Une source équivalente à 50 000 fois tous les besoins énergétiques de l’homme bientôt à portée de main des Américains grâce à ce laser : un gyrotron

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La géothermie entre dans une nouvelle dimension.

À Marble Falls, au Texas, une entreprise américaine a montré que l’on pouvait creuser dans du granite en le vaporisant avec des ondes millimétriques, les mêmes types d’ondes que dans un four à micro-ondes.

L’entreprise s’appelle Quaise Energy et elle a organisé le 4 septembre 2025 une démonstration publique de sa technologie de forage par ondes électromagnétiques, dans une carrière à ciel ouvert. Le résultat est foudroyant avec 118 mètres de roche fondue !

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Quaise a présenté durant cette démonstration son dernier né : un gyrotron, une sorte de canon électromagnétique haute fréquence, capable d’envoyer un faisceau concentré au cœur de la roche. Ce faisceau excite les molécules du granite, les fait chauffer, jusqu’à ce qu’elles se transforment en vapeur minérale.

Pas de friction. Pas de casse. Pas de bits de carbure à changer tous les deux mètres. C’est de l’usinage par énergie pure.

L’effet est si propre que les parois du trou foré sont lisses comme du verre. Une caméra descendue dans l’axe a montré une transition nette entre la terre végétale du dessus et les murs uniformes de granite grisé par la chaleur.

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Une vitesse de percement impressionnante

Ce qui a stupéfié les ingénieurs présents, ce n’est pas seulement la méthode, c’est la cadence. À certains moments, l’équipe a atteint jusqu’à 5 mètres par heure. C’est plus de 50 fois plus rapide que le forage conventionnel dans ce type de roche, qui tourne autour de 10 centimètres par heure alors qu’in le s’agissait que d’un test de validation, sans visée de battre des records de vitesse.

Le précédent record avait déjà lui été réalisé en mai dans un test près de Houston avec 12 mètres de profondeur par heure !

Exploiter l’énergie cachée sous nos pieds

Sous la surface de la Terre, à quelques kilomètres de profondeur, la température grimpe très vite. À 5 km, on atteint 400 à 500 °C. Suffisamment pour transformer de l’eau en vapeur surchauffée, capable d’alimenter directement des turbines électriques.

La géothermie profonde, dite superhot rock geothermal (en français « géothermie des roches superchaudes »), pourrait produire autant d’énergie que le gaz ou le charbon, sans émission de CO₂, sans stockage, sans intermittence. Une ressource inépuisable, disponible partout sur la planète.

Jusqu’à maintenant, on ne savait pas creuser aussi profond dans les roches dures à un coût raisonnable. Quaise pense pouvoir changer les règles du jeu.

De la reconversion industrielle à la révolution énergétique

Quaise veut utiliser les infrastructures existantes des centrales à charbon ou à gaz, déjà raccordées au réseau, déjà équipées de turbines et de systèmes de refroidissement. Il suffirait de remplacer la chaudière actuelle par un puits de plusieurs kilomètres, foré au laser, pour alimenter la même installation avec la chaleur du sous-sol.

C’est une idée simple : transformer des centrales polluantes en centrales géothermiques propres, sans tout reconstruire. D’autant que les anciens sites industriels sont souvent situés sur des terrains stables, accessibles, et déjà électrifiés.

« Quaise n’est pas une entreprise de forage, c’est une entreprise d’énergie », a déclaré Carlos Araque, PDG et cofondateur de Quaise Energy. « Nous voulons faire de la géothermie le cheval de bataille de la transition énergétique, et nous n’arrêterons pas avant d’y parvenir. »

Un pari technologique très suivi

Pour l’instant, le trou de 118 mètres reste modeste. Mais le cap est clair : atteindre le kilomètre dans les mois qui viennent, puis 5 à 7 kilomètres d’ici quelques années.

À ces profondeurs, il ne s’agit plus d’exploiter de la géothermie de confort pour chauffer un quartier résidentiel. C’est de la production d’électricité à grande échelle, 24h/24, 365 jours par an. Une source d’énergie pilotable, propre, et potentiellement infinie.

Une énergie sous nos pieds, encore largement sous-exploitée

La géothermie ne représente aujourd’hui qu’environ 0,5 % de la production mondiale d’électricité, contre 38 % pour le charbon, 23 % pour le gaz et 10 % pour le nucléaire. Pourtant, son potentiel est colossal : la chaleur contenue dans les 10 premiers kilomètres de croûte terrestre équivaut à 50 000 fois la consommation annuelle d’énergie de l’humanité.

En France, la géothermie reste marginale pour la production électrique (centrale de Bouillante en Guadeloupe), mais elle alimente déjà près d’un million de logements en chauffage, notamment via des réseaux urbains en Île-de-France, en Alsace ou à Bordeaux. À l’échelle mondiale, la capacité installée est de 16 GW pour l’électricité, avec des pays pionniers comme l’Islande, les Philippines, le Kenya ou les États-Unis.

Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la géothermie profonde pourrait fournir jusqu’à 8 à 10 % de l’électricité mondiale d’ici 2050, si les obstacles technologiques sont levés. C’est précisément ce que cherche à faire Quaise Energy : rendre cette ressource abondante, continue, universelle.

La France peut s’inquiéter du brusque regain d’intérêt de son plus grand rival historique pour son “pré carré” : le nucléaire

Comparatif des sources d’énergie bas-carbone (électricité)

Source Coût moyen (€/MWh) Rendement Production continue Besoin d’espace Commentaire
Géothermie profonde 50 à 90 Très élevé (jusqu’à 90 %) Oui Faible Ressource inépuisable, pilotable, mais coûteux à creuser
Solaire photovoltaïque 35 à 70 Moyen (20 %) Non Élevé Bon marché mais intermittent et non pilotable
Éolien terrestre 40 à 60 Moyen (25 %) Non Moyen à élevé Variable selon le vent ; nécessite stockage ou secours
Nucléaire (EPR) 70 à 110 Très élevé (90 %) Oui Faible Très pilotable, mais temps de construction long
Hydroélectricité 20 à 60 Élevé (80 %) Oui Très élevé Dépend de la topographie ; peu extensible

 

Sources :

  • IEA (2022), The Future of Heat Pumps, IEA, Paris https://www.iea.org/reports/the-future-of-heat-pumps, Licence: CC BY 4.0
  • Communiqué de presse de Quaise

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Guillaume AIGRON
Guillaume AIGRON
Très curieux et tourné vers l'économie, la science et les nouvelles technologies, (particulièrement ce qui touche à l'énergie et les entreprises françaises) je vous propose de de découvrir les dernières actualités autour de cette passion

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