Une porte qui avale un moteur en une seule bouchée.
La porte cargo principale du futur A350F est un bijou d’optimisation qui va donner à Airbus une nouvelle arme technologique pour concurrencer son rival de toujours sur le marché des avions-cargos, jusqu’ici archi dominé par l’Américain qui ne doit que moyennement goûter l’arrivée de ce nouveau modèle sur le marché.
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Airbus installe la plus grande porte cargo du monde sur son A350F
Commençons par les chiffres : 4,5 mètres de large pour la découpe, et 4,3 mètres d’ouverture libre. C’est simple : aucune autre porte de soute principale sur un avion commercial n’offre un tel accès. Pas même celle du Boeing 747, pourtant célèbre pour ses capacités cargo, et encore moins celle du 777F, limitée à 3,7 mètres.
Ce gain de largeur, 15 % de plus que le 777F, n’est pas une excentricité cosmétique. Il permet à l’A350F de charger des pièces très volumineuses en une seule manœuvre, comme un turboréacteur à double flux de dernière génération. Ce que certains avions mettent une heure à embarquer, le nouveau cargo d’Airbus peut le faire en quelques minutes. À l’échelle d’un aéroport international, ce n’est pas une amélioration, c’est une révolution.
Un choix d’emplacement intelligent pour l’équilibre de l’avion
Contrairement à d’autres avions où la porte cargo principale est placée plus à l’avant, Airbus a choisi ici une position arrière sur le fuselage, une décision d’ingénieur.
Placer la porte à l’arrière permet de charger l’avion du fond vers l’avant, maintenant ainsi un centre de gravité stable pendant toute la phase de chargement. C’est essentiel pour garantir la sécurité au sol et éviter toute bascule intempestive.
Une porte légère, mais costaude, grâce aux matériaux composites
L’A350 est déjà connu pour son fuselage en matériaux composites. Il était donc logique que sa porte cargo suive le même chemin. C’est cependant une première dans l’industrie : jamais une aussi grande porte n’avait été réalisée dans ce matériau.
L’intérêt est évident : réduction du poids, résistance accrue, meilleure durabilité face à la corrosion. Une porte en composite pèse bien moins qu’une porte en aluminium, ce qui contribue à améliorer la charge utile de l’appareil. Et chaque kilo gagné sur la structure, c’est un kilo de plus pour le fret.

Une ouverture 100 % électrique, adieu les tuyaux hydrauliques
Sur les anciens avions, pour ouvrir une porte de cette taille, il fallait un circuit hydraulique digne d’un chantier naval. L’A350F, lui, s’appuie sur un moteur électrique puissant pour gérer les ouvertures et fermetures de la porte cargo principale.
Cette approche s’inscrit dans la logique “more electric” d’Airbus, lancée avec la famille A350. Résultat : moins de fluide hydraulique à bord, moins de tuyauterie, moins de risques de fuites, et un système plus simple à entretenir.
Et pour être bien sûr que cette porte saura résister à toutes les configurations (givre, vent latéral, mauvaise inclinaison de l’avion au sol…), les équipes de Brême ont mis en place un banc d’essai dédié, le fameux SIB (System Integration Bench). Il simule toutes les situations pour valider la robustesse du système.
Une logistique industrielle déjà en ordre de bataille
Pendant qu’on parle de porte, Airbus construit déjà les morceaux de l’avion. Les sites industriels du groupe travaillent à plein régime sur les éléments majeurs du fuselage, des ailes et de l’empennage. L’assemblage final commencera à Toulouse dans les prochains mois, sur une chaîne de montage modifiée pour intégrer cette version cargo.
Il faut imaginer que chaque composant, du plancher renforcé à la trappe de pressurisation, a été adapté à la vocation très spécifique de ce modèle : transporter des charges lourdes, volumineuses, parfois sensibles, dans des conditions optimales.
Tout cela, sans sacrifier les performances aérodynamiques, le confort du cockpit ou les standards de sécurité de l’A350 de base.
Comparatif A350F vs Boeing 777F & 747-8F
Critère | Airbus A350F | Boeing 777F | Boeing 747-8F |
Largeur porte principale | 4,3 m | 3,7 m | 3,4 m |
Emplacement porte | Arrière fuselage | Avant fuselage | Latérale + nez relevable |
Matériau de la porte | Composite | Aluminium | Aluminium |
Système d’ouverture | Électrique | Hydraulique | Hydraulique |
Mise en service prévue | 2026 | 2009 | 2011 |
Charge utile maximale | ~109 tonnes (estimation) | 102 tonnes | 137 tonnes |
Autonomie (avec charge max) | ~8700 km (estimation) | 9 200 km | 8 130 km |
Atout majeur | Porte la plus large | Longue portée | Volume et accès frontal |
L’hégémonie mondiale des 2 géants bientôt mise à mal
Derrière cette bataille technologique entre Airbus et Boeing, se joue aussi une lutte économique mondiale. Airbus affiche une croissance soutenue, portée par le succès de la famille A320neo (qui fait aussi le bonheur de Safran avec ses moteurs LEAP) et des perspectives solides autour de l’A350, y compris en version cargo. En 2024, l’avionneur européen a livré plus de 700 appareils, dépassant Boeing pour la cinquième année consécutive. Boeing, de son côté, reste affaibli par les retards techniques du 737 MAX et du 787 Dreamliner. Pourtant, dans le secteur du fret, Boeing garde une position dominante, avec près de 90 % de parts de marché sur les avions cargo en service, grâce à ses 747, 767 et 777 convertis ou dédiés. Airbus, avec l’A330-200F et désormais l’A350F, cherche à réduire cet écart, misant sur une génération plus efficace et plus écologique. Pendant ce temps, la Chine (COMAC) prépare une version cargo de son C919, et Embraer (Brésil) développe une offre freighter pour les compagnies régionales. Le ciel du fret, longtemps verrouillé par Boeing, pourrait bientôt accueillir de nouveaux joueurs.
Un nouveau chapitre s’ouvre, et la domination du ciel par les deux géants historiques pourrait bientôt être remise en question par ces challengers venus de l’Est et du Sud.
Source : Airbus
Bonjour,
Avec 4700Km, pas de traversée de l’Atlantique.
Avec 4700 miles nautiques oui.
Bonne journée
Ça fait longtemps que leur “domination” est une légende, à Boeing.