Ce navire britannique a coûté 260 millions d’euros mais c’est un des seuls au monde à être capable de braver l’hiver antarctique pour faire progresser la science

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Une expédition scientifique dans la nuit polaire : embarquement à bord d’un vaisseau pas comme les autres.

Imaginez-vous en plein hiver, à bord d’un immense navire rouge, perdu dans les glaces de l’Antarctique. Pas une ville à des milliers de kilomètres à la ronde. Il fait nuit tout le temps. Pourtant, à l’intérieur du RRS Sir David Attenborough, ça fourmille de vie : des scientifiques, des capteurs, des microscopes… et même quelques phoques curieux qui viennent jeter un œil à vos expériences.

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L’RRS Sir David Attenborough sur la traces des mystères de l’Antarctique hivernal

Sous ses airs de désert blanc silencieux, l’Antarctique régule la planète entière. Quand sa calotte glaciaire fond, elle fait grimper le niveau des mers jusqu’à Tokyo, Lagos ou Rotterdam. Quand ses courants changent, ce sont les moussons indiennes ou les sécheresses sud-américaines qui s’en trouvent modifiées.

Et pourtant, malgré des décennies de recherche, une partie de ses rouages reste mystérieuse. Pourquoi ? Parce que tout le monde part en été, quand la lumière du jour dure 24 heures et que la glace est plus docile. Mais l’hiver, lui, cache une autre réalité.

La Terre prépare la naissance d’un nouvel Océan qui prendra forme dans cette région du globe où les volcans “pulsent” comme des cœurs

Une nuit polaire pour scruter l’invisible

Dans le noir complet, alors que les températures plongent à –30 °C et que les tempêtes de neige fouettent le pont, l’équipage du RRS Sir David Attenborough a réussi à observer l’océan antarctique comme personne avant lui.

L’équipe de recherche a cartographié le fond marin près de certains glaciers, étudié la fonte sous-marine, celle qu’on ne voit pas mais qui fait fondre les glaciers par en dessous, et commencé à comprendre comment des nutriments venus de la glace nourrissent la vie marine.

Et premier scoop : le glacier ne serait pas seulement victime du réchauffement… il pourrait aussi être une sorte de “supermarché de l’hiver” pour les organismes marins.

Une ruche scientifique en pleine tempête

Dans les laboratoires du Sir David Attenborough, on mesure la salinité, la température, le taux de chlorophylle, les sédiments, les nutriments. Chaque flacon est une énigme à résoudre. Chaque échantillon raconte une histoire invisible à l’œil nu.

Le navire est une véritable base scientifique mobile, longue de 129 mètres, avec un brise-glace, un hélicoptère, et toute une armée de sondes autonomes. De quoi braver la banquise et les blizzards comme dans un roman de Jules Verne… mais en version 21ᵉ siècle.

Combien coûte cette aventure ?

La recherche dans ce milieu hostile coûte chère et c’est le moins qu’on puisse dire ! La construction du RRS Sir David Attenborough a coûté environ 260 millions d’euros.

Oui, c’est une somme à investir mais malheureusement nécessaire pour faire progresser la science puisqu’ici aucun satellite ne peut donner de réponse toute fait. Ce sont des données irremplaçables pour comprendre comment les océans, le climat et la vie sur Terre interagissent pendant la moitié de l’année qu’on ne regarde jamais.

Et maintenant ? Des mois d’analyse attendent les chercheurs mais une chose est sûre : l’Antarctique, même dans sa nuit la plus noire, reste l’un des endroits les plus vivants et les plus connectés à notre avenir commun.

Caractéristiques techniques du RRS Sir David Attenborough :

Caractéristique Valeur
Longueur 129 mètres
Largeur (beam) 24 mètres
Jauge brute (Gross Tonnage) 15 000
Volume de cargaison scientifique Environ 900 m³
Autonomie en mer Jusqu’à 60 jours
Portée 19 000 milles nautiques à 13 nœuds (24 km/h)
Capacité de brise-glace Jusqu’à 1 mètre de glace à 3 nœuds (5,6 km/h)
Propulsion dynamique Propulseurs d’étrave et de poupe
Systèmes robotisés Lancement et récupération de drones aériens et sous-marins
Équipage Environ 30 personnes
Capacité d’accueil scientifique Jusqu’à 60 chercheurs et personnels de soutien

 

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La France a-t-elle l’équivalent de ce genre de missions ?

Durant l’hiver austral, la France ne manque pas de répondre à l’appel du blanc : la station franco‑italienne Concordia, nichée à 3 233 m d’altitude sur le plateau antarctique, accueille en hivernage une quinzaine de scientifiques dans des conditions extrêmes depuis 2005. Plongée dans l’obscurité durant neuf mois, l’équipe y mène des programmes pointus de glaciologie, climat, chimie de l’atmosphère et physiologie humaine. Les carottages profonds (dont EPICA) permettent de retracer des centaines de milliers d’années de climat.

Sur la côte, à Dumont‑d’Urville, la France maintient un hivernage plus ancien : 25 à 35 hivernants y vivent et travaillent toute l’année. Parmi eux, biologistes, géophysiciens et météorologues étudient la biodiversité marine, la chimie de l’atmosphère (mesures d’ozone) et la météorologie, le tout au cœur d’une colonie grouillante de manchots Adélie .

Source : British Antacrtica Survey (BAC)

Image : RRS Sir David Attenborough dans l’hiver antarctique. (photo de Lewis Bumstead)

 

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Guillaume AIGRON
Guillaume AIGRON
Très curieux et tourné vers l'économie, la science et les nouvelles technologies, (particulièrement ce qui touche à l'énergie et les entreprises françaises) je vous propose de de découvrir les dernières actualités autour de cette passion

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