Ce géant français, 6e plus grande entreprise du monde de l’aviation met 1,66 milliard d’euros sur la table pour acheter un acteur important des commandes de vol

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Safran prend les commandes de Collins Aerospace.

Le 21 juillet 2025 marque un jalon dans l’histoire de Safran. Le groupe français spécialisé dans l’aéronautique et aérospatial vient de racheter les activités de commandes de vol et d’actionnement de Collins Aerospace, ces pièces complexes et vitales qui font bouger les ailes, corriger un tangage, ou redresser un hélico dans la tourmente. En clair : tout ce qui fait qu’un aéronef obéit quand on lui parle.
Cette acquisition, estimée à 1,8 milliard de dollars (environ 1,66 milliard d’euros) place Safran là où il veut être : au centre du jeu, aux commandes des commandes et surtout, en position d’anticiper ce que seront les avions de demain : des machines plus sobres, plus électriques, plus nerveuses, qui demanderont des systèmes agiles, hybrides, taillés pour les architectures de rupture.

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Concrètement, ce sont 4 000 ingénieurs, techniciens, monteurs et programmeurs qui vont passer sous pavillon Safran. Leurs bureaux et leurs ateliers se répartissent sur huit sites en Europe et en Asie, avec des extensions aux États-Unis, en Inde, en Pologne. Des gens qui, jusqu’ici, fabriquaient des systèmes embarqués pour plus de 180 plateformes aériennes, civiles et militaires confondues.
En 2024, ces activités ont généré à elles seules 1,55 milliard de dollars de chiffre d’affaires (environ 1,43 milliard d’euros), avec une rentabilité bien installée.
Ce n’est pas une start-up prometteuse qu’on intègre, mais une machine de guerre parfaitement huilée.

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Des ailes plus légères, des cerveaux plus rapides

L’aviation entre dans une nouvelle ère. L’après-A320 sera forcément différent : propulsion hybride, commandes électriques, matériaux composites. Pour piloter ça, les systèmes classiques ne suffisent plus. Il faut plus compact, plus réactif, plus intelligent.
C’est ici que Safran joue gros. Jusqu’ici très avancé sur l’électromécanique, le groupe met désormais la main sur le meilleur de l’actionnement hydraulique et mécanique. L’idée est simple : fournir un système complet, modulaire, qui peut s’adapter à l’avion, au missile, ou à l’hélico de nouvelle génération. Une sorte de boîte à outils intelligente, conçue pour répondre à ce que l’industrie aéronautique n’a pas encore entièrement formulé, mais qui arrive à grande vitesse.

Une base solide pour le long terme

Ce qui rend l’opération encore plus intéressante, ce sont les revenus récurrents qu’elle génère. Maintenance, pièces détachées, support technique : tout ce qui fait tourner les avions une fois livrés. Près de 40 % du chiffre d’affaires vient déjà de cette activité de suivi, qui permet à Safran de lisser ses cycles et sécuriser sa croissance.
Côté économies, le groupe vise 50 millions de dollars (environ 46 millions d’euros) par an d’ici 2028, juste sur la rationalisation des coûts industriels. Et ce n’est qu’un début. Car le vrai levier, ce sont les synergies commerciales : pouvoir dire à un constructeur, “on vous livre le système complet, testé, intégré, prêt à voler”.

Un jeu d’équilibre bien négocié

Évidemment, une telle montée en puissance implique des ajustements. Pour rester dans les clous réglementaires, Safran a revendu dans le même temps son activité électromécanique en Amérique du Nord, rachetée par Woodward Inc. Une division qui pesait 65 millions de dollars (environ 60 millions d’euros) par an. Un geste calculé pour garder la cohérence du projet sans froisser les autorités de la concurrence.
Dans tout ça, Olivier Andriès, le PDG, trace une ligne claire : croissance, oui, mais maîtrisée. Pas de course folle, pas de gigantisme. Juste une conviction : pour peser dans l’aviation du futur, il faut savoir assembler les briques essentielles, sans bruit mais avec vision.

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Un peu plus haut, un peu plus loin

Moteurs, trains d’atterrissage, nacelles, freins, et désormais commandes de vol : Safran contrôle quasiment tous les organes vitaux d’un avion moderne. Il ne fabrique pas l’avion entier, non. Mais il en alimente les muscles, les tendons et le système nerveux.
Cette acquisition n’est donc pas un coup d’éclat. C’est une étape supplémentaire dans une trajectoire patiemment construite, où chaque mouvement complète le précédent. Et si l’industrie aéronautique française veut rester dans la course mondiale, c’est avec ce type de décisions qu’elle continue à grimper, calmement, sûrement, et toujours en gardant la main sur le manche.

Safran, 6e plus grande entreprise du monde dans l’aviation civile

Voici le top 10 des plus grandes entreprises mondiales dans l’aviation civile, basé sur leur capitalisation boursière actuelle, avec leur dernier chiffre d’affaires connu, le nombre d’employés et un résumé de leurs activités. Tous les montants ont été convertis en euros.

Rang Entreprise Capitalisation boursière Chiffre d’affaires (2024) Effectifs Résumé des activités
1 GE Aerospace ~260 milliards € ~43 milliards € 165 000 (Groupe GE) Moteurs d’avions civils, maintenance, services techniques
2 RTX (Raytheon / Pratt & Whitney) ~187 milliards € ~77 milliards € 180 000 Moteurs, commandes de vol, systèmes pour l’aviation civile et militaire
3 Boeing ~160 milliards € ~62 milliards € 150 000 Avions commerciaux (737, 787), services aéronautiques, activités militaires
4 Airbus ~155 milliards € ~69,2 milliards € 157 900 Avions civils, hélicoptères, satellites, services associés
5 Honeywell ~140 milliards € ~35 milliards € 100 000+ Avionique, automatisation, systèmes embarqués, maintenance
6 Safran ~119 milliards € ~27,7 milliards € 99 360 Moteurs (CFM), trains d’atterrissage, nacelles, équipements de vol
7 Rolls-Royce Holdings ~103 milliards € ~20 milliards € 50 000+ Moteurs d’avions civils et militaires, services de propulsion
8 Lockheed Martin ~102 milliards € ~67 milliards € 122 000 Défense majoritaire, hélicoptères civils via Sikorsky
9 Northrop Grumman ~69 milliards € ~38 milliards € 95 000 Drones, composants aéronautiques, technologies duales
10 Textron (incluant Cessna & Bell) ~17 milliards € ~13 milliards € 34 000 Jets d’affaires, turbopropulseurs, hélicoptères civils


Remarques :

  • Les valeurs en dollars sont converties approximativement en euros selon le taux actuel.
  • Le classement se base sur des entreprises cotées publiques liées à l’aviation. Airbus, Safran, Boeing, GE, RTX dominent largement.
  • Airbus dépasse Boeing en chiffre d’affaires civil (≈ 69 Mds € contre ≈ 62 Mds €) et en livraisons (766 contre ~318 en 2024)
  • Safran, bien que neufième, joue un rôle essentiel dans les moteurs, trains, nacelles et systèmes critiques avec près de 100 000 employés.
  • Honeywell, Rolls‑Royce et Lockheed Martin complètent ce top avec des activités mixtes civiles et de défense.

Sources :

  • Communiqué de presse de Safran
  • https://companiesmarketcap.com/aerospace/largest-companies-by-market-cap

Image : Collins Aerospace

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Guillaume AIGRON
Guillaume AIGRON
Très curieux et tourné vers l'économie, la science et les nouvelles technologies, (particulièrement ce qui touche à l'énergie et les entreprises françaises) je vous propose de de découvrir les dernières actualités autour de cette passion

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