Alstom dévoile un TGV américain capable d’atteindre 260 km/h.
Ce 27 août 2025, un sifflement particulier a traversé le nord-est des États-Unis. Ce n’était pas un vent d’orage, ni un avion passant le mur du son. C’était le NextGen Acela, le tout nouveau train à grande vitesse d’Amtrak, conçu par Alstom. Avec 260 km/h au compteur, c’est officiellement le train le plus rapide des États-Unis. Derrière sa silhouette fuselée, c’est une tranche entière de savoir-faire français qui s’invite sur les rails américains.
Le projet ne se limite pas à faire gagner quelques minutes entre Washington et Boston. Il incarne un changement d’échelle : une Amérique qui redécouvre la vitesse sur rail, avec un train assemblé localement, utilisant 95 % de composants américains, dans une usine historique de Hornell, dans l’État de New York.
Lire aussi :
- Le best-seller français du rail n’est pas le TGV mais ce train qui a déjà généré plus de 15 milliards d’euros depuis 2000 et qui va encore ajouter une perle à son collier
- La Chine ridiculise les Etats-Unis avec son nouveau train “record” quand le TGV de l’Oncle Sam est à l’arrêt
Le NextGen Acela, un monstre de technologie né à Hornell, conçu à La Rochelle
On pourrait croire que ce train est né dans les Rocheuses. En réalité, c’est à La Rochelle, Le Creusot, Tarbes, Villeurbanne, Savigliano ou Belfort que le projet a pris forme. La conception, les bogies, les systèmes d’information, la pendulation active Tiltronix, les logiciels embarqués… tout vient d’un réseau d’ateliers français, italiens et indiens qui ont fusionné leur expertise pour créer ce qu’Amtrak appelle désormais la “nouvelle icône du rail américain”.
Côté américain, l’usine de Hornell a mobilisé plus de 800 ouvriers qualifiés, dont une large partie syndiquée, et a entraîné la constitution d’une chaîne d’approvisionnement de 180 fournisseurs dans 29 États. Au total, environ 15 000 emplois ont été générés à l’échelle nationale. C’est un peu comme si le TGV avait été greffé au système ferroviaire américain, mais avec des organes 100 % made in USA.
Une rame pensée pour avaler les courbes… et les kilomètres
Ce n’est pas un simple copier-coller du TGV français. Le NextGen Acela, ou plus précisément l’Avelia Liberty, a été conçu pour les contraintes spécifiques du Northeast Corridor : des courbes serrées, des tunnels historiques, des infrastructures centenaires.
Pour y répondre, le train est articulé, c’est-à-dire que ses voitures sont solidaires entre elles, avec des bogies placés entre les rames. Il est équipé du système de pendulation active Tiltronix, qui lui permet de prendre les virages 30 % plus vite qu’un train classique, sans faire tanguer les passagers comme dans un vieux ferry.
De plus, le train récupère l’énergie au freinage, allège chaque composant, optimise l’aérodynamisme et suit un pilotage éco-conçu qui maximise l’efficacité à chaque phase du trajet. Un bijou d’ingénierie roulante, fait pour durer, filer et freiner avec élégance.
Une cabine spacieuse, connectée, presque silencieuse
À bord, le changement est immédiat. 27 % de places assises supplémentaires, des sièges confortables avec appuie-têtes à ailettes, des baies vitrées XXL qui inondent de lumière les voitures, un Wi-Fi à haut débit, des prises USB et électriques à chaque place, sans oublier une voiture-bar dernier cri. Chaque rame est conçue pour accueillir les voyageurs du XXIe siècle, sans sacrifier le confort.
Amtrak a commandé 28 rames, ce qui permettra d’augmenter de 40 % la fréquence des trains sur le corridor. Car oui, malgré une image poussiéreuse du rail aux États-Unis, le Northeast Corridor affiche une affluence record. La demande est là. L’offre rattrape enfin son époque.
Un contrat record pour Alstom en Amérique du Nord
le contrat américain entre Amtrak et Alstom pour les trains NextGen Acela (Avelia Liberty) a été évalué à environ 2 milliards de dollars américains, soit environ 1,85 milliard d’euros (conversion à titre indicatif).
Ce contrat a été signé en août 2016, mais il couvre :
- la conception et la livraison de 28 rames à grande vitesse pour le corridor nord-est (Washington–New York–Boston),
- un contrat de maintenance de 15 ans, avec une option pour 15 années supplémentaires,
- des services de fourniture de pièces détachées, formation, et assistance technique,
- la modernisation d’infrastructures existantes pour accueillir les nouveaux trains (coût en partie pris en charge par Amtrak ou les autorités américaines).
Il s’agit à ce jour du plus gros contrat jamais attribué à Alstom en Amérique du Nord, et d’un des plus importants pour la grande vitesse en dehors de l’Europe.
Le rail américain en pleine réanimation
Ce projet n’est pas isolé. Alstom est déjà un acteur majeur du transport ferroviaire aux États-Unis, avec plus de 12 000 véhicules livrés à New York, Chicago, San Francisco, Boston, Atlanta ou encore Los Angeles. Mais avec l’Avelia Liberty, il entre sur un terrain symbolique : la grande vitesse, longtemps considérée comme un rêve européen irréalisable de l’autre côté de l’Atlantique.
Une éclaircie américaine qui contrebalance les nuages belges
Cette réussite ferroviaire sur le sol américain tombe à point nommé pour Alstom, alors que le groupe vient de subir un revers de taille en Belgique. Le fameux “contrat du siècle” de la SNCB, portant sur le renouvellement de près de 600 rames pour un montant estimé entre 1,7 et 3,4 milliards d’euros, semble définitivement échapper au constructeur français. Malgré un recours appuyé devant le Conseil d’État, l’auditeur recommande de rejeter la demande d’annulation déposée par Alstom, laissant la voie libre au constructeur espagnol CAF, désigné comme fournisseur préféré.
Au-delà du choc industriel, c’est un coup dur pour les sites de Bruges et Charleroi, pourtant considérés comme des piliers de l’industrie ferroviaire wallonne. Plusieurs centaines d’emplois sont désormais dans l’incertitude.
Dans ce contexte, le lancement du NextGen Acela aux États-Unis agit comme un bol d’air, une preuve que l’ingénierie ferroviaire d’Alstom peut encore séduire à l’international, même lorsque les portes européennes se ferment momentanément.
Résumé du projet NextGen Acela :
ÉLÉMENT | DONNÉES |
Nom du train | NextGen Acela (Avelia Liberty) |
Vitesse maximale | 260 km/h |
Nombre de rames commandées | 28 |
Fabrication principale | Hornell, État de New York |
Composants d’origine américaine | 95 % |
Création d’emplois estimée | 15 000 (directs et indirects) |
Augmentation de capacité passagers | +27 % |
Augmentation de fréquence sur le corridor | +40 % |
Partenaires français impliqués | La Rochelle, Belfort, Le Creusot, Tarbes, Villeurbanne, Valenciennes, Saint-Ouen, etc. |
Système pendulaire | Tiltronix™ |
Période de soutien technique | 15 ans (+15 en option) |
Alstom est encore français ? La bonne blague !