Ce réacteur nucléaire américain produira 200 tonnes d’hydrogène par jour.
Bienvenue dans le monde de NuScale Power, une entreprise américaine qui vient de lancer le premier simulateur grandeur nature d’un réacteur nucléaire producteur d’hydrogène ! Alors une simple simulation puet vous paraître un peu léger pour s’enthousiasmer mais on ne parle pas d’une simple maquette ici mais d’une simulation “on-ne-peut-plus-réelle”. Tout fonctionne en temps réel, comme si vous étiez aux commandes d’un vrai réacteur. L’objectif ? Former les opérateurs, valider les systèmes et surtout… préparer l’avenir.
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Une turbine nucléaire testée par simulateur bientôt au service de l’hydrogène propre
Au cœur de ce dispositif : les réacteurs modulaires de type SMR (Small Modular Reactor). Imaginez un réacteur nucléaire compact, conçu pour être empilé, transporté et connecté en série. Comme un jeu de LEGO énergétique, sauf qu’ici, les briques produisent électricité, hydrogène et eau propre.
Comment ça marche ? Grâce à une technologie appelée RSOFC (Reversible Solid Oxide Fuel Cells). Ces piles à combustible, réversibles, seront capables de fonctionner dans les deux sens : soit en générant de l’électricité, soit en utilisant de l’électricité et de la vapeur à haute température pour produire de l’hydrogène pur.
Et avec une belle cerise sur le gâteau : elles produiront également de l’eau douce, sans polluer.
200 tonnes d’hydrogène par jour : une usine à molécules vertes
Le simulateur mis en place par NuScale modélise un système capable de produire plus de 200 tonnes d’hydrogène chaque jour. C’est l’équivalent de ce que consomment 30 000 bus à hydrogène en une journée ! Contrairement aux méthodes classiques qui reposent sur l’électricité solaire ou éolienne (souvent intermittentes), ici, la production est continue, stable, et totalement sans émissions de carbone.
C’est un peu comme passer du vélo à la mobylette : la même énergie, mais avec une régularité beaucoup plus facile à exploiter. Grâce à la chaleur constante des SMR, le processus d’électrolyse haute température devient extrêmement efficace. Moins d’électricité consommée, plus d’hydrogène produit.
Une salle de contrôle pour apprendre, tester et anticiper
Ce qui est fascinant, c’est que ce projet n’est pas qu’une simple vitrine technologique. Il a aussi une fonction éducative. La salle de contrôle, qui reproduit fidèlement les réactions thermiques et chimiques entre le réacteur et l’unité de production d’hydrogène, sert à former les futurs opérateurs. On peut y simuler pannes, surtensions, ou pics de demande. Un peu comme dans un simulateur de vol, mais pour centrales nucléaires hybrides.
L’idée est de préparer les techniciens de demain, capables de piloter ces centrales nouvelle génération, où l’on produit simultanément de l’énergie, de l’eau et des carburants propres.
Pas juste un réacteur, un véritable couteau suisse énergétique
NuScale a déjà testé d’autres applications de ses petits réacteurs. L’an dernier, l’entreprise expliquait qu’un seul module (appelé NPM) pourrait fournir jusqu’à 570 millions de litres d’eau potable par jour grâce à l’osmose inverse, le tout sans émettre un gramme de CO₂.
Mieux encore : l’eau de mer rejetée (la saumure) n’est pas gaspillée. En collaboration avec le Pacific Northwest National Laboratory, NuScale a mis au point un procédé chimique pour convertir cette saumure en hydrogène. Ainsi on recycle les déchets pour produire de l’énergie, sans puiser dans les ressources d’eau douce.
Et maintenant, à quoi ça sert tout ça ?
Ce type de technologie a une portée énorme, surtout dans les régions isolées, arides ou à forte densité industrielle. On peut imaginer un avenir où des modules SMR seraient installés au cœur d’usines, dans les déserts, ou dans des ports, pour produire localement électricité, hydrogène pour carburants verts, et eau potable pour les populations.
On parle souvent de la transition énergétique comme d’un changement douloureux, coûteux, contraint. Ici, on voit apparaître une autre voie : l’innovation modulaire, capable de répondre à plusieurs urgences planétaires en une seule installation. Propre, compacte, efficace.
Une triple promesse pour l’avenir
Dr. José Reyes, le directeur technique de NuScale, résume le tout très simplement :
“C’est un triple gain. On répond à la crise de l’eau, au besoin d’énergie propre, et à la transition industrielle… en même temps, et durablement.”
200 tonnes d’hydrogène par jour, zéro émission, des litres d’eau douce, et un réacteur de la taille d’un conteneur maritime, tout ça c’est pour demain et le simulateur est la dernière étape avant la mise en route d’une petite révolution énergétique.
Source : https://www.nuscalepower.com/press-releases/2025/nuscale-advances-clean-water-and-hydrogen-production-with-breakthrough-research
Image : Une centrale de 12 modules pourrait produire jusqu’à 924 MWe d’électricité sans carbone. (Source : NuScale)
Juste une question, que devient le résiduel de la saumure
Je n’arrive pas à imaginer le volume de production de NACL d’un tel système et peut-on simplement le rejeter à la mer
Peut-être…