Le fantasme ultime de l’humanité en matière d’énergie à portée de main : utiliser l’eau de mer pour produire de l’hydrogène

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Dompter le sel de mer pour produire de l’hydrogène semble désormais à portée de main.

Produire de l’hydrogène propre à partir d’eau de mer, sans que tout l’électrolyseur rouille en quelques jours ? Jusqu’à présent, personne n’avait vraiment réussi. Trop salée, trop corrosive, l’eau de mer a toujours été la bête noire des ingénieurs de l’hydrogène.

Une équipe sud-coréenne pourrait cependant avoir trouvé comment sortir de cette équation impossible grâce à un matériau nanotechnologique : le MXene. Dans leurs mains, ce dernier est devenu la clé pour électrolyser l’eau de mer sans que tout parte en lambeaux. Une vraie révolution, qui pourrait enfin faire de l’océan une source massive et durable d’hydrogène vert.

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Le MXene (prononcez mixène) est un véritable “fantasme” d’ingénieur : ultra-mince, ultra-conducteur, ultra-prometteur. Un peu comme du graphène… mais avec plus de caractère. Il semble parfait sur le papier mais le problème, c’est qu’il déteste l’eau de mer et rouille vite.

Les chercheurs coréens de la Korea Institute of Materials Science, avec le soutien de la Korea Institute of Energy Technology Evaluation and Planning (KETEP) et du National Research Council of Science & Technology (NST) ont décidé de prendre le problème de front en oxydant volontairement le MXene avant de le combiner avec de la ferrite de nickel grâce à un broyage à haute énergie.

Ce cocktail de chimie et de mécanique a donné naissance à un catalyseur super stable, super résistant, et prêt à se frotter au sel marin.

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Cinq fois plus de courant, deux fois plus de durée de vie

Le catalyseur développé affiche une densité de courant cinq fois supérieure à celle des matériaux classiques, tout en doublant leur longévité.

« Cette étude est importante car elle traite le problème des ions chlorure présents dans l’eau de mer en utilisant le matériau innovant MXene », a déclaré le Dr Juchan Yang, responsable du projet. « Nous menons activement des recherches de démonstration afin de faire progresser cette technologie vers une solution durable de production d’hydrogène. »

Autre point fort : aucun métal précieux n’est requis. Pas de platine, pas d’iridium, pas de cobalt ultra-cher. Pas de bain d’acide, pas de solvants polluants. C’est propre, efficace, et déjà en ligne avec les standards industriels.

Un coup de boost pour l’hydrogène offshore

L’eau douce, on le sait, n’est pas infinie. Pourtant, la quasi-totalité de l’hydrogène produit aujourd’hui par électrolyse en consomme. Ce qui limite les installations aux zones bien équipées.

Avec un catalyseur aussi robuste, on peut imaginer des plateformes flottantes en pleine mer, alimentées par des éoliennes offshore ou du solaire, qui transforment directement l’eau de mer en hydrogène. Sans réseau. Sans usine. Sans camions.

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Un marché vert… mais pas si simple

En 2025, produire de l’hydrogène vert coûte encore entre 3,5 et 6,5 euros par kilo en Europe, contre 1,5 à 2,5 euros pour l’hydrogène gris issu du gaz naturel. Pourtant, les ambitions sont là : l’Union européenne vise 10 millions de tonnes par an d’ici 2030, avec un budget estimé entre 300 et 500 milliards d’euros pour tout développer. Chaque kilo d’hydrogène vert peut éviter jusqu’à 10 kg de CO₂, mais il faut aussi 9 litres d’eau douce pour le produire, ce qui pousse les chercheurs à explorer des alternatives comme l’électrolyse directe de l’eau de mer. En France, 9 milliards d’euros ont déjà été engagés pour bâtir une filière nationale.

Aujourd’hui, plus de 95 % de l’hydrogène mondial est encore “gris”, c’est-à-dire issu du gaz naturel, avec une empreinte carbone monstrueuse. Passer au vert suppose de réinventer tout le processus, depuis l’alimentation électrique jusqu’au catalyseur.

C’est là que chaque amélioration technologique compte, comme celle du MXene coréen. Si l’on veut verdir l’industrie, décarboner l’aviation, produire de l’acier sans charbon, il va falloir sortir l’hydrogène de ses tubes à essai… Et le jeter à la mer, littéralement.

Quelques repères chiffrés sur le marché de l’hydrogène (2025) :

Indicateur Valeur estimée (2025)
Prix de production de l’hydrogène vert (par électrolyse, en Europe) Entre 3,5 et 6,5 €/kg, selon coût de l’électricité
Prix de l’hydrogène “gris” (issu du gaz naturel, sans captage de CO₂) Environ 1,5 à 2,5 €/kg
Objectif européen (REPowerEU) Produire 10 Mt/an d’hydrogène vert d’ici 2030
Coût total estimé de cet objectif Entre 300 et 500 milliards d’euros, selon les scénarios
Prix moyen de l’électrolyseur (installation PEM ou alcalin) Environ 600 à 1 000 €/kW installé
Émissions évitées si l’hydrogène gris est remplacé par du vert (par tonne) Jusqu’à 10 tonnes de CO₂ par tonne d’H₂
Consommation d’eau pour 1 kg d’hydrogène produit Environ 9 litres d’eau

 

Sources :

Commission européenne – REPowerEU (Hydrogène)

  • Objectif : 10 Mt d’hydrogène vert produit en Europe + 10 Mt importés d’ici 2030
  • Budget estimé : 300 à 500 milliards d’euros
  • 🔗 https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/fr/ip_22_3131
  • 🔗 https://energy.ec.europa.eu/topics/energy-systems-integration/hydrogen_en

Étude de la Korea Institute of Materials Science (KIMS) :

Kyung-Bok Lee et al, Durable Seawater Electrolysis through the Synergistic Effect of Oxidized MXene/Nickel Ferrite Composite Electrocatalyst, ACS Nano (2025). DOI: 10.1021/acsnano.5c04312

Image : Des gouttes d’eau tombent sur le fond (Freepik)

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Guillaume AIGRON
Guillaume AIGRON
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