Un pari tricolore dans la jungle des semi-conducteurs.
Et si le futur de l’intelligence artificielle ne se jouait pas seulement entre la Silicon Valley et Taïwan, mais aussi… En région parisienne ?
C’est le pari de VSORA, une jeune pousse fondée en 2015 par Khaled Maalej, vétéran de Cadence, qui rêve d’offrir à l’Europe sa propre alternative aux géants Nvidia (dont la capitalisation boursière est estimée à 4 210 milliards de dollars soit 3 620 milliards d’euros) et AMD. Sur un marché saturé de puces ultra-puissantes, cette startup mise tout sur une nouvelle manière de concevoir le cerveau des machines.
À l’heure où l’Union européenne redécouvre l’urgence d’une souveraineté technologique, VSORA débarque avec une ambition claire : récupérer du terrain dans la course aux processeurs IA, un secteur critique pour la défense, l’automobile, les télécoms et la recherche. Contrairement à beaucoup d’outsiders, elle ne se contente pas d’optimiser l’existant, elle repense l’architecture elle-même.
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VSORA, un cerveau IA français qui n’a rien à envier aux GPU américains
Au centre du projet, une puce baptisée Typhoon. Derrière ce nom tempétueux se cache une architecture taillée pour le futur : compacte, programmable, extrêmement économe en énergie, mais surtout exempte des contraintes habituelles liées à la compilation et à l’assembleur. VSORA mise sur une logique “software-defined hardware” : la puce s’adapte aux besoins du client, sans modifier son design physique. Un gain de temps, de flexibilité… et d’argent.
L’autre grande promesse, c’est l’efficacité. Selon l’équipe, Typhoon consomme jusqu’à 10 fois moins d’énergie que les solutions classiques, un argument de poids pour les voitures autonomes, les systèmes embarqués ou les drones militaires, où chaque milliampère compte. VSORA cible justement les secteurs critiques, ceux où l’intelligence doit réagir vite, avec une latence minimale et une fiabilité absolue.
Une levée de fonds importante pour des ambitions qui ne le sont pas moins
En mai 2024, VSORA a levé 40 millions d’euros auprès d’acteurs européens comme Sand Hill North et Clipperton. Un coup d’accélérateur décisif. L’objectif : passer du prototype à la production, convaincre les premiers industriels, et surtout… exister face aux mastodontes américains.
Pour l’instant, faute de pays européens disposant des infrastructures nécessaires, les puces seront produites en Asie, probablement chez TSMC ou Samsung. Mais l’idée, à terme, est claire : rapatrier une partie de la chaîne en Europe, dès que les ambitions du Chips Act européen se concrétiseront.
En attendant, VSORA adopte une approche ciblée : pas question de vendre des puces “génériques”. L’entreprise propose des solutions intégrées, sur mesure, pour des systèmes de vision, de radar, ou de traitement en temps réel, dans l’automobile et la défense.
Un contre-modèle face au rouleau compresseur Nvidia
Reste un obstacle de taille : Nvidia ne lâche pas sa couronne si facilement. Avec ses bibliothèques logicielles (CUDA), son écosystème verrouillé, ses milliards investis dans la R&D, le Californien semble intouchable. Même avec la puce la plus aboutie du monde, VSORA doit affronter l’inertie technologique : changer d’architecture, c’est aussi changer d’habitudes, de formations, de chaînes de développement.
L’entreprise en est consciente. C’est pour cela que l’équipe mise sur une courbe d’apprentissage ultra-plate : pas besoin d’apprendre un nouveau langage, pas besoin de compiler des heures. On code, on déploie, ça tourne : simple, rapide, efficace. C’est cette promesse de fluidité qui pourrait séduire les industriels européens, lassés des solutions fermées et énergivores venues d’outre-Atlantique.
Un pari risqué, mais taillé pour l’époque
Dans un monde où la technologie est de plus en plus liée à la souveraineté géopolitique, où les tensions entre blocs rendent la dépendance aux fournisseurs étrangers risquée, VSORA arrive au bon moment. L’Europe cherche ses champions. Elle veut réduire sa dépendance aux puces américaines et asiatiques. Et elle commence à mettre des moyens.
Le soutien des investisseurs est là, l’équipe est expérimentée, la vision est claire. VSORA n’a pas besoin de remplacer Nvidia sur tous les terrains. Il lui suffit de s’imposer dans des niches critiques, là où l’agilité compte plus que la puissance brute.
L’horizon reste flou, mais la fenêtre est ouverte
Alors, VSORA pourra-t-elle détrôner Nvidia ? Le défi est immense. Mais la question n’est peut-être pas là. Il s’agit plutôt de savoir si une startup française peut offrir une vraie alternative, crédible, agile, européenne, à l’hégémonie des géants du silicium.
Dans ce moment charnière où l’IA devient un enjeu stratégique aussi bien qu’industriel, VSORA incarne une réponse locale, inventive, alignée avec les ambitions européennes. Elle ne joue pas sur la même échelle. Mais elle joue autrement.
Et dans le monde des semi-conducteurs, parfois, ce n’est pas la taille du processeur qui compte… mais la manière de le programmer.
Un marché des puces IA ultra-dominé par 4 acteurs asiatiques
Voici un tableau estimé des parts de marché mondiales en capacité de production de puces pour IA, basé sur les chiffres récents de production de wafers (plaquettes de semi-conducteurs) et la capacité associée aux technologies avancées (5 nm et moins) utilisées pour l’IA :
Pays / Région | Part de marché estimée (%) | Commentaires clés |
Chine | ~30% | 10,1 millions de wafers/mois, croissance à deux chiffres, mais limitée par les contrôles à l’export. |
Taïwan | ~17% | 5,8 millions de wafers/mois, leader avec TSMC principal fournisseur de puces IA avancées. |
Corée du Sud | ~16% | 5,4 millions de wafers/mois, croissance rapide, Samsung et SK Hynix leaders en DRAM et puces avancées. |
Japon | ~14% | 4,7 millions de wafers/mois, fort dans les composants et matériaux, mais moins sur les processus avancés. |
Amériques (USA) | ~9% | 3,2 millions de wafers/mois, Intel et autres acteurs majeurs mais capacité concentrée et en restructuration. |
Europe | ~8% | 2,7 millions de wafers/mois, toujours minoritaire, avec un fort besoin d’accélération pour combler le retard. |
Asie du Sud-Est* | ~5% | 1,8 million de wafers/mois, inclut Singapour, Malaisie, etc., majoritairement dans l’assemblage et packaging. |
Source : Rapport trimestriel World Fab Forecast de l’organisation professionnelle Semi
Cette répartition traduit la forte concentration de la production mondiale autour de l’Asie de l’Est, avec la Chine, Taïwan et la Corée du Sud qui regroupent près de 63% des capacités totales. Taïwan, via TSMC, est particulièrement crucial pour les technologies ultra-avancées requises par les puces IA de nouvelle génération, tandis que la Chine vise une montée en puissance rapide et agressive sur ce segment stratégique.
Sources :
- https://vsora.com/
- https://www.forbes.fr/technologie/a-suivre-vsora-leve-40-millions-pour-batir-une-alternative-europeenne-aux-geants-de-la-puce-ia/
- https://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-comment-vsora-joue-sa-partition-dans-les-accelerateurs-ia-96738.html
Mais restez discret dans la discrétion…….
On a besoins de tout ça en France.
Je suîs un vétéran de 92 ans,Motorola,Fairchild,marc Lassus ,Cern,
Possèdent des souvenirs communs de leurs premièrs prototypes.