinateur) est utilisée en direct, offrant une respiration constante entre la parole, le geste et la note.
Une double lecture pensée pour tous les âges
À première vue, l’histoire de William et de ses amis sur leur île imaginaire ressemble à un conte d’aventure classique.
Mais sous la surface, se joue une partition plus fine. Car William n’est pas simplement un héros en quête de camaraderie. Il est un jeune homme coupé du monde, qui tente de recoller les morceaux d’un lien perdu. Ce que vit le personnage principal n’est autre qu’un conflit intérieur, une oscillation permanente entre refuge et réalité.
Les scènes dites “miroirs”, qui nous plongent dans le quotidien de William, rappellent qu’il ne s’agit pas seulement d’une fuite. C’est un combat intime contre la solitude, une volonté de transformer ses rêves en repères, puis en tremplins.
Les adultes y liront une métaphore du passage à l’âge adulte, du deuil, de l’ancrage nécessaire. Les plus jeunes, eux, y verront une aventure palpitante avec des pirates et une cabane sous les cocotiers. Et c’est justement cette capacité à parler deux langages en même temps qui fait la force du spectacle.
Une équipe artistique qui compose à tous les étages
Le projet ne repose pas sur un effet de mode. Il s’appuie sur un socle technique et artistique construit au fil du temps.
William Arribart, le créateur, magicien reconnu, a commencé par faire apparaître des cartes à six ans. Il s’est formé en Angleterre, puis en France, et a forgé son propre langage scénique, hybride, où la magie s’intègre au texte comme une réplique visuelle.
À ses côtés, Samuel Bousard, metteur en scène formé aux États-Unis, orchestre la direction d’acteurs avec exigence. Il a déjà signé « Le Sortilège des Neiges », spectacle élu meilleur spectacle de magie de France par la FFAP.
Les comédiens sont tous issus de formations spécialisées, entre conservatoires, écoles de théâtre musical, compagnies indépendantes. Certains viennent du Festival d’Avignon, d’autres du monde de l’improvisation ou de la chorégraphie contemporaine.
Le résultat est net : la scène ne ment pas. Le niveau est homogène, l’interprétation fluide, et la cohérence visuelle impeccable. De la coiffure à la lumière, des costumes aux effets spéciaux, tout concourt à rendre le rêve tangible.
Une salle, une date, un élan
Le spectacle se joue au Théâtre Le 13ème Art, dans le centre commercial Italie 2. Ce n’est pas un hasard. Ce lieu, accessible, moderne, permet une proximité immédiate avec un public familial. Les représentations se déroulent pendant les vacances d’avril, du 12 au 27 avril 2025, à 15h en semaine et 16h30 le dimanche.
Puis, place à une tournée nationale. L’objectif est clair : porter cette vision d’un théâtre accessible et ambitieux à travers la France, sans abaisser ni le niveau artistique ni la capacité d’émerveillement.
Les places s’échelonnent de 25 à 49 euros. Pour un spectacle mêlant théâtre, chant, danse et illusions visuelles de haut niveau, la promesse artistique est bien au rendez-vous.