Le pont de Caijiagou : un viaduc de 953 mètres et une épine dorsale pour la LGV Chongqing–Wanzhou.
Chongqing en Chine vient d’être témoin de la naissance d’un nouveau géant de béton et d’acier. Le pont de Caijiagou, long de 953 mètres, est l’un des ouvrages les plus spectaculaires de la ligne à grande vitesse Chongqing–Wanzhou, un tracé de 251 kilomètres conçu pour des trains roulant à 350 km/h.
Ce viaduc permet de franchir la rivière Quxi, un affluent du Yangtsé, dans une région marquée par une géologie instable et des dénivelés vertigineux. Avec des pentes atteignant jusqu’à 40 degrés, sur fond de contraintes hydrauliques liées au réservoir des Trois Gorges. Ce n’est pas un chantier mais un véritable défi qui a été lancé aux ingénieurs chinois.
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Le pont de Caijiagou, nouveau chef d’œuvre d’ingénierie chinoise de 953 mètres de long
La Chine dessine littéralement une toile ferroviaire. Le projet Chongqing–Wanzhou s’inscrit dans le plan national des “huit axes nord-sud et huit axes est-ouest”, une grille de lecture du territoire qui articule métropoles, zones rurales et corridors économiques.
Avec cette liaison, la mégapole de Chongqing renforce sa connexion avec l’est du pays, tout en rapprochant le district industriel de Wanzhou des grands hubs ferroviaires. Une fois en service, le trajet entre les deux pôles passera de 69 minutes à moins de 50 minutes.
Des solutions d’ingénierie sur mesure
Pour franchir l’affluent du fleuve Yangtsé en sécurité et sans compromettre la stabilité des berges, les ingénieurs ont conçu des coffrages tubulaires en acier à double paroi, capables de résister aux contraintes mécaniques du site.
Autre innovation : la mise en œuvre de grues de montage en encorbellement, sortes de bras articulés qui avancent mètre par mètre sans échafaudage. Un peu comme si l’on construisait une main tendue dans le vide, sans filet. Une prouesse qui a nécessité une planification chirurgicale, notamment sur la mise en tension des câbles et l’étanchéité des joints.
Une mise en service prévue d’ici 2027
Le pont étant désormais “fermé” (c’est-à-dire que les deux rives sont reliées) les équipes vont pouvoir entamer les dernières phases : pose des rails, équipements de signalisation, et tests de sécurité.
La mise en service complète de la ligne est annoncée pour 2027. Une échéance cohérente avec le reste du calendrier des LGV en Chine, où la cadence de construction n’a rien à envier à celle des trains eux-mêmes.
Un impact régional amplifié par la géopolitique
Au de là de l’exploit technique, le pont de Caijiagou est un levier d’aménagement du territoire. L’axe qu’il sert va renforcer le cercle économique Chengdu–Chongqing, un pôle stratégique de l’Ouest chinois qui ambitionne de rivaliser avec la vallée du Yangtsé et la région de Pékin.
Le projet s’inscrit aussi dans les fameuses Nouvelle route de la soie : une ambition d’intégration ferroviaire à l’échelle continentale. D’un point de vue géopolitique, chaque pont, chaque tunnel, chaque rame participe d’un projet bien plus vaste que le simple transport de passagers.
Une vitrine technologique assumée
Ce pont est aussi une vitrine. En montrant sa capacité à maîtriser les contraintes extrêmes : altitude, pente, risques sismiques, la Chine démontre son savoir-faire en matière de génie civil. Un savoir-faire qu’elle exporte déjà en Asie du Sud-Est, en Afrique et jusqu’en Europe de l’Est.
Construire un tel pont en moins de cinq ans, dans un environnement aussi complexe, avec une marge d’erreur de quelques millimètres : c’est autant une performance qu’un message.
CR400AF “Fuxing”, un train prévu pour atteindre les 350 km/h
Ce pont n’est rien sans ce qu’il porte. Et ce qu’il porte, c’est un TGV chinois nouvelle génération le CR400AF “Fuxing”, capable de dépasser les 350 km/h sur rail. Conçu pour épouser les courbes serrées et les pentes abruptes du relief de Chongqing, ce train n’est pas juste rapide, il est taillé pour les montagnes. Grâce à ses suspensions intelligentes, son freinage adaptatif et ses moteurs synchrones haute performance, il franchira vallées, tunnels et viaducs sans ralentir.
Un réseau LGV hors norme : la Chine loin devant
Quand on parle de lignes à grande vitesse, la Chine joue dans une autre catégorie. En 2025, elle aligne près de 45 000 kilomètres de LGV en service, soit près des deux tiers du réseau mondial ! À titre de comparaison, la France, berceau du TGV, en exploite environ 2 800 kilomètres (bon d’accord le pays est 19 fois plus grand mais tout de même).
Le pays a su combiner vitesse de construction, uniformisation des standards techniques et financement massif. Chaque année, plus de 2 000 kilomètres supplémentaires sont mis en service, dans des zones parfois très éloignées des grandes métropoles. Cette densité permet non seulement de relier les grandes villes, mais aussi d’intégrer des régions entières dans un système de transport rapide, sûr et compétitif.
Autrement dit, la Chine n’a pas simplement construit des rails, elle a redessiné son territoire.
Caractéristique | Pont de la rivière Quxi |
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Date de jonction structurelle | 18 août 2025 |
Localisation | Zhen de Zhenxi, district de Fuling, municipalité de Chongqing |
Affluent franchi | Rivière Quxi (affluent du Yangtsé) |
Longueur totale | 953 mètres |
Type de ligne | LGV Chongqing – Wanzhou |
Vitesse de conception | 350 km/h |
Réseau intégré | « Huit verticales et huit horizontales » (réseau national LGV) |
Entreprise de construction | China Railway Major Bridge Engineering Co., Ltd. |
Source : http://french.china.org.cn/china/txt/2025-09/02/content_118056304.htm