Les Britanniques reviennent à la technologie qui a permis leur gloire au XIXe siècle et qui va être adaptée sur 2 super tankers : la voile

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Comment deux supertankers vont naviguer grâce à l’aérodynamique.

Deux pétroliers de 250 mètres de long vont bientôt déployer une technologie directement sortie des tréfonds de l’Histoire : des voiles !

Il s’agit en réalité plutôt d’ailes géantes verticales, “WindWings”. L’idée n’est pas farfelue : elle repose sur le bon vieux théorème de Bernoulli, revisité pour le transport maritime.

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Dans les années 1800, les clippers britanniques fendaient les océans grâce à leurs voiles tendues, c’est basiquement la technologie qui a permis à l’Empire britannique de dominer le monde avant d’être détrôné par une autre invention anglaise : la vapeur, remisant les voiles au placard.

Beaucoup d’eau a coulé depuis et deux siècles plus tard, nécessité environnementale oblige, la boucle est bouclée puisque le vent redevient à la mode. Cette fois, ce ne sont plus des voiles souples, mais deux panneaux rigides de 37,5 mètres de haut installés verticalement sur des pétroliers nouvelle génération.

Ces ailes, développées par la société britannique BAR Technologies, exploitent les différences de pression créées par le vent sur leur surface, un principe bien connu en aéronautique. Résultat : une poussée latérale qui aide le navire à avancer, réduisant sa consommation de carburant.

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Une technologie testée et approuvée

La première démonstration grandeur nature a eu lieu sur le “Brands Hatch”, un tanker exploité par Union Maritime Ltd. Le succès du test a ouvert la voie à l’installation de ce système sur deux nouveaux mastodontes : le Suzuka et le Long Beach, construits en Chine par Xiamen Shipbuilding Industry.

Les deux navires appartiendront à la catégorie LR2, spécialisée dans le transport de produits pétroliers raffinés. En moyenne, chaque navire équipé des WindWings devrait économiser 3 tonnes de carburant par jour, soit 2 300 tonnes de CO₂ par an.

Une réponse aux objectifs climatiques de l’OMI

L’Organisation maritime internationale (OMI) vise une réduction de 40 % de l’intensité carbone des navires d’ici 2030 (par rapport à 2008). À ce titre, la propulsion éolienne retrouve toute sa pertinence. Contrairement à certaines innovations encore au stade de prototype, les WindWings sont déjà opérationnelles, et surtout compatibles avec les motorisations dual-fuel.

Cela signifie que le moteur classique du navire peut fonctionner aussi bien au fioul qu’au gaz naturel liquéfié, tandis que les ailes prennent le relais dès que le vent le permet. Un hybride marin, en somme.

Chaque navire équipé des WindWings devrait économiser 3 tonnes de carburant par jour, soit 2 300 tonnes de CO₂ par an.
Chaque navire équipé des WindWings devrait économiser 3 tonnes de carburant par jour, soit 2 300 tonnes de CO₂ par an.

Une logistique industrielle bien rodée

Derrière cette innovation se cache une chaîne industrielle bien huilée. Le design a été confié à l’institut chinois SDARI, la production est assurée par CM Energy Tech, et la certification par Bureau Veritas Marine & Offshore.

Ce dernier joue un rôle fondamental dans l’évaluation de la sécurité, de la durabilité et de la fiabilité structurelle des navires. La classe choisie, le registre des Îles Marshall, garantit par ailleurs le respect des normes internationales.

Le calendrier est serré : la découpe de l’acier est prévue pour novembre 2025, avec une livraison des navires début 2027.

Un rendement bluffant à grande échelle

L’intérêt de cette technologie tient à sa capacité à s’adapter aux géants des mers, là où les solutions de réduction des émissions restent limitées. Un pétrolier de 250 mètres peut consommer jusqu’à 50 tonnes de carburant par jour. Réduire cette quantité ne serait-ce que de 3 tonnes représente une économie de 6 %, ce qui est loin d’être superflu sur un plan économique.

À l’échelle de la flotte mondiale, si seulement 10 % des 10 000 navires commerciaux installaient ces ailes, on éviterait près de 23 millions de tonnes de CO₂ par an. De quoi transformer une niche technologique en standard industriel.

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Une renaissance pour la voile… sans corde ni mat

On pourrait croire à un gadget écologique mais il faut se souvenir que ce type d’innovation s’inscrit dans une dynamique globale où l’énergie éolienne devient un outil concret de décarbonation. Les ailes de BAR Technologies n’ont ni cordes ni voiles à dérouler. Elles sont rigides, automatisées et se replient pour passer sous les ponts. L’aérodynamique fait ici son retour sur les mers, avec un design tout droit sorti des circuits de Formule 1 (l’ADN de BAR, anciennement British American Racing, n’est jamais loin).

La prochaine étape ? L’extension de la technologie à d’autres types de navires : vraquiers, cargos porte-conteneurs, voire paquebots. Les ailes géantes pourraient bien devenir un élément familier de nos horizons portuaires.

Résumé technique :

Navires concernés Suzuka & Long Beach
Longueur 250 mètres
Nombre d’ailes WindWings 2 par navire
Hauteur des ailes 37,5 mètres
Économie de carburant 3 tonnes/jour
Réduction annuelle de CO₂ 2 300 tonnes
Équivalence en voitures 500 voitures retirées de la circulation
Constructeur Xiamen Shipbuilding Industry
Certification Bureau Veritas / Registre des Îles Marshall
Livraison Début 2027

Source : BAR Technologies

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Guillaume AIGRON
Guillaume AIGRON
Très curieux et tourné vers l'économie, la science et les nouvelles technologies, (particulièrement ce qui touche à l'énergie et les entreprises françaises) je vous propose de de découvrir les dernières actualités autour de cette passion

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