Le nucléaire bientôt financé par votre Livret A ?
Vous pensiez que votre Livret A servait à construire des HLM ? C’est vrai.
Mais pas uniquement !
Une partie de vos économies pourrait bientôt alimenter les futurs réacteurs nucléaires de l’Hexagone. Le projet est sur la table comme la Caisse des dépôts vient de le communiquer, elle qui veille jalousement sur l’épargne des Français.
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400 milliards d’euros qui dorment, pourquoi ne pas s’en servir pour financer le nucléaire français ?
Quand vous alimentez votre Livret A (ou votre LDDS, ou votre LEP), votre banque ne garde pas les fonds dans un coffre. Elle les transfère à la Caisse des dépôts, qui les regroupe dans le Fonds d’épargne. Ce fond aujourd’hui dépasse les 400 milliards d’euros, environ 2 fois les réserves d’or détenues par notre pays (qui oscille aux alentours de 200 milliards d’euros pour 2 436 tonnes en fonction des cours).
Aujourd’hui, la moitié de ce fonds sert à financer des logements sociaux, des universités, ou des hôpitaux. L’autre moitié est investie dans des titres publics, des projets d’infrastructure, des entreprises cotées… parfois sans que vous en sachiez grand-chose.
“On s’est mis d’accord avec Bercy et puis EDF sur le recours au Fonds d’épargne” pour le financement de nouveaux réacteurs EPR, a déclaré Olivier Sichel, directeur de la caisse des dépôts, lors d’une rencontre organisée par l’Association des journalistes économiques et financiers (Ajef).
Ce qui veut dire qu’une partie du Fonds d’épargne pourrait aller dans des tuyaux en béton, de l’acier, des cuves pressurisées, du combustible uranium de la nouvelle génération de réacteurs nucléaires qui alimenteront demain la France.
Pourquoi maintenant ?
L’État a validé en juin 2025 la construction de six nouveaux réacteurs EPR2, les premiers depuis 1999 et Civaux 2 (Vienne) .
L’objectif est clair : relancer une filière nucléaire 100 % française, capable de produire de l’électricité bas carbone pendant 80 ans.
Problème : la facture est salée. On parle de 90 à 100 milliards d’euros, selon les estimations de l’ex-ministre de l’Énergie, Marc Ferracci. Dans un contexte budgétaire tendu, trouver des financements stables, à long terme, sans passer par des fonds spéculatifs devient donc une priorité.
Pas du mécénat mais un placement
Qu’on ne se méprenne pas. Il ne s’agit pas d’un appel aux dons ni d’un emprunt forcé. Vos intérêts sont garantis, comme toujours. Le taux du Livret A n’est pas indexé sur les performances d’EDF. Vous ne risquez pas de voir fondre votre épargne si un chantier prend du retard.
L’idée, c’est de faire du nucléaire un placement d’avenir, au même titre qu’un hôpital ou un réseau de transport. Un projet long, stable, structurant, qui s’inscrit dans une logique de rémunération modérée mais fiable.
Pour une institution comme la Caisse des dépôts, qui investit à 20 ou 30 ans, c’est plutôt cohérent.
Le projet n’est pas signé mais est en bonne voie
Pour que cette idée se concrétise, il faut encore que la Commission européenne valide le montage financier. On parle ici de fonds publics et Bruxelles regarde ces choses-là de très près, surtout quand elles concernent l’énergie.
Le feu vert semble très possible si ce n’est probable. Il s’agit d’une technologie éprouvée, que la France maîtrise depuis plus de 50 ans et la relance du nucléaire est dans l’air du temps, en Allemagne, en Pologne ou encore en République tchèque.
Et si on vous disait que vous êtes déjà actionnaire du futur ?
Ce qui est fascinant, c’est que tout cela se fait sans que vous ayez à bouger le petit doigt. Votre Livret A, que vous consultez une fois par an, pourrait demain être à l’origine de l’électricité qui alimente votre four, votre train ou votre usine locale.
Un peu comme si vos économies, au lieu de dormir à 3 %, allaient investir dans la sécurité énergétique de vos enfants.
C’est peut-être le pari le plus rationnel de cette décennie pour la France !
Usages principaux du Fond d’Épargne Public
Usage principal | Part approximative des fonds | Objectif | Exemples concrets |
---|---|---|---|
Logement social et très social | ≈ 50 % | Financer des prêts de long terme aux bailleurs sociaux | Construction ou rénovation de logements HLM, résidences sociales, foyers jeunes travailleurs |
Rénovation énergétique et aménagement urbain | Part variable | Accompagner la transition énergétique du parc immobilier et les projets de territoire | Réhabilitation thermique, quartiers prioritaires, écoquartiers, mobilités douces |
Prêts aux collectivités locales | Part minoritaire | Soutenir des projets d’infrastructures publiques à faible rentabilité immédiate | Crèches, écoles, piscines, réseaux de chaleur, bibliothèques |
Investissements financiers diversifiés | ≈ 50 % | Assurer un rendement stable au Fonds d’épargne via des placements sécurisés | Obligations d’État, actions d’entreprises cotées, infrastructures stratégiques (énergie, transport, santé) |
Projets en instruction ou émergents | Part marginale | Explorer de nouveaux usages à forte utilité publique ou stratégique | Réacteurs nucléaires EPR2 (à venir), numérique souverain, infrastructures bas carbone |
Source : Caisse des Dépôts
Image : Groupe turbo-alternateur EPR de Flamanville (FLA3) en 2023 (Commons Wikimédia)