Le réacteur Hualong One, champion mondial du nucléaire de 3e génération.
Le Hualong One, aussi appelé HPR1000 à l’export, est désormais le réacteur nucléaire de troisième génération le plus déployé au monde. Avec 41 unités construites, dont 7 déjà raccordées au réseau, la Chine a réussi ce que peu de pays ont osé : industrialiser un modèle national de réacteur avancé en un temps record. Chaque unité peut produire 10 milliards de kilowattheures par an, soit assez pour alimenter un million d’habitants dans un pays moyennement développé.
Cette technologie repose sur une base éprouvée : le réacteur à eau pressurisée (REP), mais largement améliorée par rapport aux générations précédentes. Elle intègre notamment des leçons tirées de Fukushima, avec des systèmes de sécurité passifs et actifs redondants, et des mesures anti-séisme renforcées.
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Le réacteur Hualong One, le nouveau champion du nucléaire mondiale est chinois
Chaque Hualong One permettrait d’éviter environ 8 millions de tonnes de CO₂ par an, l’équivalent de 3 millions de tonnes de charbon non brûlées. À Karachi, les deux réacteurs déjà opérationnels ont généré 48 milliards de kilowattheures et évité 39 millions de tonnes de CO₂. C’est comme retirer 8 millions de voitures thermiques de la circulation pendant un an.
Le premier exemplaire, lancé il y a plus de dix ans, a été achevé en seulement 5,7 ans, respectant les délais initiaux. C’est une rareté dans l’industrie nucléaire. Il a même obtenu un score parfait lors de l’évaluation de la WANO (World Association of Nuclear Operators), témoignant de sa fiabilité.
Sécurité nucléaire et standards européens, une double casquette
Le Hualong One a passé avec succès l’évaluation générique de conception au Royaume-Uni, un des processus de certification les plus rigoureux au monde. Il est également certifié conforme aux exigences des opérateurs européens, ce qui ouvre la voie à une implantation en Europe sans obstacle réglementaire majeur.
Il a aussi reçu le Prix national chinois d’ingénierie de qualité, récompensant non seulement la conception, mais aussi la qualité de fabrication et d’intégration. Pour comparaison, la France a mis près de 16 ans à connecter son premier EPR de Flamanville. Le contraste est frappant.
Une filière 100 % chinoise, des milliers d’entreprises impliquées
La conception du Hualong One repose sur 30 années de savoir-faire nucléaire chinois. Elle a mobilisé près de 6 000 entreprises locales, de la production des turbines à la fabrication des gaines de combustible. Résultat : un réacteur intégralement fabriqué sur le sol chinois, sans dépendance critique à l’étranger.
L’écosystème comprend 2 044 normes industrielles, 700 brevets nationaux, 65 brevets internationaux, et 125 droits d’auteur logiciels. La Chine ne se contente pas de fabriquer, elle documente, codifie et exporte un standard technologique à part entière.
Une coopération scientifique digne d’un programme spatial
La réussite du Hualong One repose aussi sur une alliance impressionnante entre l’industrie, la recherche et l’enseignement supérieur. 75 universités et instituts chinois, 14 partenaires internationaux, 179 défis techniques surmontés, autant d’indicateurs d’un effort coordonné à l’échelle nationale.
Cela rappelle l’approche adoptée pour les grands projets aéronautiques ou spatiaux. Ici, l’objectif est énergétique. Mais les impacts diplomatiques, économiques et climatiques dépassent le cadre de l’ingénierie.
Exportation, diplomatie et transition énergétique
Le Hualong One est une pièce maîtresse de l’Initiative des Nouvelles Routes de la Soie. Il a déjà conquis le Pakistan, l’Argentine, et une vingtaine d’accords de coopération ont été signés avec d’autres pays. Il sert autant à alimenter des villes entières qu’à tisser des alliances technologiques durables.
Pour les pays partenaires, le choix est stratégique : s’équiper avec une source d’énergie bas carbone, à grande échelle, moins chère que les EPR occidentaux (autour de 6 à 8 milliards d’euros l’unité) et sans dépendre de l’uranium enrichi par des puissances étrangères. Pour la Chine, c’est un levier d’influence mondiale, une vitrine technologique et une réponse à ses objectifs de neutralité carbone à horizon 2060.
Récapitulatif en chiffres
| Indicateur | Valeur |
|---|---|
| Nombre de réacteurs Hualong One construits | 41 |
| Puissance électrique annuelle par réacteur | 10 milliards de kWh |
| Émissions de CO₂ évitées par réacteur | 8 millions de tonnes/an |
| Temps moyen de construction | 5,7 ans |
| Nombre d’entreprises chinoises impliquées | Environ 6 000 |
| Brevets et droits d’auteur liés au projet | Environ 890 |
| Pays partenaires | Pakistan, Argentine, +20 accords |
La France face au géant chinois : héritage contre industrialisation
La France, longtemps considérée comme une référence en matière de nucléaire civil, observe l’essor du Hualong One avec une attention mêlée d’admiration et de prudence. L’hexagone mise depuis les années 1990 sur l’EPR (European Pressurized Reactor), un réacteur très puissant, conçu pour durer 60 ans, avec un haut niveau de sûreté. Sur le papier, il cumule les qualités. Sur le terrain, les retards et surcoûts de Flamanville et d’autres projets ont terni l’image de la filière.
Aujourd’hui, un seul EPR est en fonctionnement commercial dans le monde : celui de Taishan 1, en Chine, mis en service avant Flamanville. Les projets d’EPR2 en France (notamment à Penly) marquent un retour de flamme stratégique, mais la Chine, avec ses 41 Hualong One, a clairement pris une longueur d’avance sur le plan industriel.
La différence de tempo est frappante : là où EDF lance quelques réacteurs à la fois, la Chine enchaîne les chantiers nucléaires comme on assemble des trains à grande vitesse. Elle capitalise sur un modèle unique, modulaire, reproductible, et surtout exportable. La France, pour sa part, travaille sur la relance de sa filière grâce à une nouvelle génération d’ingénieurs, un parc à moderniser et un soutien étatique affirmé. Mais dans la course aux parts de marché mondiales, le compteur tourne déjà.
Réacteurs nucléaires de 3e génération les plus déployés dans le monde (2025)
| Réacteur | Pays d’origine | Type | Nombre d’unités déployées | Puissance électrique par unité (en MWe) |
|---|---|---|---|---|
| Hualong One (HPR1000) | Chine | REP 3e génération | 41 | 1 170 |
| EPR (Evolutionary Power Reactor) | France | REP 3e génération | 4 | 1 650 |
| VVER-1200 (AES-2006) | Russie | REP 3e génération | 12 | 1 200 |
| AP1000 | États-Unis | REP 3e génération+ | 6 | 1 150 |
| APR1400 | Corée du Sud | REP 3e génération | 5 | 1 400 |
Source : https://en.cnnc.com.cn/2025-05/12/c_1091926.htm
