20 tonnes d’or sous les pieds des Indiens ?
Dans l’est de l’Inde, un bruit métallique secoue les profondeurs. Ce n’est pas une mine en activité, mais bien l’écho d’une promesse : celle de réserves d’or importantes enfouies sous les collines de l’Odisha. Les géologues du gouvernement indien ont identifié des gisements dans au moins six districts.
De quoi éveiller les appétits miniers du pays le plus peuplé du monde, même si les 20 tonnes d’or annoncées à corps et à cri dans les médias indiens, doivent encore être officiellement confirmés.
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La nouvelle mine d’Odisha pourrait abriter 20 tonnes d’or
Depuis plusieurs mois, le Geological Survey of India (GSI) mène une campagne d’exploration dans l’État d’Odisha, frontalier du Bengale-Occidental. Les géologues suivent des indices précis : anomalies magnétiques, traces de sulfures, micro-veines aurifères. Six zones ont livré des signaux positifs, avec une probabilité élevée de contenir de l’or.
Les sites concernés :
- Deogarh (Adasa-Rampalli)
- Sundargarh
- Nabarangpur
- Keonjhar
- Koraput
- Angul
D’autres zones sont encore en phase de reconnaissance : Mayurbhanj, Sambalpur, Malkangiri, Boudh.
Pas de pépites, mais une estimation à manier avec précaution
Selon les déclarations du ministre des Mines d’Odisha, relayées par plusieurs médias indiens comme The Hans India, des quantités estimées entre 10 et 20 tonnes sont évoquées. Ce chiffre reste provisoire, car il n’a pas encore fait l’objet d’un rapport scientifique officiel du GSI et il faut rester prudent car ce volume est pour l’instant basé sur des indices géologiques. Il faudra attendre les analyses de terrain détaillées pour le valider.
Un appétit indien insatiable
À titre de comparaison :
- L’Afrique du Sud a produit 110 tonnes en 2023
- La Chine : 370 tonnes
- L’Australie : 310 tonnes
Pour l’Inde, qui importe chaque année entre 700 et 800 tonnes, même si ces gisements étaient intégralement exploitables, cela ne couvrirait que 2 à 3 % des importations annuelles du pays, donc une goutte d’eau. En revanche, l’enjeu économique local reste réel. D’autant que la production nationale plafonne à 1,6 tonne par an (chiffre de 2020). Le pays cherche donc à réduire sa dépendance, et chaque gramme extrait localement est une victoire économique.
1 tonne d’or équivaut à 32 150 onces troy, soit environ 1,75 milliard d’euros au cours actuel (environ 54 500 euros l’once).
Si les 20 tonnes se confirment et sont exploitables, cela représenterait 35 milliards d’euros potentiels dans le sous-sol d’Odisha. À condition bien sûr que l’or soit accessibles économiquement, ce qui dépend de la concentration dans la roche (grade), de la profondeur et du coût d’extraction.
Une mécanique bien huilée pour préparer l’exploitation
Le gouvernement de l’Odisha ne compte pas en rester aux forages. Dès mars 2025, le ministre des Mines, Bibhuti Bhushan Jena, a annoncé en Assemblée que le premier bloc minier serait bientôt mis aux enchères, dans la région de Deogarh. Ce sera une première historique pour l’État.
La procédure :
- Passage du stade G3 à G2 : forages, cartographie fine, mesures des teneurs en or.
- Constitution d’un dossier minier complet avec données techniques.
- Appel d’offres pour concession minière, encadré par la loi MMDR (Mines and Minerals Development and Regulation Act).
- Évaluation des impacts environnementaux et sociaux.
- Lancement du chantier : routes, alimentation électrique, traitement du minerai, etc.
C’est l’Odisha Mining Corporation (OMC) qui supervisera l’ensemble, en lien étroit avec le GSI et les autorités centrales.
Une manne pour les territoires concernés
Ce n’est pas uniquement une histoire de lingots et de filons. Si ces mines se concrétisent, les effets économiques locaux seront immédiats :
- Création d’emplois directs : géologues, ouvriers, conducteurs d’engins, agents de sécurité.
- Emplois indirects : transport, restauration, hébergement, maintenance.
- Investissements en infrastructures, notamment routes et énergie.
- Hausse des revenus fiscaux pour les municipalités.
À plus long terme, c’est tout le tissu économique local qui pourrait se transformer. Le modèle est connu : les mines d’or du Karnataka ou de la région de Jharkhand ont déjà produit ce type d’effet levier. À condition de bien encadrer les pratiques.
Odisha, un État minier déjà bien servi
L’Odisha n’est pas novice en matière de ressources. L’État est un pilier de l’économie extractive indienne, déjà connu pour ses réserves en fer, bauxite, manganèse et chromite.
Voici un aperçu :
Ressource | Part de l’Inde (%) |
---|---|
Chromite | 96 % |
Bauxite | 52 % |
Fer | 33 % |
Manganèse | 44 % |
Ce nouveau filon aurifère renforce donc la place stratégique de l’Odisha dans le paysage minier indien. Cela permet aussi de diversifier les ressources extraites, un enjeu en cas de chute des cours mondiaux du fer ou de la bauxite.
Des défis environnementaux à anticiper
Extraire de l’or, ce n’est pas sortir des pièces toutes faites. Il faut broyer la roche, la traiter chimiquement, gérer les déchets. Un gramme d’or nécessite en moyenne plusieurs centaines de kilos de roche, avec des impacts majeurs :
- Utilisation de cyanure ou de mercure pour séparer l’or (selon la méthode choisie)
- Déforestation et destruction de sols
- Rejets acides dans les nappes ou rivières
Le défi sera donc de mettre en place une exploitation responsable, contrôlée et transparente. Les populations locales, souvent tribales et rurales, devront être protégées et intégrées dans les décisions.
Le ministère a promis des évaluations environnementales complètes, indispensables pour obtenir les licences d’exploitation. Une promesse scrutée de près par les ONG et les riverains.
Source : https://globalflowcontrol.com/newsroom/large-gold-deposits-discovered-in-odisha-india/
Image : Mine de fer de Joda East