Mesurer et surveiller la biodiversité terrestre et aquatique depuis l’espace est désormais une réalité. Un projet de recherche d’envergure, financé par la NASA et codirigé par Erin Hestir, professeure en génie civil et environnemental à l’UC Merced, a prouvé la faisabilité d’une telle entreprise.
Baptisé BioSCape, ce programme a rassemblé plus de 160 scientifiques issus de plusieurs continents. Leur mission : collecter des données sur la biodiversité du Greater Cape Floristic Region, en Afrique du Sud, l’un des foyers biologiques les plus riches de la planète.
Une collecte de données aérienne pour valider les observations spatiales
Trois avions, dont deux de la NASA et un sud-africain, ont survolé cette région pendant six semaines en 2024. Leur objectif était de capturer des images dans plusieurs longueurs d’onde, de l’ultraviolet au thermique, afin d’étudier la composition et la dynamique des écosystèmes.
Ces observations ont été croisées avec des relevés effectués sur le terrain par les scientifiques. Cette double approche a permis d’établir des corrélations précises entre les données aériennes et la réalité biologique du sol et des eaux.
Ce fut la première mission de la NASA exclusivement consacrée à la biodiversité. Les informations récoltées ouvrent la voie à des techniques innovantes de suivi écologique à l’échelle mondiale.
Une méthodologie à la pointe de la recherche
Les données aériennes sont un préalable indispensable avant toute observation spatiale. Le co-directeur du projet, Jasper Slingsby, de l’Université du Cap, souligne l’enjeu financier : le lancement d’un satellite représente un investissement considérable et ne peut être envisagé sans validation préalable.
Les instruments embarqués à bord des avions ont permis de tester diverses combinaisons de capteurs. Ce travail démontre que certaines méthodes peuvent être transposées à des satellites, facilitant ainsi l’expansion de la surveillance de la biodiversité à un niveau planétaire.
Une région choisie pour son exceptionnelle biodiversité
L’Afrique du Sud, et plus particulièrement le Greater Cape Floristic Region, a été retenue pour son extrême richesse biologique et les défis de conservation qu’elle pose. Cet environnement constitue un laboratoire naturel pour tester de nouvelles technologies et mieux comprendre les dynamiques écologiques.
L’équipe de chercheurs a utilisé les données pour analyser plusieurs phénomènes, notamment l’évolution des communautés biologiques, la résilience des écosystèmes face aux perturbations et la contribution de la nature aux activités humaines.
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Des résultats disponibles pour la communauté scientifique
Les conclusions de BioSCape sont déjà accessibles. Les chercheurs ont publié deux articles, l’un dans Nature Reviews Biodiversity, l’autre dans npj Biodiversity, présentant les avancées scientifiques obtenues.
L’ensemble des données collectées a été mis à disposition des scientifiques du monde entier. L’objectif est d’accélérer le développement de nouvelles technologies d’observation et d’élargir le champ des applications pour la conservation des écosystèmes terrestres et marins.
Un tournant pour la surveillance de la biodiversité
Le succès de BioSCape marque une avancée déterminante dans la capacité des chercheurs à suivre l’état des écosystèmes à grande échelle. Les méthodes développées pourraient influencer les futures missions satellitaires et améliorer la précision des observations à distance.
L’équipe espère que ces avancées permettront aux scientifiques et aux décideurs d’optimiser les stratégies de conservation.
Dans l’année à venir, les chercheurs poursuivront l’analyse des données et affineront les techniques d’observation pour rendre la surveillance de la biodiversité toujours plus précise et efficace.
Source de l’article : http://dx.doi.org/10.1038/s44185-024-00071-5