Les Etats-Unis s’intéressent de près à ce nouveau carburant français capable de faire voler les avions avec un bilan carbone négatif

Date:

Une alliance franco-américaine qui pourrait durablement impacter le secteur de l’aviation.

La jeune société américaine Natural State Renewables a signé début juillet un partenariat stratégique avec le groupe français Axens, bien connu pour ses technologies de conversion de biomasse. Leur objectif est de produire un carburant d’aviation durable (dans la langue de Shakespeare : sustainable aviation fuel ou SAF) à bilan carbone négatif, à partir de résidus forestiers. Donc en deux mots comme en cent, non seulement ce carburant évite d’émettre du CO₂ mais il en retire !

L’idée repose sur un procédé déjà éprouvé : le BioTfueL®. Ce nom un peu barbare cache une technologie intégrée, développée en France par un consortium de poids lourds : Avril, Axens, CEA, IFPEN, TotalEnergies et thyssenkrupp Uhde.

Lire aussi :

Du bois, du feu, du CO₂ capturé et hop on fait voler un avion !

Le cœur de ce carburant “négatif” repose sur la valorisation de déchets de bois, des sous-produits issus de l’entretien forestier donc du bois inutilisé et non exploitable commercialement.

Ces résidus sont transformés par thermochimie (via gazéification et synthèse Fischer-Tropsch) en un carburant parfaitement compatible avec les moteurs d’avions actuels. L’effet de bord intéressant est que l’énergie nécessaire au processus est issue de biomasse elle aussi, et le CO₂ émis par l’usine est capté et stocké localement.

À l’échelle du cycle de vie, les émissions de gaz à effet de serre sont négatives. Autrement dit, chaque litre produit retire du CO₂ de l’atmosphère. On appelle cela du carbon negative fuel. Une prouesse technologique qui n’a rien d’anecdotique dans un secteur entre 1et 2% des émissions mondiales d’après les récents rapports du GIEC.

Les Américains craignent l’arrivée de ce nouvel Airbus sur le marché qui va mettre en péril leur domination sur les avions-cargos

Objectif zéro émission nette pour les compagnies aériennes

Les compagnies aériennes, soumises aux nouvelles réglementations internationales (CORSIA, Fit for 55, etc.), cherchent désespérément des solutions pour réduire leur empreinte carbone sans abandonner les vols long-courriers.

Les SAF classiques, produits à partir d’huiles usagées ou de déchets alimentaires, permettent déjà de réduire de 60 à 80 % les émissions. Avec ce nouveau SAF forestier à bilan négatif, on passe en dessous de zéro ! Une manière pour les compagnies de compenser d’autres émissions (au sol, sur les courts trajets), sans recourir à des crédits carbone incertains.

La promesse est claire : conserver la liberté de voyager tout en nettoyant l’atmosphère. Pas mal pour une essence issue de copeaux.

Une filière née en France, développée aux États-Unis

Le BioTfueL®, même s’il s’exporte aujourd’hui outre-Atlantique, a vu le jour dans l’Hexagone. C’est une technologie née dans les laboratoires du CEA et de l’IFPEN, deux institutions publiques françaises. En ajoutant Axens et TotalEnergies, on comprend vite que la chaîne de valeur reste en partie française, même dans un projet mené par une entreprise américaine.

Côté américain, Natural State Renewables n’est pas une start-up comme les autres. Elle est dirigée par Ruben S. Martin III, un vétéran de l’énergie avec plus de 40 ans de carrière dans les hydrocarbures, la défense et les renouvelables

Le projet, basé dans le sud des États-Unis, vise à démarrer la production dès 2026, avec une capacité initiale de plusieurs centaines de milliers de tonnes par an. Modestes certes mais un véritable démarrage industriel.

Le futur plus grand avion du monde serait prêt à être détourné de sa mission initiale pour devenir le “bon à tout faire” du transport aérien

D’autres technologies en lice ?

Le BioTfueL® n’est pas le seul procédé sur le marché, mais c’est l’un des rares à être déjà industrialisable à grande échelle. À titre de comparaison :

Technologie SAF Matière première Réduction CO₂ estimée Compatibilité moteurs Déploiement industriel
HEFA Huiles usagées 60–80 % 100 % En cours
AtJ (Alcohol-to-Jet) Éthanol ou butanol 70–90 % 100 % Pilote
GtL / BtL (BioTfueL®) Résidus lignocellulosiques >100 % (négatif) 100 % Pré-industriel (2026)

La grande différence tient à la disponibilité du bois, aux infrastructures locales, et à la capacité à stocker le CO₂ capté, souvent en partenariat avec des opérateurs de captage souterrain.

Source : Axens

Notre site est un média approuvé par Google Actualité.

Ajoutez Media24.fr dans votre liste de favoris pour ne manquer aucune news !

Nous rejoindre en un clic
Suivre-Media24.fr

Guillaume AIGRON
Guillaume AIGRON
Très curieux et tourné vers l'économie, la science et les nouvelles technologies, (particulièrement ce qui touche à l'énergie et les entreprises françaises) je vous propose de de découvrir les dernières actualités autour de cette passion

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Articles connexes

Ce symbole français de la désindustrialisation va vivre une nouvelle vie et donner espoir à toute la France dans son renouveau économique

Une centrale à charbon recyclée en usine numérique à Saint-Avold. À Saint-Avold, en Moselle, un vent de transformation souffle...

Grande première mondiale pour le Japon qui présente un “monstre” de 7 cylindres dédié au navire et pouvant fonctionner à l’ammoniac seul

L'ammoniac a le vent en poupe dans le secteur maritime. Ils posent devant la machine comme on poserait devant...

Ce géant français des mers se positionne sur un ancien bastion russe et veut faire de ce port stratégique une porte d’entrée française sur...

CMA CGM injecte 200 millions d’euros pour transformer le port de Lattaquié en hub régional. Sous le soleil de...

La France présente un réacteur nucléaire qui ne produit pas d’électricité mais qui pourrait intéresser de nombreuses villes du monde entier

CAL30, le mini-réacteur nucléaire qui pourrait bientôt chauffer nos villes. Nous vous parlions hier du fait que la Pologne...