La Ville éternelle va bientôt reprendre une place centrale dans l’économie européenne avec une usine qui permettra de produire 100 satellites par an

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Bientôt toutes les routes européennes de l’espace mène à Rome.

Au cœur de Rome, à deux pas du centre historique, un bâtiment se prépare à faire beaucoup de bruit dans le monde spatial. Thales Alenia Space vient d’inaugurer sa nouvelle « Space Smart Factory ». Et le mot “smart” (intelligent en anglais) n’est pas une exagération marketing. Cette usine est capable de s’adapter à ce qu’elle produit, comme un cerveau qui reconfigurerait ses circuits selon les tâches.

Le site est modulaire, numérique, ultra automatisé, et conçu pour intégrer des satellites à la chaîne, comme une imprimerie imprime des livres. Plus de 100 satellites par an pourront y être construits, avec une cadence qui peut encore s’accélérer selon la demande. De quoi alimenter les futures constellations européennes, civiles ou militaires.

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Ce projet, estimé à plus de 100 millions d’euros, a été soutenu par l’Agence spatiale italienne via le Plan national de relance et de résilience (PNRR). Thales et Leonardo, les deux actionnaires de l’usine, ont aussi mis la main à la poche.

Ce n’est pas seulement une question de satellites. Il s’agit d’indépendance technologique. L’idée est simple : ne plus dépendre de chaînes de production dispersées entre continents, face à une demande spatiale qui explose. Galileo, Copernicus, Sicral 3, tous passeront bientôt par Rome !

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Du numérique dans les murs et des robots sur roues

Dans la Space Smart Factory, on n’improvise pas avec des tournevis. Tout est pensé en 3D, virtualisé, testé numériquement avant même que la première vis ne soit posée. Jumeaux numériques, réalité augmentée, simulateurs intégrés, robots et cobots : chaque satellite est assemblé dans un écosystème entièrement interconnecté.

Une salle blanche peut être transformée en 48 heures selon le type de satellite à produire. On y manipule aussi bien des engins de 50 kg que des plateformes de télécom de plusieurs centaines. Tout cela dans une ambiance feutrée de laboratoire de pointe.

Un hub pour les idées et les talents

La Space Smart Factory n’est pas un site fermé sur lui-même. Elle héberge un Space Joint Lab, un laboratoire collaboratif où les ingénieurs croisent des étudiants, des start-ups, des fournisseurs ou des chercheurs de centres comme La Sapienza ou Polytechnique Milan.

Objectif : raccourcir le temps entre une idée et un prototype. Le lieu sert aussi de centre de formation pour de futurs experts en assemblage spatial, notamment grâce à des fonds publics injectés via l’ASI. Une forme de ruche technologique à l’italienne, qui pourrait bien inspirer d’autres pays européens.

Des performances énergétiques au service du climat

Dans un secteur souvent critiqué pour son empreinte carbone, la Space Smart Factory mise également sur la sobriété énergétique. Elle est certifiée LEED, dispose de panneaux solaires couvrant 10 % de ses besoins, d’un système de récupération d’eau de pluie et d’une puissance installée de 4,5 MW, avec alimentation redondante pour fonctionner 24H/24.

Ce n’est pas encore un site à énergie positive, mais c’est un pas de géant dans un univers industriel rarement exemplaire en matière d’écologie.

Une chaîne d’assemblage pour les constellations du futur

La capacité annoncée de deux satellites par semaine n’est pas un gadget. Elle répond à un virage stratégique : celui des constellations de petits satellites, qu’il s’agisse d’observation, de navigation ou de télécommunications. Les satellites Galileo Seconde Génération, ROSE-L, CIMR ou encore le Sicral 3 seront les premiers à sortir des salles blanches.

L’usine est pensée comme le nœud d’un réseau d’infrastructures spatiales, en lien avec d’autres sites en Italie. Les modules y sont assemblés, intégrés, testés, et envoyés en orbite avec une traçabilité numérique complète. Une approche industrielle comparable à ce que l’automobile ou l’aéronautique ont connu au début des années 2000.

L’Europe spatiale bouillonne aussi hors d’Italie

La Space Smart Factory illustre un virage industriel de fond. Toutefois, Rome n’est pas seule à rêver de constellations. En France, l’écosystème du New Space a littéralement explosé ces cinq dernières années. Des entreprises comme Loft Orbital, Unseenlabs ou Exotrail développent des plateformes agiles pour l’observation, la propulsion ou la gestion de données. Dans les Landes, le Centre Spatial de Nouvelle-Aquitaine devient une rampe de lancement pour les microsatellites, tandis que le CNES accompagne activement les start-ups via son programme Connect by CNES.

En Allemagne, Rocket Factory Augsburg ou Isar Aerospace veulent concurrencer SpaceX sur les lanceurs légers. De leur côté, OHB et Airbus Defence and Space continuent de dominer le segment institutionnel et commercial, notamment avec des contrats majeurs pour la défense et la météo.

Dans ce bouillonnement européen, la Space Smart Factory s’inscrit comme un maillon stratégique d’un maillage industriel de plus en plus dense. Elle s’interface avec ces nouveaux acteurs via le Space Joint Lab, en misant sur l’hybridation entre industrie lourde et agilité start-up. C’est peut-être là que se joue la souveraineté orbitale du continent.

Cette ville du Nord de la France va devenir l’une des plus stratégiques de tout l’Hexagone grâce à cette nouvelle usine dédiée à la propulsion nucléaire militaire

Les autres grandes initiatives industrielles spatiales en Europe

Pays Acteur principal Spécialité Capacité/Projet phare Segment
Italie Thales Alenia Space Production de satellites modulaires Space Smart Factory (Rome) – 100 satellites/an Constellations
France Unseenlabs, Exotrail, Loft Orbital Microsatellites, propulsion, data BreizhSat, LISA, moteurs électriques New Space
France CNES / ArianeGroup Lancement spatial, appui aux start-ups Ariane 6, programme Connect by CNES Lancement / appui
Allemagne Rocket Factory Augsburg, Isar Micro-lanceurs réutilisables RFA One, Spectrum New Space / Launcher
Allemagne OHB, Airbus Defence & Space Satellites institutionnels Galileo, MTG, Copernicus Observ. / Défense
Luxembourg SES Télécoms par satellite O3b mPOWER Télécommunications
Espagne PLD Space Lancements low-cost Miura 5 New Space / Launcher

Source : Communiqué de presse de Thales Alenia Space

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Guillaume AIGRON
Guillaume AIGRON
Très curieux et tourné vers l'économie, la science et les nouvelles technologies, (particulièrement ce qui touche à l'énergie et les entreprises françaises) je vous propose de de découvrir les dernières actualités autour de cette passion

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