Quand le nucléaire désinfecte nos pansements : Framatome entre dans la danse en Italie.
Pas besoin de centrale ni de réacteur pour que le nucléaire change notre quotidien. À Côme, en Italie, c’est un tout autre type d’installation qui vient d’attirer l’attention de Framatome : une unité de stérilisation gamma, discrète certes, mais essentielle. Parce qu’avant d’arriver dans une salle d’opération, une seringue, un implant ou une prothèse doit être… absolument stérile. Et parfois, le meilleur moyen de tuer les microbes, c’est une bonne dose de rayonnement ionisant. Oui, du nucléaire, mais sans électricité, sans vapeur, sans turbine. Juste des rayons gamma bien calibrés.
Framatome et Gammatom, une entreprise italienne spécialisée dans ce domaine depuis 1969, ont donc signé un contrat pour moderniser cette installation au cœur de la Lombardie.
Objectif : fiabiliser, accélérer, sécuriser. Parce que dans les coulisses de nos hôpitaux, chaque minute et chaque bactérie comptent.
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Framatome signe avec l’italien Gammatom pour une modernisation de son usine de Côme
Alors comment ça marche ? On place des dispositifs médicaux bien emballés comme des implants, des cathéters ou des gants stériles sur un convoyeur automatique. Ce tapis les fait passer autour d’un bloc radioactif, généralement du cobalt 60, qui émet des rayons gamma à très haute énergie. Ces rayons traversent les emballages et détruisent les bactéries, virus et spores, sans toucher à la composition du produit.
Cette technologie exige une maîtrise technologique chirurgicale. Le système doit tourner à la bonne vitesse, avec la bonne dose. Trop peu, on ne stérilise pas. Trop fort, on endommage le matériel. Framatome interviendra dans le projet grâce à ses compétences d’ingénierie nucléaire, déjà éprouvées dans des environnements beaucoup plus exigeants comme les réacteurs ou les chaînes de retraitement.
Gammatom, l’artisan de la stérilisation industrielle
L’entreprise italienne, indépendante depuis plus de cinquante ans, est un peu le tailleur sur mesure du rayonnement. À Côme, elle reçoit des dispositifs médicaux, des produits vétérinaires, des cosmétiques, voire des matériaux de laboratoire, qu’elle traite selon des protocoles stricts.
Gammatom veut gagner en performance, doubler sa capacité pour rester en tête sur un marché où la qualité microbiologique n’est pas une option. Grâce à cette collaboration, l’entreprise italienne entre dans une nouvelle phase de son développement, avec plus d’automatisation, plus de sécurité, et une meilleure efficacité énergétique.
Du cobalt 60 au lutétium 177 pour Framatome
Pendant que Framatome modernise des installations gamma en Italie, la même entreprise prépare un tout autre virage médical en Roumanie. Aux côtés de SN Nuclearelectrica, elle s’apprête à produire dans la centrale de Cernavoda l’un des isotopes les plus rares et les plus convoités de la planète : le lutétium 177. Ce radio-isotope, utilisé pour traiter certains cancers comme celui de la prostate, cible directement les cellules malades tout en épargnant les tissus sains. Et son prix ? Jusqu’à 100 000 euros le kilo. Pas étonnant que la France et la Roumanie aient scellé cet accord sous l’égide des gouvernements. Grâce à cette collaboration, l’Europe pourrait enfin sécuriser une source stratégique de radiopharmaceutiques, tout en renforçant une filière industrielle à haute valeur ajoutée.
De la désinfection de pansements au ciblage millimétrique de tumeurs, le nucléaire médical couvre tout le spectre, sans jamais quitter son exigence première : la précision.
Source: Communiqué de presse de Framatome