La France présente un réacteur nucléaire qui ne produit pas d’électricité mais qui pourrait intéresser de nombreuses villes du monde entier

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CAL30, le mini-réacteur nucléaire qui pourrait bientôt chauffer nos villes.

Nous vous parlions hier du fait que la Pologne prenait la tête du peloton européen pour les SMR, la France est peut-être également en train de réaliser une percée décisive sur le mont Ventoux de l’énergie atomaique. Le CAL30 a été conçu dans notre beau pays pour fournir de l’énergie thermique décarbonée aux réseaux de chaleur urbains. Si tout va bien, le premier pourrait être déployé dès 2030 sur le site de Cadarache.

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La France présente un réacteur nucléaire  destiné à alimenter les villes en chaleur : le CAL30

L’entreprise Calogena a récemment signé une lettre d’intention avec le CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives) pour étudier le déploiement de son SMR (Small Modular Reactor ou petit réacteur modulaire en français) CAL30 sur un terrain identifié à Cadarache, dans les Bouches-du-Rhône.

Un partenariat stratégique, sur un site connu dans le monde entier pour ses travaux sur l’énergie nucléaire, la fusion (avec ITER), et l’innovation énergétique. L’idée est de déployer rapidement un démonstrateur industriel, apte à fournir 30 mégawatts thermiques, soit assez pour alimenter un grand réseau de chauffage urbain.

La France l’avait imaginé il y a des années mais c’est bien la Chine qui est en train de construire le premier réacteur nucléaire rapide refroidi au sodium

Un réacteur qui ne cherche pas la puissance électrique

Contrairement aux SMR conçus pour produire de l’électricité (comme Nuward ou Jimmy en France), CAL30 se concentre sur la chaleur. Plus exactement, sur une chaleur stable, propre et distribuée en circuit court, pour les logements collectifs, les bâtiments publics ou les infrastructures urbaines.

Son fonctionnement est étonnamment simple :

  • Température modérée : 100 °C
  • Pression faible : 6 bars (soit moins qu’un pneu de vélo)
  • Pas de turbine, pas de générateur, juste de l’eau chaude envoyée directement dans un réseau de chaleur

C’est cette sobriété qui fait sa force. Moins de composants, moins de risques, plus de compacité. Et cela change tout.

Une technologie éprouvée, remise au goût du jour

Derrière CAL30, il n’y a pas de technologie sortie d’un laboratoire futuriste. Calogena s’appuie sur les réacteurs de recherche dits “de type piscine”, qui fonctionnent depuis plus de 50 ans dans de nombreux pays, pour des usages médicaux, scientifiques ou de formation.

Le combustible est le même que celui utilisé dans les centrales nucléaires classiques, mais en format court, adapté à un cœur de réacteur de moins d’un mètre cube. Ce cœur compact, refroidi à l’eau, n’a pas besoin de circuit secondaire complexe, ni de générateur haute pression. Et surtout, il peut être fabriqué en usine, transporté sur site, et installé rapidement.

Calogena annonce une emprise au sol de seulement 3 000 m², dont moins de 1 000 m² de bâtiments. Soit à peine la surface d’un petit supermarché. Et pour l’approvisionnement en combustible, un seul camion tous les deux ans suffit. À comparer aux dizaines de camions quotidiens pour une chaufferie biomasse.

Où en est le processus de validation ?

Le projet CAL30 est actuellement en phase 3 d’évaluation auprès de l’ASNR (Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection), c’est-à-dire au stade de pré-instruction, juste après l’étape préparatoire.

Autrement dit, les discussions techniques ont commencé, sur la base d’une liste partagée de points sensibles, identifiés lors des étapes précédentes. Ce processus progressif permet de sécuriser la conception avant toute demande d’autorisation de construction.

À titre de comparaison :

  • Le projet Jimmy, destiné à fournir de la chaleur industrielle à Cristal Union à Bazancourt, est en phase 4, avec une demande officielle de décret de création déjà déposée.
  • Les projets Blue Capsule et Naarea, eux, sont encore en phase 2, en cours de revue préparatoire.

CAL30 est donc l’un des projets français les plus avancés du moment en matière de SMR à vocation thermique.

Une réponse à l’urgence énergétique locale

Pourquoi un tel engouement pour un réacteur de seulement 30 mégawatts thermiques ? Parce que les réseaux de chaleur urbains cherchent désespérément des alternatives locales au gaz fossile.

Le nucléaire peut ici jouer un rôle nouveau, sans émettre de CO₂, sans dépendre du vent ni du soleil, et avec une régularité idéale pour stabiliser un réseau. CAL30 est conçu pour faire du “suivi de charge”, c’est-à-dire adapter sa production en temps réel à la demande du quartier. Et tout cela sans tour aéroréfrigérante, sans infrastructure lourde, sans bruit ni pollution visuelle.

Ajoutez à cela une sécurité passive (grâce à la basse pression et à la faible température), peu de maintenance, et une installation modulaire transportable, et vous obtenez un candidat sérieux pour réindustrialiser le chauffage urbain français.

Un SMR urbain, propre, compact et exportable ?

Si les premiers déploiements réussissent en France, le modèle CAL30 pourrait être exporté en Europe, là où les réseaux de chaleur se développent, notamment en Allemagne, Pologne, pays nordiques ou pays baltes.

C’est aussi un projet cohérent avec les ambitions européennes d’électrification et de décarbonation des usages thermiques, sans saturer les réseaux électriques.

Et surtout, c’est un réacteur qui redonne un rôle local au nucléaire, en le rendant visible, accessible, et compréhensible par les citoyens. Avec un impact carbone quasi nul, un foncier limité, et des délais raccourcis, le nucléaire redevient un acteur de terrain.

Les dés sont jetés. Reste à voir si la société française et ses élus (on le sait, particulièrement frileux sur ce genre de sujets) oseront ouvrir la porte à ce nucléaire de proximité. Calme, compact, et sans panache de vapeur.

 

Les concurrents du CAL30 dans le monde

Pays Nom du réacteur Type Puissance thermique Usage principal Statut
🇫🇷 France CAL30 (Calogena) Eau pressurisée à basse température 30 MWth Chauffage urbain Pré-instruction (phase 3 ASNR)
🇫🇮 Finlande LDR-50 (Steady Energy) Eau pressurisée 50 MWth Réseaux de chaleur Concept dévoilé en 2023
🇨🇳 Chine TMSR-LF1 Sels fondus 2 MWth Chauffage local en zone aride En test à Wuwei (Gansu)
🇨🇦 Canada / 🇩🇰 Danemark CMSR (Seaborg) Sels fondus embarqués 100 MWth (modulaire) Barge flottante – chaleur industrielle / urbaine Prototype prévu avant 2030
🇺🇸 États-Unis NuScale (version thermique envisagée) Eau sous pression (PWR) 77 MWth (par module) Chaleur industrielle / cogénération Projet électrique en phase de certification

 

Source : Calogena

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Guillaume AIGRON
Guillaume AIGRON
Très curieux et tourné vers l'économie, la science et les nouvelles technologies, (particulièrement ce qui touche à l'énergie et les entreprises françaises) je vous propose de de découvrir les dernières actualités autour de cette passion

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