Plus grande qu’un Paris / Marseille et pourtant oubliée ! Une chaine de volcans “atypique” de 700 km découverte en Chine

Une chaîne de volcans fantômes sous la Chine, plus vieille que les dinosaures.

700 kilomètres, plus que la distance entre Paris et Marseille et pourtant “oubliés” ! On imagine l’émotion des géologues chinois qui viennent de mettre à jour ces volcans aujourd’hui invisibles, enterrés, figés depuis près de 800 millions d’années. Une époque où les continents ne ressemblaient en rien à ce que l’on connaît.

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Un monde oublié sous le nôtre redécouvert en Chine

Ce que les chercheurs ont mis au jour, c’est une véritable cicatrice géologique, vestige d’une époque où la Terre n’était qu’un seul immense continent : Rodinia. À ce moment-là, le morceau de croûte terrestre qui allait devenir le sud de la Chine était encore bien accroché à ce supercontinent. Puis, au fil des millions d’années, Rodinia a commencé à se fissurer comme une assiette trop chaude. Et la plaque du Yangtsé s’est mise à dériver lentement, heurtant au passage une plaque océanique voisine.
Ce choc a provoqué un phénomène qu’on connaît bien : la subduction. Une plaque glisse sous une autre, fond partiellement, crée du magma, qui remonte en surface. Et là, boum : une chaîne de volcans se forme. Pas un ou deux. Des centaines. Alignés comme des perles sur un fil de tectonique.

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Un volcanisme invisible, détecté par le magnétisme

Alors, comment ces géants enfouis ont-ils été repérés ? Pas avec une pelle et une lampe torche. Les chercheurs ont utilisé des capteurs magnétiques aéroportés, un peu comme une IRM pour la Terre. Résultat : une bande anormalement riche en fer, longue de 700 kilomètres, large de 50, parfaitement alignée. À cette profondeur, ce n’est pas un hasard. C’est le signe clair d’une ancienne activité volcanique intense !
Puis, pour en avoir le cœur net, les chercheurs ont foré. Jusqu’à 6 500 mètres de profondeur pour trouver des roches typiques de volcans d’arc, riches en minéraux issus du magma, vieilles de 770 à 820 millions d’années. Autrement dit, ces volcans sont plus anciens que les premières formes animales complexes. À l’époque, il n’y avait même pas encore de poissons.

Un comportement tectonique… peu académique

Il y a un hic. D’habitude, ce genre de volcans se forme le long des côtes, là où deux plaques se rencontrent. Là, on les retrouve au cœur du continent, bien loin de l’océan. Pourquoi ? Les chercheurs pensent que la subduction s’est faite à plat, comme une nappe glissant sous une table. Au lieu de plonger directement, la plaque océanique aurait parcouru des centaines de kilomètres avant de s’enfoncer. L’activité volcanique s’est ainsi déplacée avec elle, loin dans les terres.
C’est rare et c’est ce qui rend cette découverte si précieuse. Elle nous oblige à revoir certains schémas classiques de la tectonique.

Et le climat dans tout ça ?

On pourrait croire que des volcans fossiles ne changent rien à notre monde actuel. En réalité, c’est tout l’inverse. Quand ces volcans étaient en activité, ils ont dégazé des quantités énormes de CO₂. De quoi perturber le cycle du carbone à l’échelle planétaire, altérer les températures, et, selon certains chercheurs, participer à des épisodes climatiques extrêmes. L’un d’eux, très sérieux, aurait pu contribuer à l’une des grandes glaciations planétaires : celle où la Terre était presque entièrement recouverte de glace.
Donc oui, même enterrés depuis des centaines de millions d’années, ces volcans ont peut-être déterminé une partie du destin climatique de notre planète.

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Quand la Terre se souvient

Ce que cette découverte nous rappelle, c’est que la Terre a une mémoire. Une mémoire longue, stratifiée, parfois bien cachée. Ces volcans ne rugissent plus depuis longtemps. Ils sont là, figés, témoins silencieux d’un monde que personne n’a jamais vu. Pas même les dinosaures, qui n’existaient pas encore.
Et pourtant, ils continuent de nous parler. Grâce à eux, on comprend un peu mieux comment les continents se déchirent, comment les océans naissent, comment le climat bascule. Ils sont invisibles, inaccessibles, mais leur histoire résonne encore.

En somme, ces volcans du Sichuan sont un peu comme une bibliothèque ensevelie sous la roche. Une bibliothèque dont les livres, faits de basalte et de fer, racontent l’histoire de la Terre bien avant la nôtre. Et grâce à quelques capteurs, un peu d’ingéniosité, et beaucoup de patience, ces pages oubliées viennent tout juste d’être ouvertes.

Source :

700-km-Long Fossil Tonian Magmatic Arc Belt Hidden Within the Yangtze Block’s Interior, South China (en français : “Une ceinture fossile de 700 km de long d’un arc magmatique du Tonien dissimulée à l’intérieur du bloc du Yangtsé, dans le sud de la Chine”)

Zhidong Gu, Junyong Li, Xiaolei Wang, Ya Xu, Xiufen Zhai

Publié le 30 juin 2025 https://doi.org/10.1029/2024JB030825

Image : La route Sichuan–Tibet passe près du lac Kasa, dans le comté de Luhuo.