Les Etats-Unis rejoignent la course pour cette nouvelle génération de réacteurs nucléaires appelée à dessiner le futur de l’énergie : les SMR

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Une autorisation historique pour une technologie pas si petite que ça.

C’est un peu comme si l’Amérique ouvrait un nouveau chapitre de son roman énergétique. Pour la première fois, l’autorité de sûreté nucléaire américaine (la NRC) accepte d’examiner une demande officielle de construction pour un tout nouveau type de réacteur. Pas une gigantesque centrale comme à l’époque de Three Mile Island (qui a nous a fait quelques frayeurs il y a quelques années), non. Un petit réacteur modulaire, beaucoup plus compact, moins dangereux : le BWRX-300.

C’est la Tennessee Valley Authority (TVA) qui porte le projet après avoir planché dessus depuis des années. Dès 2019, elle obtenait un permis de site anticipé pour sa zone de Clinch River, dans le Tennessee, devenant ainsi la première entreprise américaine à déposer un permis de construire pour cette technologie.

C’est un peu le coup d’envoi officiel du nucléaire nouvelle génération aux États-Unis.

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Le tout premier petit réacteur nucléaire américain entre en piste : Clinch River ouvre le bal

Quand on parle de construire un réacteur, tout commence par… le terrain. Et là, TVA a visé juste. Clinch River, ce n’est pas une page blanche. C’est un site déjà industrialisé, ancien terrain du projet de réacteur surgénérateur abandonné dans les années 80. Deux lignes électriques traversent la zone, une autoroute passe à côté, et les études environnementales sont déjà bien avancées.

TVA pourrait même lancer les travaux préparatoires dès l’an prochain, avant que le permis définitif n’arrive. Un peu comme si on commençait à couler les fondations d’une maison avant d’avoir les clés, mais avec l’accord du notaire.

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Un réacteur qui tient presque dans une salle de sport

Le BWRX-300, c’est un concentré de technologie. 300 mégawatts électriques dans un format compact, qui tient sur quelques hectares seulement. Pour vous donner une idée, c’est 10 fois plus petit qu’une centrale classique !

Il fonctionne à eau bouillante, comme les anciens réacteurs, mais avec une différence de taille : pas besoin de pompes électriques pour faire circuler l’eau. Il utilise la convection naturelle, un peu comme une cocotte-minute posée sur une plaque. Et surtout, il intègre des systèmes de sécurité passifs : en cas de pépin, il sait s’arrêter tout seul, sans intervention humaine ni alimentation extérieure.

C’est cette combinaison :petite taille, sécurité automatique, construction modulaire, qui attire l’attention de toute la planète nucléaire.

Une famille de réacteurs qui parle plusieurs langues

TVA n’est pas seule dans cette aventure. Le BWRX-300, c’est un projet porté par GE Hitachi, et il est déjà en cours de développement dans plusieurs pays. Au Canada, la société OPG prévoit d’en installer quatre sur son site de Darlington, avec une première mise en service vers 2029. En Pologne, l’entreprise Synthos Green Energy vise aussi cette technologie pour remplacer certaines centrales au charbon.

Cette coopération internationale permet à tous les partenaires de partager les retours d’expérience, d’optimiser les procédures réglementaires, et surtout de renforcer la crédibilité du design. Un peu comme si plusieurs pays testaient ensemble une nouvelle voiture électrique avant de la mettre en vente à grande échelle.

Un pari américain sur l’avenir énergétique

Avec Clinch River, TVA ne veut pas simplement construire un prototype, elle veut ouvrir la voie. Montrer qu’un SMR peut être opérationnel, fiable, et rentable. Et surtout, qu’il peut remplacer avantageusement certaines centrales fossiles vieillissantes ou venir en complément des renouvelables.

Pour soutenir ce pari, TVA a monté un consortium industriel et sollicite 800 millions d’euros auprès du Département de l’énergie américain pour financer la construction. Elle a aussi déposé une demande pour 8 millions d’euros supplémentaires afin de couvrir les frais du processus réglementaire. Autrement dit, on ne lance pas un SMR sur un coin de table, mais bien avec une stratégie claire et une volonté politique affirmée.

Des petits réacteurs pour de grandes ambitions

Les SMR, longtemps cantonnés aux salons professionnels et aux rapports de prospective, entrent maintenant dans le monde réel. Le site de Clinch River pourrait bien devenir la vitrine grandeur nature du nucléaire version XXIe siècle : moins massif, plus rapide à déployer, pensé pour s’adapter aux territoires.

On les imagine demain en remplacement des centrales à charbon, dans des zones rurales, ou même associés à des usines électro-intensives. Leur flexibilité ouvre des perspectives nouvelles, là où les centrales classiques imposaient souvent une logistique complexe.

Et qui sait… d’ici quelques années, vous vivrez peut-être à côté d’un petit réacteur sans le savoir. Pas de panache de vapeur, pas de dôme géant, juste un cube discret au service de votre grille électrique locale. Bienvenue dans l’ère des SMRs.

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Tour du monde des petits réacteurs nucléaires : qui construit quoi, et pour quand ?

 

🚀 Projet Pays Type de réacteur Puissance (MWe) Statut Date / objectif
HTR‑PM Chine HTGR (réacteur à lit de galets à haute température) 210 En service commercial Mise en service fin 2023
ACP100 (Linglong One) Chine PWR modulaire 125 Prototype en construction Premier réacteur terrestre prévu d’ici 2026
KLT‑40S Russie PWR flottant (vrai SMR sur barge) 30 par unité En service (barges) Depuis 2020
NuScale Power Module États‑Unis PWR modulaire 60 par module En démonstration (réacteur prototype) Projet NuScale aux USA, opération prévue 2029
SMR‑160 États‑Unis PWR modulaire (Holtec) 160 En développement Projet américain
BWRX‑300 USA / Canada / Pologne BWR modulaire (GE Hitachi) 300 Dossier de permis soumis (TVA à Clinch River), projet Darlington au Canada, Pologne à l’étude Revue en cours, exploitation vers 2030+
CAREM‑25 Argentine PWR modulaire (CAREM) 25 Prototype en construction Mise en service autour de 2027
Rolls‑Royce SMR Royaume‑Uni PWR modulaire ~470 En phase de conception Cible déploiement à horizon 2029–2030
Nuward (EDF) France PWR double modulaire ~400 prévu Conception actuelle, nouvelle version 2026 Cible commercialisation dans les années 2030
CAREM prototype Argentine PWR modulaire (CAREM‑25) 25 Prototype en construction Visé 2027
newcleo Royaume‑Uni / France / Italie Réacteur rapide au plomb (LFR) 30 dans la version démonstrateur Phase de développement, permis prévu au Royaume-Uni Construction visée vers 2030

Source : https://www.gevernova.com/news/press-releases/ge-vernova-hitachi-nuclear-energy-fortum-agreement-deployment-bwrx-300-small-modular-reactor-finland-sweden

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Guillaume AIGRON
Guillaume AIGRON
Très curieux et tourné vers l'économie, la science et les nouvelles technologies, (particulièrement ce qui touche à l'énergie et les entreprises françaises) je vous propose de de découvrir les dernières actualités autour de cette passion

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