Ce géant français de la construction prépare une expansion fulgurante dans un secteur inattendu en Espagne : le high-tech vert

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Eiffage muscle ses réseaux intelligents en Espagne avec trois rachats pour peser dans l’énergie du futur.

Quand on pense à Eiffage, on imagine plus volontiers des grues, des ponts, du béton et de la sueur de chantier. Pourtant, le futur du BTP ne se joue plus seulement dans le béton armé, mais aussi dans les circuits imprimés et les logiciels.

Construire aujourd’hui, ce n’est pas seulement ériger des murs, c’est aussi leur donner une intelligence énergétique. Et c’est exactement ce que vient de faire Eiffage en Espagne, avec trois acquisitions soigneusement choisies.

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Imaginez un entrepôt de surgelés de la taille de trois terrains de foot. Dedans, la température doit rester à –20 °C, en permanence. C’est ce genre de défi que relève CVS, une société espagnole fondée en 2020. Réfrigération industrielle, climatisation, systèmes anti-incendie : CVS gère à la fois le froid glacial et la chaleur destructrice.

Avec ses 11 sites en Espagne et ses plus de 300 employés, l’entreprise n’est pas qu’un installateur de frigos géants. Elle conçoit, assemble et entretient ses systèmes de A à Z pour un chiffre d’affaires de 60 millions d’euros en 2024. Pour Eiffage, c’est une pépite. En intégrant CVS, le groupe français ajoute un savoir-faire de niche à son arsenal industriel, capable d’équiper aussi bien un data center qu’une usine agroalimentaire.

Ce représentant de l’excellence française depuis 1665 veut devenir le leader mondial de ce nouveau produit “roi” du BTP avec un marché à 27 milliards d’euros en 2030

Quand les bâtiments apprennent à réfléchir

Si CVS s’occupe du froid et du feu, deux autres acquisitions s’occupent… du cerveau des bâtiments. M3i Controls et Inmotechnia sont des experts en BEMS, c’est-à-dire en Building Energy Management Systems. Dit autrement : ces systèmes sont au bâtiment ce qu’un cerveau est à un corps. Ils collectent des données en temps réel (température, consommation électrique, taux d’occupation des salles), et ajustent chauffage, ventilation et éclairage à la seconde près.

M3i Controls, petite société catalane, c’est une bande de 26 ingénieurs capables de transformer un banal immeuble de bureaux en véritable organisme vivant, où chaque watt est compté. Elle a généré 3 millions d’euros en 2024.

À l’échelle nationale, Inmotechnia joue dans la cour du haut niveau. Avec 64 salariés et 10 millions d’euros de chiffre d’affaires, elle a déjà installé ses systèmes de pilotage énergétique dans de nombreux bâtiments tertiaires. Un hôpital, par exemple, où l’on doit maintenir la clim en salle d’opération, mais réduire la consommation la nuit dans les bureaux vides : c’est exactement ce qu’elle sait faire.

L’Espagne, laboratoire énergétique grandeur nature

Pourquoi l’Espagne ? Parce que le pays est devenu un terrain d’expérimentation énergétique unique en Europe. Avec ses centrales solaires géantes, son boom de l’éolien et ses programmes de rénovation énergétique, Madrid pousse à fond la logique de la décarbonation.

Eiffage n’y débarque pas au hasard : le groupe y comptait déjà 5 000 salariés et 1,1 milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2024. Les trois acquisitions ne sont donc pas des coups isolés. Elles s’emboîtent dans une stratégie claire : transformer la péninsule ibérique en plateforme énergétique du groupe, un peu comme un laboratoire grandeur nature pour tester ses innovations avant de les déployer ailleurs en Europe.

Quand le BTP se met à coder

On aurait tort de voir Eiffage uniquement comme un constructeur de routes ou de ponts. Depuis quelques années, Eiffage Énergie Systèmes est devenu un acteur majeur des réseaux intelligents, des réseaux de chaleur, du climatique industriel et de l’urbanisme connecté.

En 2024, cette division a généré 7,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires, soit près d’un tiers des revenus du groupe, qui s’élèvent à 23,4 milliards d’euros. Bref, Eiffage n’est plus seulement un bâtisseur : c’est un chef d’orchestre énergétique. Il construit, mais surtout il connecte et pilote. Un peu comme si le maçon d’hier était devenu aujourd’hui à la fois ingénieur logiciel et énergéticien.

Trois acquisitions, un puzzle

Petit rappel des trois pièces du puzzle espagnol :

Entreprise Spécialité Localisation Employés CA (2024)
CVS Réfrigération, climatisation, incendie 11 sites en Espagne 300+ 60 M€
M3i Controls Automatisation des bâtiments tertiaires Catalunya 26 3 M€
Inmotechnia BEMS, gestion énergétique intelligente National 64 10 M€

 

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L’Europe des villes connectées

Avec ces rachats, Eiffage envoie un signal clair : il veut être l’un des maîtres d’œuvre de l’efficacité énergétique européenne. Déjà présent dans 17 pays, il construit un maillage de compétences qui va bien au-delà du simple marché espagnol. Chaque entreprise absorbée n’apporte pas seulement un chiffre d’affaires, elle apporte une culture technique, des clients fidèles, des savoir-faire de niche.

En clair, Eiffage construit un écosystème capable de rendre nos villes et nos usines plus sobres, plus intelligentes, plus connectées. À l’heure où chaque kilowatt compte, cette stratégie ressemble à une évidence. On est loin du béton pur et dur : bienvenue dans le BTP 2.0, celui qui pense autant en lignes de code qu’en mètres de béton.

Source : Eiffage

Image : Puerta de Alcala situé à Madrid, Espagne (Freepik)

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Guillaume AIGRON
Guillaume AIGRON
Très curieux et tourné vers l'économie, la science et les nouvelles technologies, (particulièrement ce qui touche à l'énergie et les entreprises françaises) je vous propose de de découvrir les dernières actualités autour de cette passion

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