Nucléaire : non, la France ne va pas vous assommer sur la facture d’électricité
C’est la question qui hante les soirées d’hiver : combien va-t-on payer notre électricité nucléaire après 2025 ? La réponse vient de tomber, et elle a de quoi rassurer. Le régulateur de l’énergie vient d’annoncer que le coût du parc nucléaire d’EDF restera… étonnamment contenu. Même après la fin du tarif réglementé. Oui, vous avez bien lu.
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Le mécanisme Arenh bientôt remplacé au profit des consommateurs français
Tout change au 1er janvier 2026. Fini l’Arenh, ce mécanisme qui forçait EDF à vendre une partie de son électricité à prix cassé – 42 euros le mégawattheure, c’était cadeau. Cette règle bizarre, imposée à la France par Bruxelles pour « favoriser la concurrence », avait un effet pervers : des fournisseurs achetaient du courant pas cher à EDF pour vous le revendre… plus cher.
Ce système disparaît. Désormais, EDF pourra vendre toute sa production au prix du marché. Libre, mais pas tout à fait : si l’entreprise engrange trop de bénéfices, elle devra en redistribuer une bonne partie aux consommateurs, grâce à un nouveau dispositif au nom technocratique mais très utile : le Versement nucléaire universel (VNU).
Alors, combien ça coûte vraiment de produire un mégawattheure ?
C’est la question de base. La Commission de régulation de l’énergie (CRE) a sorti la calculette : pour la période 2026-2028, le coût complet du nucléaire français sera de 60,3 € le MWh, aux conditions économiques de 2026. Et 63,4 € entre 2029 et 2031.
Tout compris : salaires, maintenance, uranium, assurances, démantèlement, déchets. C’est un coût “tout en un”, pas juste le coût marginal. Et pour être clair : ce n’est pas cher. À titre de comparaison, le prix du marché européen a parfois dépassé les 200 € ces dernières années.
Même avec l’inflation, le nucléaire reste l’électricité la plus stable du mix français.
EDF n’est pas tout à fait d’accord
Chez EDF, on sort d’autres chiffres. Le groupe estime que ses coûts sont plus proches de 79,6 € le MWh pour 2026-2028, et même 81,5 € pour 2029-2031. Soit 20 € de plus que les calculs de la CRE.
Pourquoi cette différence ? Un peu de méthode, un peu de prudence industrielle, un peu de communication aussi. La CRE, elle, maintient que ses chiffres sont réalistes, et surtout très proches de ceux annoncés en 2023, malgré l’inflation. Ce qui veut dire que les hausses de coût ont été compensées par une meilleure disponibilité du parc, des économies de gestion, et une bonne anticipation des travaux.
Et si EDF vend trop cher ?
Pas de panique. C’est là que le VNU entre en jeu. Si EDF dépasse certains seuils de prix, une partie de ses superprofits nucléaires sera prélevée… et reversée aux consommateurs. Deux niveaux de taxation sont prévus : 50 % de redistribution, puis 90 % au-delà d’un second seuil. C’est une sorte de filet de sécurité tarifaire.
Et qui fixe ces seuils ? L’État, sur la base des coûts calculés par la CRE. C’est donc une mécanique bien huilée, conçue pour éviter les factures stratosphériques, même en cas de crise sur les marchés de l’énergie.
Pourquoi c’est une bonne nouvelle ?
Parce que la France est un cas unique. Ailleurs en Europe, les prix flambent. En Allemagne, on mise sur du gaz ou des renouvelables chers. En Italie, on importe. La France, elle, peut s’appuyer sur un parc nucléaire capable de produire de l’électricité bon marché, sans carbone, toute l’année.
Aujourd’hui, 63 % de notre électricité vient du nucléaire. Et les 57 réacteurs EDF – y compris le tout nouveau Flamanville – forment un patrimoine industriel qu’aucun autre pays ne possède.
Et ce parc, malgré son âge, reste compétitif. Grâce à la prolongation des réacteurs, au Grand carénage, à la remise à niveau des installations, le nucléaire français reste un investissement rentable pour la collectivité.
En résumé ?
- ✅ Le tarif Arenh prend fin fin 2025.
- 💰 À partir de 2026, EDF vend au prix du marché.
- 🛡️ Mais l’État met en place un mécanisme pour protéger les consommateurs si EDF engrange trop.
- 📉 Le coût réel du nucléaire reste très bas : autour de 60 € le MWh, selon la CRE.
- ⚡ Le nucléaire reste l’énergie la plus abordable et stable du mix français.
Source : Commission de Régulation de l’Énergie (CRE)
Image : Vue aérienne de la centrale de Civaux (2005)