Le port de Marseille se construit un nouveau souffle.
On est loin du simple coup de peinture. À Marseille, c’est tout un quartier, toute une vision urbaine et logistique qui se redessine. Le Grand Port Maritime de Marseille Fos vient de signer avec Eiffage un partenariat d’envergure pour concevoir, financer, construire et maintenir son futur siège. Un projet à 120 millions d’euros, pensé comme un catalyseur d’urbanité, de transition écologique… et de visibilité internationale.
Lire aussi :
- Le plus grand port de France entame un projet pharaonique pour s’agrandir et devenir une véritable plaque tournante du commerce entre la Seine et la Manche
- Ce groupe français va devenir la « compagnie orientale des indes » du XXIe siècle avec bientôt 17 000 navires équipés de ses outils logiciels et capteurs numériques
Un projet d’Eiffage Construction pour redonner des couleurs au port de Marseille Fos
Longtemps porte d’entrée naturelle de la Méditerranée et encore 2e plus grand port d’Europe en 1990, Marseille Fos a vu son aura s’émousser au fil des décennies. En 2010, il traitait 86 millions de tonnes de marchandises. En 2024, il en manipule à peine 70,5, avec une nouvelle baisse de 1,9 % par rapport à l’année précédente, principalement due à l’effondrement du charbon et à la baisse du GNL. Dans le même temps, ses rivaux du nord de l’Europe ont creusé l’écart. Rotterdam, Anvers et Hambourg concentrent désormais l’essentiel des flux maritimes européens. Plus de 40 % des conteneurs à destination de la France transitent même par l’étranger. À Marseille, les conteneurs stagnent à 1,5 million d’EVP, un chiffre qui n’a pas bougé depuis dix ans. Cette perte d’attractivité pèse lourd : désindustrialisation portuaire, emploi maritime sous tension, friches urbaines à l’abandon. Le futur siège, pensé comme un signal fort, veut incarner une rupture avec cette logique de repli.
Un bâtiment qui parle autant à la ville qu’à la mer
Installé en plein cœur du quartier de la Joliette, le projet ne sera pas un simple empilement de bureaux. Il regroupera 8 800 m² de surface pour accueillir les équipes du Port, avec des critères environnementaux stricts : certifications BDM Argent et HQE Excellent. Le tout piloté par Eiffage Concessions, épaulé par Eiffage Construction, Eiffage Énergie Systèmes et Eiffage Génie Civil.
Les architectes Corinne Vezzoni & Associés et Matonti-Politi Architecture & Patrimoine ont été retenus pour dessiner cet édifice symbole, moderne et ouvert. La livraison est prévue pour 2028, mais ce n’est que la première étape.
Une renaissance patrimoniale sur tout l’îlot
L’ensemble de l’îlot urbain autour de la halle patrimoniale « J0 », datant du XIXe siècle, va être repensé. Cette double halle va être réhabilitée pour accueillir, à l’horizon 2030, un mélange savamment dosé : bureaux, musée, auditorium, Port Center, commerces, restaurants. Le tout sur 16 600 m² de surface.
C’est Eiffage Immobilier qui orchestre cette opération immobilière, selon son modèle de constructeur-promoteur. L’ambition est claire : connecter le port à la ville, effacer la frontière symbolique entre les quais industriels et la vie urbaine.
Marseille Fos a encore de la ressource pour la “guerre des ports” en Europe
Si le port de Marseille Fos a perdu de sa superbe, il reste l’un des plus grands hubs logistiques de la Méditerranée.
Chaque année, 10 000 navires, 4 millions de passagers, plus de 70 millions de tonnes de marchandises, et 500 ports connectés dans 160 pays.
Avec ces 10 400 hectares entre rives méditerranéennes et delta du Rhône, c’est le seul port du sud de l’Europe à être connecté directement à un fleuve de grand gabarit, ce qui lui permet de remonter les flux marchands jusqu’au cœur du continent, un atout de taille pour la “guerre des ports” qui sévit en Europe.
Un écosystème aussi industriel qu’écologique
Le port de Marseille Fos, c’est aussi 3 millions de m² de plateformes logistiques, des infrastructures pour le raffinage, la sidérurgie, la chimie, et bien sûr, la forme 10, troisième plus grande forme de radoub du monde. Bref, c’est un couteau suisse industriel à l’échelle européenne, qui d’ailleurs n’abandonne pas la dimension écologique. Le port investit massivement dans la connexion électrique des navires à quai et dans l’avitaillement au GNL pour réduire les émissions.
Eiffage : des fondations solides pour la ville de demain
Avec 84 400 collaborateurs et 23,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2024, dont 34 % à l’international, le groupe Eiffage n’en est pas à son coup d’essai. Il intervient dans la construction, l’énergie, les concessions, le génie civil et la route.
Ce projet marseillais illustre bien sa capacité à mêler neuf et patrimoine, technique et symbolique, utilité publique et ancrage local. Il ne s’agit pas d’empiler du béton, mais de poser des jalons visibles d’un futur plus connecté, plus durable, et mieux pensé.
Les plus grands ports d’Europe en 2024
| Rang marchandises | Port | Pays | Volume marchandises (millions de tonnes) | Rang conteneurs | Trafic conteneurs (millions EVP) |
| 1 | Rotterdam | Pays-Bas | 435 | 1 | 13,82 |
| 2 | Anvers-Bruges | Belgique | 216 | 2 | 13,53 |
| 3 | Hambourg | Allemagne | 111 | 3 | 7,80 |
| 4 | Amsterdam | Pays-Bas | N/A (port important) | N/A | N/A |
| 5 | Algésiras | Espagne | N/A | N/A | N/A |
| 6 | Marseille-Fos | France | 70,5 | 15 | 1,45 |
| 7 | Le Havre (HAROPA) | France | 57 | 10 | 3,10 |
| 8 | Dunkerque | France | 39 | N/A | N/A |
| 9 | Valence | Espagne | N/A | 4 | 5,47 |
| 13 | Gdańsk | Pologne | N/A | 13 | 2,25 |
| 14 | Sines | Portugal | N/A | 14 | 1,90 |
| N/A | Barcelone | Espagne | N/A | 9 | 3,89 |
Sources principales : classement 2024 trafi cconteneurs ADAR, Eurostat tonnage 2021 (données récentes stables), Statista 2023.
Source article : Communiqué de presse d’Eiffage
