La France présente sa vision du futur de la navigation maritime avec ce navire exceptionnel qui n’a pas que ces voiles high-tech à faire valoir

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Trois entreprises, un navire, zéro émission ?

Il y a des projets qui cochent toutes les cases du futur. Celui de GTT, Bloom Energy et Ponant Explorations Group en fait partie. Ensemble, ces trois acteurs veulent équiper un navire de croisière avec un système énergétique marin totalement intégré, combinant piles à combustible à oxyde solide, captage de carbone et stockage cryogénique.

Le bateau s’appelle Swap2Zero. Son objectif est clair : naviguer avec zéro émission nette, tout en offrant confort et autonomie.

Le lancement est prévu d’ici 2030 et le navire ne sera pas une énième démonstration d’un concept creux puisqu’il transportera de “vrais” passagers, pour de “vraies” expéditions marines.

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Le Swap2Zero est un navire complet, transocéanique, pensé dès la conception pour tendre vers le zéro émission nette, aussi bien en navigation qu’au port ou au mouillage. Long de 181 mètres, il embarquera une centaine de cabines, un espace scientifique dédié et une architecture tournée vers l’efficacité environnementale.

Sa propulsion principale reposera sur la force du vent, grâce à une voilure innovante et une carène profilée. Cette énergie vélique couvrira environ 50 % des besoins de propulsion à 10 nœuds, complétée par des piles à hydrogène liquide pour la marche avant et des piles haute température au GNL pour les services de bord. À cela s’ajoutent plus de 1000 m² de panneaux photovoltaïques, un système de captage de CO₂, une gestion énergétique pilotée par algorithmes et l’absence totale de groupe électrogène en fonctionnement standard.

Avec une autonomie d’un mois, ce navire vise une performance rare : réduire de plus de 80 % les émissions de gaz à effet de serre sur l’ensemble de son cycle de vie, jusqu’à la fin de carrière des matériaux.

Le Swap2Zero accueillera aussi des chercheurs à bord, dans le cadre du programme Ponant Science, afin de tester des innovations sur le terrain, en mer, au cœur des opérations. Il s’impose déjà comme une vitrine européenne de la transition maritime, cofinancée par l’Union européenne, France 2030, et accompagnée par le Bureau Veritas et plusieurs partenaires industriels spécialisés.

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Des piles à combustible qui aiment la chaleur

Au cœur du système, on trouve une technologie qui monte doucement à bord des navires : les SOFC (Solid Oxide Fuel Cells).

Ces piles fonctionnent à haute température, entre 700 et 900 °C, et transforment un combustible, ici du GNL, gaz naturel liquéfié, en électricité par réaction électrochimique. Il n’y a pas de combustion, donc pas de flammes, peu de bruit, très peu de NOx, et une efficacité énergétique très correcte.

Mieux encore : la chaleur produite est récupérable. Elle peut servir à chauffer l’eau, alimenter des systèmes de climatisation ou améliorer le rendement d’autres modules thermiques à bord.

Le fournisseur, Bloom Energy, a déjà déployé plus de 1,5 GW de cette technologie sur terre, dans des centres de données ou des sites industriels. Leur version marine s’adapte désormais aux contraintes du roulis, du tangage et de l’humidité salée.

Le CO₂ ne s’échappera plus si facilement

L’électricité propre, c’est bien. L’empêcher de polluer, c’est encore mieux. GTT s’attaque donc à la partie la plus ambitieuse du projet : le captage de carbone embarqué.

Contrairement aux centrales terrestres, un navire n’a ni place ni temps pour traiter des milliers de mètres cubes de gaz. Il faut une technologie compacte, fiable, capable de capturer le dioxyde de carbone directement à la sortie des piles à combustible.

Ce CO₂ devra ensuite être stocké dans des réservoirs cryogéniques, à bord, dans l’attente d’un traitement à terre ou d’une réutilisation.

GTT, spécialiste des confinements cryogéniques pour méthaniers, a une carte à jouer. Son savoir-faire dans les membranes liquéfiées sous pression s’applique ici avec une précision chirurgicale.

L’intelligence thermique du navire

Le navire Swap2Zero intégrera en outre une gestion thermique optimisée, en réutilisant l’énergie à basse température dégagée par les systèmes cryogéniques (utilisés pour le GNL).

Cette chaleur dite “perdue” est en réalité une ressource. On peut, par exemple, l’utiliser pour préchauffer l’air d’admission des piles, ou encore pour améliorer les performances du captage de CO₂.

Résultat : un système plus efficient, plus compact, et une boucle énergétique fermée, presque circulaire.

Une ambition industrielle autant que climatique

Derrière ce projet, il y a une volonté industrielle claire. GTT (cotée à Paris, membre du SBF 120), Bloom Energy (basée dans la Silicon Valley) et Ponant Explorations Group (filiale du groupe Artémis de la famille Pinault) veulent créer un modèle reproductible, exportable à d’autres navires.

Ponant entend renforcer son image de pionnier dans le tourisme maritime responsable. Déjà engagée depuis 35 ans, l’entreprise passe ici à la vitesse supérieure.

Défis techniques encore à surmonter

Plusieurs obstacles restent à surmonter :

  • Miniaturiser le système de captage, tout en garantissant son efficacité dans des volumes réduits.
  • Résister aux contraintes marines : salinité, vibration, mouvements constants.
  • Gérer le stockage du CO₂ capté sur des longues distances sans surpoids.
  • Coordonner les flux thermiques pour ne rien gaspiller tout en maintenant les piles à la bonne température.
  • Et enfin : rendre le tout économiquement viable.

Chaque module devra communiquer avec les autres. Ce sera un vrai système nerveux énergétique embarqué, piloté avec finesse.

Ce que cela pourrait changer pour le maritime

Aujourd’hui, la plupart des navires utilisent des générateurs diesel auxiliaires pour couvrir leurs besoins à bord. Ces générateurs sont bruyants, polluants, et consomment du carburant en continu.

Ce projet propose autre chose : un système intégré, silencieux, hybride, capable de produire de l’énergie tout en captant ses propres émissions. Un genre de cœur artificiel pour bateau.

Si le concept fonctionne, il pourrait inspirer d’autres armateurs, dans la croisière, le transport, voire la marine scientifique.

La logique est simple : plus on intègre, plus on contrôle. Et plus on contrôle, moins on émet.

Caractéristiques principales du navire Swap2Zero :

Élément Détail
Longueur 181 mètres
Cabines Environ 100
Propulsion principale Voilure innovante (50 % énergie à 10 nœuds)
Énergie auxiliaire Piles à hydrogène liquide (basse température) + SOFC (GNL, haute température)
Production solaire Plus de 1000 m² de panneaux photovoltaïques
Captage de carbone Système embarqué, couplé aux piles haute température
Autonomie 30 jours en mer
Objectif CO₂ équivalent 0 émission nette en phase d’exploitation
Systèmes électriques Aucun groupe électrogène en fonctionnement standard
Partenaires techniques GTT, Bloom Energy, Stirling Design, LMG Marin, Actemium, D-ICE
Certification Pavillon français, Bureau Veritas
Financement Union européenne (fonds innovation), France 2030
Accueil scientifique à bord Programme Ponant Science, chercheurs embarqués

 

Source : Communiqué de presse de GTT

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Guillaume AIGRON
Guillaume AIGRON
Très curieux et tourné vers l'économie, la science et les nouvelles technologies, (particulièrement ce qui touche à l'énergie et les entreprises françaises) je vous propose de de découvrir les dernières actualités autour de cette passion

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